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17 août 2022

Off the Map, Tome 2 : Wild Boy.


Titre : Off the Map, Tome 2 : Wild Boy.
Auteur : Lia Riley.
Genre : Romance.
Edition : City.
Nombre de page : 313 pages.
Prix : 17.90€.


Résumé :

Ils vivent une passion infinie où rien n'est garanti, mais tout est possible...

 Leur amour n'était destiné à durer que le temps d'un été. Et pourtant.

Lorsque Natalia est tombée amoureuse de Bran, le beau surfeur aux yeux verts hypnotiques, son univers sombre a soudainement été illuminé. De son côté, Bran a été irrésistiblement attiré par celle qui lui a volé son coeur comme aucune autre fille.

Mais il y a un problème : Natalia n'a qu'un visa de quelques mois en Australie, elle n'est pas censée rester dans ce pays coloré, rude, sauvage... et si loin de chez elle. Doit-elle accepter de tout quitter pour vivre cette passion sauvage ? Peut-être. Encore faut-il que les fantômes surgis de son douloureux passé lui en laissent la possibilité...


Extrait :

 Je m'appuie sur le côté de ma Kingswood. Le lampadaire scintille, effaçant les étoiles dans le ciel du soir qui tombe. Talia prend un temps dingue. Qu'est-ce qu'elle a en tête, là ? Une balade ? Un plan romantique ? Je ne suis pas d'humeur. Sur le point de mettre fin à son petit manège, je contourne la voiture, quand elle ouvre la porte et, vêtue de mon sweat noir à capuche préféré, d'immobilise dans la lumière du hall.
Attends... Pourquoi elle a pris mon sac à dos ?
- Elles sont où, tes planches ? demande-t-elle.
Elle descend de la véranda en s'attachant les cheveux.
Je suis stupéfait. Elle veut aller surfer ? Maintenant ?
De tout ce que j'aurais pu imaginer, elle a trouvé le plus inattendu.
- Regarde, dit-elle, la tête vers le ciel. C'est la pleine lune ou presque.
Mes tripes se serrent, une bataille s'engage entre l'amour fou et l'instinct de protection. Cette fille a un accès libre vers mon coeur !
Elle me renverse d'une façon qui ne devrait pas être autorisée par la loi. Ce qu'elle voit en moi, je préférerais le garder enfoui au plus profond de mon être. J'avance dans l'allée et pose les mains sur le portail.
- Allons, Capitaine. On rentre à la maison. Il faut qu'on dorme un peu.
Elle arrive en bas des marches.
- Hors de question. Je n'ai aucune idée de ce qui t'arrive, mais je n'ai pas du tout envie de rester à te regarder ériger la Grande Muraille.
- Tu as froid.
Je me penche vers elle et tire sur la ficelle du sweat-shirt. Elle a mis un bonnet en laine gris qui lui recouvre le front.
- Non, moi, ça va très bien, riposte-t-elle en tapotant le sac à dos de son pouce. J'ai pris une nouvelle tenue étanche, une petite merveille imperméable et chaude. Et avec ça, des bottes et des gants. Je vais être comme un poisson dans l'eau ou, pour être plus exact, dans le néoprène. J'ai aussi pris ta tenue et ton matériel. Je sais pas où tu ranges tes planches.
Le vent taquine mes cheveux. C'est une légère brise du nord ; les vagues doivent être parfaites. Talia a raison : la lune est presque pleine.
Je me frotte la nuque.
- On pourrait aller vers le South Arm. Ça nous prendra dans les trente minutes. Clifton devrait être pas mal. Je connais une plage de sable sympa ; un super beach break.
- Alors, qu'est-ce que t'attends ?
C'est vraiment de l'enthousiasme ou juste de la bravade ?
- Tu as beaucoup surfé cet été ?
- Une fois par semaine, je dirais. Plus que jamais.
Elle pose la tête sur mon épaule.
Je suis tenté. Les sorties de nuit sont extra. On est face au vide, au néant, les sens en état d'alerte absolue. Cependant, avec le niveau de Talia, meilleur que ce qu'elle prétend, mais pas loin de débutant tout de même, je ne veux pas me retrouver dans une mauvaise situation pour les mauvaises raisons.
- Je suis un peu nerveuse, c'est tout.
Comment elle fait ça ? Elle lit dans mes pensées ou quoi ? Ou peut-être juste que j'envoie des messages subliminaux peu encourageants.
Elle s'efforce de se montrer courageuse pour moi, et il faut que je fasse de même.
- OK, on y va, alors. Les planches sont derrière ; je vais les chercher.
Une heure plus tard, au bord de la plage, je remonte la fermeture dans le dos de la combinaison de Talia. La lune miroite sur l'eau noire. Les vagues se succèdent, régulières et propres. Je prends une profonde respiration, me délectant de la fraîcheur des embruns et du parfum envoûtant du varech en décomposition. Toute mon attention est mobilisée par mon anticipation, mes sens aiguisés par l'obscurité.
Talia s'approche de moi, fébrile.
- Partante, vraiment ?
- Oui, bien sûr !
Un autre rouleau se brise. Les conditions sont idéales. Si elle change d'avis, je ferai quand même une petite glisse rapide.
Peut-être deux, allez.
- C'est quoi, ce bruit ? demande-t-elle en se figeant. Là, encore une fois. T'as entendu ?
Je me concentre et souris quand je perçois une sorte de braiment qui provient des brisants.
- Les manchots pygmées.
- Sérieux ? Il y a des manchots par ici ?
