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8 août 2022

Les amours de Lara Jean, Tome 3 : Pour toujours et à jamais.


Titre : Les amours de Lara Jean, Tome 3 : Pour toujours et à jamais.
Auteur : Jenny Han.
Genre : Jeunesse.
Edition : Panini Books.
Nombre de page : 352 pages.
Prix : 8.90€.


Résumé :

 "Il m'a promis d'appeler dès son retour de la salle de gym, et je garde mon téléphone près de moi la sonnerie réglée au maximum. Il a appelé ce matin pendant que je me douchais et, le temps que je m'en aperçoive, il avait déjà raccroché. Est-ce le futur que nous attend ? Ce sera différent quand j'aurai des cours, avec un planning précis, bien à moi. Pour le moment, j'ai l'impression d'être en haut d'un phare, à guetter le retour du navire de mon amoureux. Pour quelqu'un de romantique, ce n'est pas un sentiment complètement désagréable, pas pour le moment, du moins. Ce sera différent quand ce ne sera plus aussi nouveau, quand ne plus le voir chaque jour sera devenu la norme. Pour l'instant, je trouve un plaisir pervers dans le manque qu'il m'inspire."


Extrait :

 Après les cours, Peter m'emmène chez lui, parce que la maison est un bazar innommable à cause des affaires du mariage. La mère de Peter a son club de lecture après le travail et Owen va au foot, la maison sera donc toute à nous. Il me semble que nous ne sommes seuls que dans sa voiture, c'est donc un moment rare. Je rentre du lycée pour la dernière fois, et c'est Peter K. qui me raccompagne. Finir cette année comme elle a passé, assise sur le siège passager de Peter, c'est juste parfait.
Nous montons dans sa chambre et je m'assieds sur le lit, soigneusement fait, couverture bien tirée et oreillers tout gonflés. C'est une nouvelle couverture, sans doute achetée en prévision de l'université, un tartan cerise, crème et bleu marine probablement choisi par sa mère.
- C'est ta mère qui fait ton lit, non ? dis-je en m'allongeant.
- Oui, répond-il sans aucune honte.
Il s'affale sur le lit, m'obligeant à me pousser.
La lumière de cette fin d'après-midi filtre à travers les rideaux pâles et diffuse une lueur orangée dans la pièce. Si je devais donner un nom à ce filtre, je l'appellerais l' « été en banlieue ». Peter est magnifique, sous cet éclairage. Il est toujours beau, mais plus particulièrement maintenant. Je prends une photo mentale. J'oublie complètement que je lui en veux d'avoir oublié mon album de promo quand il se blottit contre moi et pose la tête sur ma poitrine avant de murmurer :
- Je sens battre ton coeur.
Je me mets à jouer avec ses cheveux. Je sais qu'il adore ça. Ils sont si doux, pour un garçon. J'aime le parfum de sa lessive, de son savon, de tout.
Il lève les yeux vers moi et passe le doigt le long de l'arc de mes lèvres.
- C'est ce que j'aime le plus chez toi.
Il se redresse pour effleurer ma bouche de la sienne, pour me provoquer. Il me mordille la lèvre inférieure, taquin. J'aime ses différents baisers, mais sans doute ceux-là sont-ils les meilleurs. Puis il m'embrasse avec flamme, les mains dans mes cheveux. Je reviens sur mon choix, ce sont ces baisers-là que je préfère.
Entre deux baisers, il me demande :
- Pourquoi on ne se bécote jamais ailleurs que chez moi ?
- Je... Je ne sais pas. Je n'y avais jamais réfléchi.
C'est vrai qu'on ne s'embrasse que chez lui. Je trouverais dérangeant de le faire dans le lit que j'occupe depuis toute petite. Mais quand je suis sur le lit de Peter ou dans sa voiture, j'oublie tout et je me laisse prendre par l'instant.
Nous nous embrassons encore. Peter a retiré son tee-shirt, mais pas moi, quand le téléphone sonne en bas. Peter déclare que c'est sans doute le réparateur qui annonce quand il viendra pour les tuyaux. Il remet son haut et descend répondre. En l'attendant, je fais le tour de sa chambre du regard et j'aperçois mon album de promo sur son bureau.
Je me précipite pour regarder la quatrième de couverture. Il n'y a toujours rien d'écrit. Quand Peter revient, je suis de nouveau sur le lit. Je ne parle pas de l'album. Je ne demande pas pourquoi il n'a toujours rien noté. Je ne sais pas trop pourquoi... Je lui annonce que je vais rentrer car Margot doit revenir d'Écosse ce soir et je veux remplir le frigo de ses plats préférés.
Peter se rembrunit.
- Tu ne veux pas rester un peu plus longtemps ? Je pourrais t'emmener faire des courses.
- Je dois aussi nettoyer l'étage, dis-je en me levant.
Il me tire par la chemise et tente de m'attirer de nouveau sur le lit.
- Allez, juste cinq minutes.
