Titre : Là où tu iras j'irai.
Auteur : Marie Vareille.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 348 pages.
Prix : 7.70€.
Résumé :
Isabelle a 32 ans, un chihuahua nain prénommé Woody-Allen et une carrière d'actrice comparable à celle du Titanic : catastrophique. Le jour où elle refuse d'épouser l'homme qu'elle aime, sous prétexte qu'elle ne veut pas d'enfant, elle se retrouve à la rue. Elle accepte alors le seul rôle qu'on lui propose : se faire passer pour l'irréprochable nanny du petit Nicolas, qui n'a pas prononcé un mot depuis la mort de sa mère, afin d'infiltrer sa famille et d'y exécuter une étrange mission. Elle part donc pour l'Italie, dans la maison de vacances familiale, loin d'imaginer à quel point la rencontre avec ce petit garçon blessé par la vie va bouleverser sa vision du monde.
Extrait :
Pourquoi faire des choix quand on peut tout se payer ? Elle leva un bras enthousiaste à l'intention du serveur.
- Una pina colada e un bellini, per favore.
Le jeune homme nota sa commande et s'éloigna : Isabelle eut un soupir d'aise. C'était donc ça, être riche. Quelques minutes plus tard, ses deux cocktails étaient arrivés sur la table.
Isabelle aspira une longue gorgée de chaque verre avec un sourire réjoui et entreprit de regarder avec nostalgie les photos de Woody-Allen qu'Amina lui envoyait quotidiennement.
- Vous prenez toujours les cocktails par deux ?
Elle leva un visage étonné vers l'homme qui venait de parler. Jan Kozlowski se tenait devant elle, les mains dans les poches d'un smoking noir impeccable. Rasé de près dans sa tenue de gala, il avait abandonné son air de pirate.
- Je peux ? demanda-t-il en indiquant la chaise en face de celle d'Isabelle.
Sans attendre sa réponse, il s'y assit. Isabelle afficha un sourire crispé.
- Excusez-moi, je ne pensais pas vous croiser ici.
- Moi non plus, répondit Jan, une lueur ironique dans ses yeux bleus.
- Nicolas est couché, j'avais juste besoin de prendre l'air...
- Ne soyez pas mal à l'aise, vous êtes libre de vos soirées.
Elle hocha la tête vigoureusement pour confirmer. Nanou avait bien spécifié que son seul soir libre serait le samedi soir, mais, si Jan n'était pas au courant, ce n'est certainement pas elle qui allait le lui rappeler.
- La même chose, dit-il au serveur qui venait prendre sa commande, apportez-moi un cendrier et ouvrez cette porte-fenêtre s'il vous plaît, je voudrais entendre le piano.
- Si, Signor Kozlowski.
- Le pianiste a peut-être froid, fit remarquer Isabelle un peu choquée par cette démonstration d'autorité.
Il prit le temps d'allumer une cigarette avant de répondre, amusé :
- Il fait vingt-cinq degrés.
Isabelle entreprit de mordiller sa paille avec une nervosité grandissante tout en cherchant un sujet de conversation.
- On ne vous voit plus du tout à la villa. Je me demandais même si vous étiez rentré en France.
- Je dors à l'hôtel, les enfants m'empêchent de me concentrer.
Un enfant muet et deux adolescentes qui passent la journée scotchées à leur téléphone, je comprends que le bruit soit insoutenable...
- Vous sortez toujours en smoking ? demanda-t-elle avec curiosité.
- J'étais à une soirée de remise de prix pour un festival de courts-métrages. À crever d'ennui. Colombe est restée : contrairement à moi, elle se sent très à l'aise à ce genre d'événements.
Un silence s'installa et Isabelle avala nerveusement deux longues gorgées de cocktail pour se donner une contenance. Jan fumait, les yeux perdus de l'autre côté du lac, l'air absent.
- C'est vraiment joli ici, dit-elle.
Il sembla ne pas l'entendre.
- Vous n'êtes pas très bavard, poursuivit Isabelle avec un petit rire qui sonnait faux.
Il tourna la tête vers elle et l'intensité de son regard d'acier fit baisser les yeux à la jeune femme.
- Et vous, vous avez peur du silence.
- Pas du tout. Pourquoi dites-vous ça ?
- Cela m'a frappé déjà la première fois que je vous ai vue : vous parlez dès qu'il y a un blanc.
- Vous m'êtes tombé dessus en plein milieu de la nuit ! se défendit Isabelle.
Sa façon de l'examiner sous toutes les coutures comme s'il lisait en elle la rendait nerveuse. Il pencha la tête sur le côté.
- Je ne parlais pas de cette fois-là, je parlais de la première fois : votre essai pour Au petit bonheur la chance.