- Bien sûr. En été, ils construisent des terriers le long de la côte. Si tu te balades à côté d'une colonie après la tombée du jour, c'est carrément le vacarme.
- Des manchots, murmure-t-elle. C'est trop cool !L'écume lèche le sable et nous chatouille les pieds. Je réfléchis à notre plan d'action.
- On va ramer vers la gauche jusqu'à l'endroit où les vagues sont moins hautes. Reste avec moi, OK ?
On est seuls sur la plage et j'ai l'impression que ma voix porte sur des kilomètres, alors que j'ai parlé tout bas.
- Tu es déjà allé à Rome ? demande-t-elle en me prenant la main.
- Non. Pas encore.
- Moi non plus. Mais je n'imagine pas que la chapelle Sixtine soit plus merveilleuse que ça.
Aucun nuage de pollution n'entoure la lune. La Voie lactée luit, hypnotique, dans le firmament. Les étoiles se confondent dans sa clarté.
- Prête ?
Elle me presse la main en guise de réponse.
On rame vers le large.
- Waouh 
Elle se redresse légèrement pour mieux voir devant elle. Autour de nous, l'eau s'illumine de reflets vert-bleu.
- La phosphorescence. C'est beau, hein ? C'est du phytoplancton en fleurs. Il pousse grâce à une espèce marine de dinoflagellés qui produisent des enzymes...
- Ça suffit, monsieur le scientifique. Laisse-moi profiter de ce royaume de conte de fées encore un peu.
- La science, c'est sympa, Capitaine.
- J'ai jamais dit... Oh merde !
Au lieu de passer sous sa planche, l'eau lui éclabousse le visage. Elle boit la tasse et tousse violemment.
- On peut revenir sur la plage. On est pas obligés...
- Ça va. S'il te plaît, une vague arrive, je sens le courant. Vas-y.
- Tu la veux ?
- Elle est à toi.
Je tourne vers la gauche et attrape la vague de front. Pendant quelques merveilleuses secondes, je vole. Mes pensées rationnelles sont éclipsées par la confusion d'avoir tout ce que je veux et de pourtant en vouloir plus encore. Je retourne vers Talia en ramant.
- Tu avais l'air bien, là-haut.
- C'était génial !
Elle s'assoit, se laissant tranquillement dériver.
- C'est pas aussi effrayant que je l'imaginais, ici, après tout.
- Bon Dieu, Capitaine, tu m'as dit que t'avais pas peur !
- Non, j'ai jamais dit ça. J'ai peur de tout. Mais je veux le faire.
On ne parle plus. Heureux d'être avec ma petite amie, les étoiles et l'océan, je laisse passer plusieurs vagues.
Difficile de ne pas croire en la magie dans un instant pareil.
Elle s'éclaircit la voix :
- Pour ce qui s'est passé tout à l'heure à la maison... Si tu veux que ça marche entre nous, tu ne peux pas te fermer. Tu n'es plus juste toi ; c'est nous maintenant. On doit être là pour l'autre.
Je flotte sur ma planche, les mains plongées dans l'eau.
La phosphorescence s'éclaire à mon toucher. Je finis par me confier :
- Karma a un copain qui fait partie de l'équipage de la Sea Alliance. Il leur reste des places à bord de leur navire pour des voyages au Japon et en Antarctique.
- Tu veux y aller ?
Je n'arrive pas à déchiffrer son expression.
Je suis sur le point de répondre non, mais l'obscurité favorise l'honnêteté.
- Oui, en quelques sorte. Mais j'ai plus envie d'être avec toi.
- Oh ! Bran, c'est bien trop de pression...
- Comment ça ?
- Imagine-moi dans quelques mois vautrée sur le canapé à regarder des émissions pitoyables à la télé. Tu te diras « Dire que j'aurais pu être en train de sauver des espèces menacées... Au lieu de ça, je me retrouve pris en otage par ce boulet ! »
- Quand je pense à la vie avec toi, ce n'est pas le mot « ennui » qui me vient à l'esprit.
- Mais il n'y aura pas toujours des baignades en pleine nuit. Je ne peux pas rivaliser avec..., avec un rêve.
- Je ne te l'ai jamais demandé.
- Soutenir l'autre dans ses projets est le plus important dans une relation, tu ne penses pas ? Disons que j'aurais toujours voulu entrer dans les Peace Corps pour aller en Afrique.
- C'est le cas ?
- L'idée m'a effleurée à un moment. Et maintenant ? Je ne sais pas, mais je ne veux pas me fermer la porte à ce genre d'opportunités.
- On pourrait voyager en Afrique, tous les deux, un jour.
- Les Peace Corps, c'est mon rêve, pas le tien. Je veux que tu te sentes libre de trouver ton propre bonheur.
- C'est toi, mon bonheur.
Je prononce ces mots avec le tranchant du silex avant de prendre une grande inspiration.
- Écoute, je suis pas fait pour les relations à distance. J'ai détesté toutes les secondes de ces deux mois où nous étions loin l'un de l'autre.
- Bran...
Elle me tend sa main, et je la prends.
- Je ne t'abandonnerai pas.
- Moi non plus.
J'examine le ciel, mon coeur battant la chamade. Tout semble si immobile. Impression trompeuse. En fait, la Terre tourne dans l'espace. Talia et moi, on est des petites particules de poussière cosmique dans l'immensité de l'Univers. Il suffirait de si peu pour nous éloigner à jamais.
- Mais pour ce qui est de l'avenir proche...
- J'ai bien compris et je te remercie pour ton soutien. Mais le seul avenir dont j'aie envie de parler, c'est un avenir où on est ensemble, toi et moi.
Mieux vaut s'écarter le plus possible des trous noirs.