Je me rallonge et il se blottit contre moi, mais je pense toujours à mon album de promotion. Je travaille sur son scrapbook depuis des mois, il pourrait au moins trouver quelque chose de gentil à écrire sur mon album souvenir.
- C'est un bon entraînement pour la fac, murmure-t-il en m'enveloppant étroitement de ses bras. Les lits sont petits à l'UVA. Ils sont comment, à l'UNC ?
Dos à lui, je réponds :
- Je ne sais pas. Je n'ai pas visité les dortoirs.
Il pose la tête entre mon cou et mon épaule.
- C'était une question piège, avoue-t-il en souriant. Pour vérifier que tu n'étais pas allée dans la chambre de je ne sais quel type de l'UNC avec Chris. Bravo, tu as passé le test.
Je ne peux m'empêcher de rire, puis je m'assombris. C'est à mon tour de tendre un piège.
- Oh, rappelle-moi bien de prendre mon album de promo quand nous partirons.
Il se raidit une seconde, puis reprend d'un ton léger :
- Il va falloir que je le cherche. Il est par là, mais je ne sais pas trop où. Si je ne le trouve pas, je te l'apporterai plus tard.
Je me dégage et m'assieds. Il me regarde, perplexe.
- Peter, je l'ai vu sur ton bureau. Je sais que tu n'as encore rien écrit.
Il s'assied à son tour, soupire et passe la main dans ses cheveux d'un geste raide. Il me jette un regard, puis baisse les yeux.
- Je ne sais pas quoi écrire. Je sais que tu as envie d'un truc spécial, romantique, mais je ne sais pas quoi dire. J'ai essayé plein de fois, mais mon esprit est comme figé. Tu sais, je ne suis pas doué pour ce genre de trucs.
- Je me moque de ce que tu dis, du moment que cela vient du coeur, dis-je avec sincérité. Sois mignon. Sois toi-même.
Je me rapproche et passe les bras à son cou.
- D'accord ?Il acquiesce et je lui donne un petit baiser. Il se redresse pour m'embrasser plus fort, et j'oublie une fois encore ce stupide album de promo. Je suis consciente de chaque souffle, de chaque instant. Je mémorise tout, je stocke ces secondes dans mon coeur.
Quand il s'écarte, il me contemple avant de reprendre :
- Je suis allé chez mon père, hier.
J'écarquille les yeux.
- C'est vrai ?
- Ouais. Il m'avait invité à dîner avec Owen. Je n'avais pas envie d'y aller, mais quand Owen m'a demandé de l'accompagner, je n'ai pas pu dire non.
Je m'allonge et pose la tête contre sa poitrine.
- Comment était-ce ?
- Bien, je pense. Il a une jolie maison.
Je ne dis rien, j'attends qu'il continue. Il lui faut longtemps avant de poursuivre.
- Tu te rappelles ce vieux film que tu m'as montré, avec le gamin pauvre, dehors, qui presse le nez contre une vitre ? Je me suis senti comme ça.
Le « vieux film » dont il parle est Charlie et la chocolaterie, quand Charlie regarde les enfants se ruer sur les douceurs de Willy Wonka alors que lui ne peut pas entrer dans la boutique parce qu'il n'a pas d'argent. L'idée que Peter, le beau Peter, confiant et sociable, se sente comme lui, me donne envie de pleurer. Je n'aurais peut-être pas dû insister autant pour qu'il renoue avec son père.
- Il a posé un panier de basket pour les gamins. Je lui en avais réclamé un des tas de fois, mais il n'avait jamais accepté. Ses gamins ne sont même pas sportifs. Je suis sûr qu'Everett n'a jamais tenu un ballon de basket de toute sa vie.
- Owen a passé un bon moment ?
Il le concède de mauvaise grâce.
- Ouais, il a joué à des jeux vidéo avec Clayton et Everett. Mon père a fait griller des steaks pour faire des hamburgers. Il portait même un foutu tablier. Je crois qu'il n'a jamais aidé ma mère en cuisine pendant toute la durée de leur mariage. (Il s'interrompt.) Il n'a pas fait la vaisselle, en revanche, alors il n'a pas complètement changé. Je voyais bien que Gayle et lui faisaient de leur mieux. Elle avait préparé un gâteau. Pas aussi bon que les tiens, quand même.
- Quel genre de gâteau ?
- Un gâteau du diable, tout choco, mais trop sec. (Il hésite.) Je l'ai invité à la remise des diplômes.
- Vraiment ?
Mon coeur gonfle dans ma poitrine.
- Il n'arrêtait pas de m'interroger sur l'école... Je ne sais pas. J'ai repensé à ce que tu avais dit et c'est sorti tout seul.
Il hausse les épaules, comme s'il se moquait qu'il vienne ou non. C'est du cinéma. C'est important pour lui, bien sûr.
- Tu le rencontreras là-bas.
Je le serre contre moi.
- Je suis fière de toi, Peter.
Il émet un petit rire.
- Pourquoi ?
- Pour avoir accordé une seconde chance à ton père même s'il ne la méritait pas. Tu es un gentil garçon, Peter K.
Le sourire qu'il affiche me rend encore plus amoureuse.


