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17 juil. 2020

Désolée, je suis attendue.


Titre : Désolée, je suis attendue.
Auteur : Agnès Martin-Lugand.
Genre : Contemporain.
Edition : Pocket.
Nombre de page : 405 pages.
Prix : 7.60€.


Résumé :

 Yaël ne vit que pour son travail. Brillante interprète pour une agence de renom, elle enchaîne les réunions et les dîners d'affaires sans jamais se laisser le temps de respirer. Les vacances, très peu pour elle, l'adrénaline est son seul moteur. Juchée sur ses éternels escarpins, elle est crainte de ses collègues et ne voit quasiment jamais sa famille et ses amis qui s'inquiètent de son attitude. Peu importe les reproches, elle a simplement fait un choix, animée d'une farouche volonté de réussir. Mais le monde qu'elle s'est créé pourrait vaciller face aux fantômes du passé...


Extrait :

 J'étais face à un revenant, qui semblait aussi sidéré que moi.
- Yaël... c'est bien toi ?
Il avança dans ma direction. Il n'avait presque pas changé, si ce n'étaient les lunettes en écaille qui avaient fait leur apparition sur son nez légèrement tordu depuis qu'il se l'était cassé en faisant l'imbécile avec Adrien ; ça avait pissé le sang et avec les filles on avait joué les infirmières en l'accompagnant aux urgences. Le maillon manquant de la troupe s'était matérialisé là, sous mes yeux.
- Bonjour, Marc, lui dis-je, la voix blanche.
Personne n'avait plus prononcé ce prénom depuis bien longtemps. Moi, la première.
- On t'a cru mort ! sifflai-je avec ironie.
Ma remarque le toucha, il retira ses lunettes et passa sa main dans ses cheveux courts ; il avait toujours ce même châtain clair virant au blond avec le soleil. Il regarda en l'air, la respiration coupée, totalement désarçonné. Bien fait pour lui ! Il avait intérêt à s'armer de courage s'il comptait m'affronter. Puis il se frotta les yeux, ouvrit la bouche une première fois, sans rien dire, mais en bougeant les mains. Visiblement, il cherchait ses mots. Il ne fallait pas qu'il compte sur moi pour lui faciliter les choses.
- Yaël... si je m'attendais à ça...
- Tu n'as rien de plus à dire ! aboyai-je, mauvaise.
Ce cher Marc se liquéfiait à vue d'oeil. C'était tout ce qu'il méritait.
- Si... Pardon... Que fais-tu ici ?
La question à ne pas poser.
- Je m'abrite de la pluie.
- Merci la pluie de t'avoir envoyée ici, me dit-il, un grand sourire aux lèvres.
Il allait mieux d'un coup ! Il croyait peut-être que je faisais de l'humour. Il ravala vite fait sa mine satisfaite lorsqu'il remarqua que je ne partageais pas son avis. Pourquoi fallait-il que ça tombe aujourd'hui ? Ça me soûlait ! Comme si je n'avais pas assez de choses et de soucis en tête ! Allez, j'allais rembobiner le film et faire comme si les cinq dernières minutes n'avaient pas eu lieu.
- Je vais te laisser, annonçai-je sèchement.
Il fit un pas vers moi en tendant le bras.
- Non... Attends... Tu ne peux pas repartir déjà ! Je veux avoir de tes nouvelles... savoir ce que deviennent les autres.
Il se foutait de moi ou quoi ! Avait-il oublié ce qu'il avait fait ? Je serrai les poings pour contenir ma colère.
- Il est un peu tard, non ? Qui a disparu de nos vies du jour au lendemain, sans jamais donner de nouvelles ? Qui nous a laissé imaginer le pire ? Le pire, Marc ! Tu m'entends ?
J'avais besoin de me défouler et il tombait à pic. Il me fixait, de plus en plus penaud.
- S'il te plaît... laisse-moi t'expliquer... et après tu décideras ou non de me dire ce que vous devenez.
Il avait toujours ce même regard noisette de chien battu, avec quelques rides d'expression en plus, qui lui donnaient de la maturité. Je détournai le regard, je ne voulais pas deviner s'il avait été heureux ou triste ces dix dernières années. Mais plutôt que broyer du noir dans les rues, pire, toute seule dans mon appartement, j'allais quand même rester un peu. Et au fond de moi, je voulais savoir pourquoi il était parti sans un mot, sans une explication. Depuis le temps que j'avais envie de régler mes comptes, nos comptes, avec lui ! Bras croisés, je me redressai, prête à mordre.
- Je t'écoute.
- Ne reste pas là, viens t'asseoir.