Avis :

 Autant la narration est belle avec une histoire potentiellement intéressante, autant je n’ai pas forcément apprécié les dialogues et la construction de cette romance. Elle est d’une simplicité horripilante, avec des personnages très agaçants au fil des pages. D’ailleurs, les protagonistes secondaires m’ont déplu au plus haut point. Les échanges entre les héros sont composés naturellement, cela offre beaucoup trop de familiarité, et pas suffisamment de profondeur. Je suis passée à côté de ce récit, en dépit de quelques passages synonymes de propos importants et d’apprentissage. De plus, la fin de cette suite n’est pas vraiment limpide, cela se termine sur des messages et laisse planer des doutes. Le synopsis n’est pas ordinaire, mais c’est tout comme ; l’auteure aborde cette histoire d’amour avec trop de sobriété. Je n’ai pas réussi à ressentir quoi que ce soit face à ce roman, en dehors de l’exaspération. Certes, je n’ai pas spécialement aimé ma lecture, néanmoins, je ne me suis pas ennuyée et c’est déjà un miracle.

Talia est une jeune femme traumatisée, ses angoisses se traduisent par des TOCs. Depuis sa rencontre avec Bran en Australie, elle avance dans sa vie, malgré tout ; l’amour ne doit pas être une source de guérison ou de fuite. C’est ce qu’elle va laisser entendre dans ce tome, son évolution et ses prises de décisions semblent lui correspondre. Cependant, je ne me suis pas attachée à cette fille, toujours en train de penser négatif et à elle-même, rien n’est satisfaisant pour Natalia. Son caractère est peut-être trop variable, je ne suis pas arrivée à suivre ses changements. Je pense sincèrement que cette héroïne aurait pu être captivante, mais son développement ne va pas dans le bon sens. Éventuellement, dans certains passages, Talia est admirable par sa force de vaincre, son envie de vivre heureuse et de mettre un terme à ses propres démons.