Avis :

 J’ai commencé cette trilogie après avoir visionné le premier film. Je retiens un premier volume décevant, un second légèrement meilleur et ce dernier livre est tout simplement le plus mature et bouleversant. Alors oui, je n’ai pas tout apprécié dans ma lecture, comme Margot et ses jugements, Kitty et ses caprices, son manque de sensibilité, ainsi que Peter et ses reproches silencieux, son incompréhension. Pourtant, la narration de Lara Jean, ses déceptions, ses doutes, la révélation de ses choix et rêves m’ont profondément marqué. L’intrigue de ce troisième tome semble plus importante, beaucoup moins jeunesse ; l’entrée à l’Université, les décisions de chacun, les non-dits, les incertitudes, les adieux et enfin l’avenir des relations. Les thèmes peuvent faire écho à tout un chacun, c’est une porte-vers l’après « lycée », « jeunesse » et peut-être « innocence ». Sur la fin de ce roman, j’ai versé quelques larmes, ni de tristesse ni de joie ; juste de mélancolie et nostalgie sur l’évolution de nos héros. Elle est d’une certaine manière lente, vive et espérée, et clairement au-delà de mes attentes. « Pour toujours et à jamais » est une histoire surprenante, malgré les défauts des ouvrages précédents, celle-ci compense le tout et le surélève ; sur une conclusion authentique. Un ultime écrit sonnant de vérité et d’amour, de fraîcheur et d’apprentissage, exprimant avec force la conclusion des années lycéennes et les questionnements d’un couple dans la fleur de l’âge.

Notre héroïne, Lara Jean, est toujours cette même jeune fille respectant les règles et prenant en compte l’opinion de sa famille. Elle me fait beaucoup penser à moi-même, sur quelques aspects. Son besoin d’être rassurée, de contrôler, de réaliser ses envies et pas celles des autres ; pour dix-sept ans, elle paraît très mature et sage. Je l’ai vraiment apprécié dans cette suite, enfin, elle suit sa volonté et je comprends sa peur de décevoir son entourage. Sincèrement, elle est beaucoup plus confiante, envers elle et son avenir, sur son histoire d’amour et ses propres désirs. Je me suis autant attachée à elle que je l’ai admirée, Lara Jean me donne la sensation d’être moins seule, moins différente. Je lui ressemble, néanmoins, c’est une protagoniste courageuse et prête à voler de ses propres ailes. Sa personnalité est réellement unique, son style aussi ; une fille intéressante et pleine de surprises, sa passion pour la cuisine et la création, son imagination débordante ; elle est drôle et attendrissante, avec un cœur riche en sentiment. Après ce volume, je suis sûre de garder un souvenir merveilleux de cette héroïne tellement elle-même et sans hypocrisie, de plus, son évolution respecte le sens du récit.

