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18 oct. 2017

Ma vie de Bacha Posh.


Titre : Ma vie de Bacha Posh.
Auteur : Nadia Hashimi.
Genre : Jeunesse.
Edition : Castelmore.
Nombre de pages : 308 pages.
Prix : 10.90€.


Résumé :

Ma voix n'est pas celle d'une fille déguisée en garçon. C'est un son plus puissant. Invincible !

 La famille d'Obayda aurait bien besoin d'un peu de chance : depuis l'accident de leur père, la vie dans la campagne afghane n'est pas facile pour la fillette de dix ans et ses soeurs.

La tante d'Obayda a une idée pour leur porter bonheur : transformer la fillette en bacha posh, c'est-à-dire la faire passer pour un garçon.

D'abord désemparée, Obayda - désormais appelée Obayd - devient amie avec Rahim, une autre bacha posh. En sa compagnie, elle va découvrir la liberté...


Extrait :

 - Où vous alliez, encore ?
- Une fois, on est allés au lac. Mais ce qu'on a trouvé de plus beau, c'est une cascade.
J'entends les rires de mes soeurs dans la cuisine.
- C'était où ? Je n'ai jamais vu de cascade.
- On est tombés dessus par hasard. C'est ce qui arrive quand on n'a rien à faire de ses journées et qu'on a des grands frères pour ouvrir la voie. On a marché, grimpé, rampé même. On a trouvé un chemin à la frontière du village, là où se dressent les montagnes. On était des gamins, alors on bravait l'interdit. Je me souviens du bruit, une sorte de rugissement aquatique, qui résonnait de plus en plus fort à mesure qu'on approchait. On ne savait pas ce que c'était, mais il fallait absolument qu'on le découvre.
- C'était si fort que ça ? C'était la cascade qui faisait ce bruit ?
- Absolument. Si on avait pu, on aurait grimpé au sommet de la montagne pour voir d'où coulait l'eau, mais c'était trop rocailleux, même pour une bande de têtes brûlées comme nous.
Le regard de mon père se perd dans le vide, comme s'il revoyait la scène dans son esprit.
- Je n'oublierai jamais cet endroit. On est restés au bord et on a levé les yeux. L'eau tombait avec une telle force. La brume, les arcs-en-ciel, l'air...
Après ça, je n'écoute plus un mot.
Les arcs-en-ciel.


Avis :

 Merci aux éditions Castelmore et à Livraddict pour ce partenariat, déjà en recevant ce roman « jeunesse », la plume de l’auteur ne m’était pas inconnu, l’ayant découverte avec « La perle et la Coquille » et par la suite dans « Si la lune éclaire nos pas ». Je suis touchée par la réception de ce livre, un colis contenant un petit mot venant de la chargée de communication, tout simple ; mais ça fait toujours plaisir. « Ma vie de Bacha Posh » est une œuvre pour tout les âges, personnellement le style de Nadia Hashimi reste tel qu’il est, juste un peu moins cruel et dur. Pourtant ça demeure des histoires sur des faits divers et réels, je trouve que ce petit roman est exceptionnel pour que les jeunes adolescents s’informent sur la vie en Afghanistan.

Obayda est une petite fille de dix-ans, mais je n’en ai clairement pas eu l’impression. Elle semble bien trop mature, même si elle s’amuse comme une enfant et ose contredire les parents. Au fond je pense avoir apprécié ses bêtises, sur ce point-là elle nous rappelle qu’elle est encore jeune et inconsciente. Mais sa personnalité pleine de force, de courage et de révolte m’interloque énormément ; du coup on essaye de se faire une idée sur cette héroïne, sans vraiment s’imaginer son âge. Elle est touchante, sensible ; mais peut-être pas assez innocente, malgré ses petites illusions comme quoi la magie existe et que les arcs-en-ciel peuvent tout changer.

Rahim, je ne considère pas vraiment ce personnage ; certes il est essentiel dans l’évolution d’Obayda mais il n’est pas forcément développé. Parfois je n’ai pas aimé son caractère, souvent dans la moquerie et prenant rarement les choses aux sérieux. Difficile de s’attacher quand on a des difficultés à cerner, bien que ses envies soient bouleversantes et irréalisables. 

On découvre un peu Obayda au début, sans pour autant apprendre à connaître sa vie de fille. Elle a trois sœurs, toutes plus âgées qu’elle ; du coup elle est la préférée de la famille. Sauf qu’un tragique évènement bouscule leur vie à tous, le père est dans un mauvais état ; il est en dépression après l’accident et ne sort plus, ne travaille plus. Ils déménagent en campagne et Obayda devient une Bacha Posh, c'est-à-dire la faire passer pour un garçon. La liberté pour les filles dans ce pays est presque inexistante, en effet elles doivent s’habiller en robe et baisser toujours la tête, ne jamais rester dehors après l’école et jouer calmement. Tandis que les garçons peuvent courir, être en pantalon, avoir ce qu’ils veulent, monter aux arbres et parler sans retenu. On découvre dans cette œuvre une amitié et une famille, j’ai eu mal au cœur en les quittant ; ils vont d’une certaine manière me manquer. C’est court et simple à lire, je n’ai pas trouvé d’originalité puisque ce livre est comme un remix de « La perle et la Coquille » en moins élaboré. Les sentiments n’ont rien de fort en comparaison de ses autres récits, de la poussière à côté ; toutefois j’ai ressenti une note d’émotion par-ci et par-là, particulièrement dans les moments avec le père de famille.

Une écriture comme prévue, je ne suis pas vraiment surprise ! J’ai adoré, la plume de Nadia Hashimi se lit facilement surtout dans ce livre, en tout cas le fait qu’il n’y est pas beaucoup de page ne change pas le style de l’auteur et encore moins les détails qu’elle souhaite donner. Elle dose tranquillement, les lieux, les personnages, les rêves et pensées ; tout est dit avec simplicité et grandeur. Les valeurs, l’esprit, le fond et l’envie de transmettre son savoir ; j’admire de plus en plus cette écrivain et principalement avec cet One-shot où la jeunesse est mise à l’honneur.

Au final j’adopte complètement Nadia Hashimi et ses histoires, ce livre confirme son talent de nous faire voyager dans des pays incertains. Cette synopsis est toute en finesse, gardant tout de même sa part de réalité avec ses épreuves et la peine des enfants. Une belle sensibilité, douce comme une plume. Obayda est une petite fille que j’ai bien aimé, je vais me souvenir de cette héroïne jeune mais déjà accompli, étant intelligente ; toutefois elle possède une certaine naïveté et c’est très important dans un roman jeunesse. L’écriture est magnifique et précise, que demander de mieux ? Le seul point négatif de « Ma vie de Bacha Posh » est le personnage de Rahim qu’on introduit sans le mettre en valeur convenablement. J’incite aux parents à faire découvrir ce livre à leur adolescent d’une douzaine d’années, instructif et agréable à la lecture.


Note :
9/10.

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