Le pire étant Bran, ce personnage masculin incertain de sa vie et ne prenant rien en main. Il doit être bousculé pour pouvoir envisager son avenir, jusqu’à perdre la femme de sa vie. Il se voile sans cesse la face et préfère vivre dans un déni sans fin. Je n’ai pas du tout apprécié ses choix, et sa façon d’être ; égoïste et capable de poser un ultimatum pour emprisonner l’amour qu’il ressent. Au début, il peut être séduisant, avec des airs d’homme idéal ; ce n’est clairement pas le cas. C’est vrai, après tout, son caractère est très humain et réel ; néanmoins, je n’ai pas su tomber sous son charme. Bran possède la plus grande faiblesse, celle de ne pas savoir communiquer, de ne pas avouer ce qu’il a sur le cœur ou dans l’esprit. Il emmène lui-même le danger sur son couple, sans s’en rendre compte. En vérité, malgré une certaine animosité que je lui porte, il est un héros touchant et sincère.

« Wild Boy » est la suite de « Wild Love », déjà le premier volume n’est pas exceptionnel, celui-ci l’est encore moins. Aucun mystère et des rebondissements quelconques, rien ne respire la recherche ou tout simplement l’authenticité. La relation de Talia et Bran se laisse tout juste découvrir, en tentant de mettre de côté le négatif de celle-ci. En effet, petit à petit, je lisais et terminais cette œuvre pour donner seulement mon avis. Les deux personnages dialoguent ensemble, mais ne transmettent rien ; j’ai eu la sensation de survoler l’alchimie de leur début, de déchiffrer des « bonjour », « bonsoir » et « je t’aime ». Où sont les valeurs, la puissance, l’élaboration ? Même la douceur, la légèreté s’évade par la banalité. Je ne suis pas déçue, je m’attendais à peu de sentiment et d’originalité avant de retrouver ce récit, mon intuition ne m’a pas trompée.

L’écriture de cette auteure ne me fascine aucunement, c’est plat et sans bouleversements majeurs. Lia Riley rédige trop spontanément, en approfondissement le strict minimum. Sa plume est brute, parfois désagréable et principalement dans les dialogues, où les précisions sur qui énonce telle ou telle phrase, sur quel ton, avec quel geste ne sont pas utilisées. Certes, l’auteure se sert des deux points de vue et elle alterne à chaque chapitre, sauf qu’il n’y a pas réellement de différence entre eux, Talia et Bran se ressemblent d’après elle. Les détails sont passifs et ne résonnent pas, le seul bon aspect de son style est quelques jolies citations.

Je vais être très dure avec ce livre, sincèrement, je me demande quel est son intérêt et, est-ce que j’en ressors un brin satisfaite. Croyez-moi, si vous n’êtes pas tenté au premier abord, ne l’ouvrez pas. Le premier tome ne m’a pas enchanté des masses, et ce deuxième est pire. Le suspense n’est point présent, tout comme les sentiments, si vous recherchez l’un ou l’autre, passez votre chemin. L’originalité, est un sujet à part, dans une romance, en général, les surprises se font sur les émotions, pas sur le déroulement du récit en lui-même. Dans « Wild Boy », je suis étonnée par le dénouement ; certes, il est expéditif et sûrement trop court ; néanmoins, il est rare de trouver une fin comme celle-ci. Le couple Talia et Bran n’est pas passionnant, les péripéties qu’ils rencontrent sont fades, seuls les questionnements et doutes peuvent être vivants ; sauf qu’ils sont répétitifs. Lia Riley n’emporte pas son lecteur, son écriture donne la perception qu’elle écrit avec indifférence ; sa manière de ne pas équilibrer dialogue et narration soumet une histoire sans maturité. « Wild Boy » est donc une lecture vaine à mon goût, tout juste passable pour se détendre l’esprit.


Note :
5/10.

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