Au contraire, Peter est moins plaisant sur cette œuvre, il ne communique pas et se laisse envahir par des sentiments néfastes. Je n’ai pas vraiment su où me situer avec lui, une fois il est adorable et sur un autre instant, distant et égoïste. Pourtant, c’est justement un personnage intéressant, par sa façon de penser et de réagir, en prenant du recul ; je pense certainement avoir des points communs avec lui. Charmant et sociable, il est lui-même et se montre serviable, néanmoins, Peter n’est pas toujours compréhensif et c’est ce qui m’a le plus dérangé venant de ce héros. D’une part, il paraît plus sincère et moins parfait et, d’une autre, son caractère peut être désagréable. Sur cette suite, ce protagoniste est déstabilisant, il nous pousse vers des retranchements et une réflexion profonde. En réalité, sa perception dans le récit manque et forme parfois une mauvaise image de lui, son comportement est plutôt immature en comparaison des tomes précédents. Je suis donc encore une fois mitigée envers Peter, transmettant des émotions contradictoires.

Une très belle surprise ce troisième et dernier roman de la saga « Les amours de Lara Jean », le suspense est entier et les rebondissements sont suffisamment importants pour être captivants. Les révélations ou changements des héros sont tout à fait rationnels, surtout après ce qu’ils ont expérimenté et ils affrontent les options qui se présentent pour chacun d’entre eux. La relation entre Lara Jean et Peter est particulièrement conflictuelle dans ce livre, cela montre une nouvelle fois que rien n’est acquis en amour ; même en étant jeune et innocent. Ils avancent main dans la main, toutefois, dans « Pour toujours et à jamais », leur ambition et avenir s’introduisent et risque fortement de laisser les étincelles retombées. C’est un couple charmant, cependant, je n’ai pas eu de coup de cœur pour leur lien ; pour des raisons diverses, dont leur simplicité et ignorance. L’originalité est présente et principalement vers la fin, malgré tout, celle-ci n’est pas à la hauteur de mes espérances. L’épilogue est trop bancal, certes, le happy-end se manifeste ; toutefois, il ne sonne pas comme un dénouement et laisse un goût d’inachevé. Quelques chapitres sur l’après, le comment ils vivent la séparation pour la fac, auraient été nécessaire dans l’idéal. Et j’aborde, la partie sensationnelle de ce volume ultime, les émotions ; ces dernières sont clairement accomplies. L’ambiance est absolument nostalgique et offre le sentiment de revenir dans notre propre passé ou de vivre une vision du futur, c’est enrichissant et touchant.

Je ne suis pas indifférente au style de l’auteure, sa plume sur ce tome est énergique, et encore une fois toute en douceur. Jenny Han rédige une histoire adolescente, en revanche son écriture est développée et équilibrée. Elle met en valeur les sentiments, et elle partage avec simplicité. Je suis seulement déçue par le point de vue manquant de Peter, cette perspective est omise et délivre une faiblesse sur le long terme. J’ai beaucoup apprécié les chapitres courts, le texte fluide et les dialogues bercés de temps en temps par l’humour. Alors, en dépit des passages « jeunesse », cette lecture est instructive.

En résumé, ce dernier roman de la trilogie est vraiment généreux, le thème étant le chemin vers l’âge adulte et ses décisions. C’est d’ailleurs cette œuvre qui pour moi prend le plus de sens, synthétise parfaitement la réalité. Lara Jean est une héroïne étonnante et j’ai aimé sa progression, son avancée ; enfin elle se libère et écoute son cœur. Pour Peter, je ne suis pas totalement convaincue, quelques aspects de son caractère m’ont dérangé. Le couple qu’ils forment est agréable, néanmoins, il n’y a pas une grande harmonie, et principalement sur cette intrigue. Le mystère tourne autour du livre, révélant des surprises et des instants inattendus ; sincèrement, il y a des événements imprévisibles et cela stabilise la partie naïve de cette saga. Les émotions sont à la fois moelleuses et puissantes, c’est justement la nuance espérée et j’en suis séduite. L’atmosphère est légèrement émouvante, et quelques dialogues sont divertissants ; « Pour toujours et à jamais », m’a fait couler une petite larme. Jenny Han signe la fin de ce récit composé de trois ouvrages, en souplesse, l’auteure dresse une très nette croissance des personnages. Son écriture est plaisante et fluide ; or, l’absence des pensées de Peter témoigne toute son insouciance. Le dénouement ne valorise pas entièrement l’histoire, la conclusion est bonne, mais savoir ce qui se passe ensuite est simplement un point d’interrogation. Je laisse partir Lara Jean, Peter, leurs amis et familles avec mélancolie.


Note :
8.5/10.

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