Avis :

 « Désolée, je suis attendue » est un roman contemporain et romancé. Après deux coups de cœur venant de la même auteure, je me suis presque lancée les yeux fermés dans cette lecture. Et je ressens une minuscule déception, de par la construction de l’héroïne et du déroulement de l’histoire. En effet, pendant le tiers de l’œuvre, une seule et même intrigue avec très peu de rebondissements. De plus, Yaël possède une personnalité spéciale, insaisissable et déplaisante sur la durée. Cependant, en dehors de ça, j’ai passé un moment plutôt passionnant, attendant avec impatience l’évolution du personnage principal féminin et de la dose de romance dont je ne peux définitivement pas me passer.

Yaël s’impose une charge de travail gigantesque, jusqu’à ne presque plus manger et dormir. Ambitieuse au point de mettre de côté sa famille et ses amis, de ne pas vouloir entamer de relation amoureuse ; juste son métier et ses objectifs, rien d’autre ne doit la détourner de son but professionnel. Même sa santé lui importe peu, elle se noie entièrement dans son emploi, sans aucune considération pour elle-même ou les autres. Pendant une bonne partie du livre, je l’ai jugée agaçante, et insensée dans ses choix, dans sa manière d’être. Néanmoins, dans les cent dernières pages, je me suis prise d’affection pour Yaël, cette héroïne bien différente de la plupart des femmes, elle témoigne force et faiblesse, montre la détermination et l’ambition considérée comme moderne à l’heure actuelle.

Marc est le héros idéal, avec très peu de défauts ; malgré ses erreurs passées. C’est un homme bon, en toute circonstance, facile à vivre et compréhensif. Certes, il sait aussi se faire entendre, sa colère est rare, mais toujours virulente. Pour le décrire avec objectivité, je manque d’information à son sujet ; durant le récit, il est de temps en temps absent. Et dans ces moments de non-présence, l’étincelle se suspend et laisse un goût de « pas assez ». C’est un protagoniste pour lequel mon cœur s’est rapidement attaché, séduite par sa sensibilité, son charisme et par son amour de vieux objets.

C’est le genre d’histoire difficile à traiter, le thème est le même pendant 400 pages avec une histoire d’amour en plus. Cette dernière se déroule vers la fin, et redonne du souffle à l’ensemble du roman. L’intrigue est particulière, constante jusqu’à être ennuyeuse au bout de plusieurs chapitres. En effet, l’héroïne reste telle qu’elle est, jusqu’à son départ en vacances forcées. C’est donc, un scénario original et intéressant, mais avec un approfondissement superflu. Avec autant de détail, les émotions perdent énormément en possibilité ; pourtant j’ai ressenti de l’irritation pour Yaël et de la peine pour sa vie. Heureusement, cette œuvre est plutôt inattendue pour moi, avec un thème surprenant. Le dénouement est à la hauteur, malgré sa rapidité ; je l’ai perçu comme étant « parfait ».

La plume de Agnès Martin-Lugand est encore une fois très belle, en revanche, moins bouleversante et poétique. Son écriture paraît platonique, dans un discours sans fin. Avec bonheur, les dialogues proposent une réelle légèreté. Par contre, les chapitres sont longs, et ne permettent donc pas une lecture fluide. De plus, seul le point de vue de Yaël est exprimé ; alourdissant encore plus le texte.

L’auteure nous offre une histoire de non-vie, de femme obsédée par son métier ; occultant tout autour d’elle, dont les émotions, jusqu’à être seule sans s’en soucier. Cela a été difficile de m’attacher à Yaël, ses pensées et son mode de vie sont protocolaires et à part. Toutefois, petit à petit, elle m’a transmis de bonnes ondes, aussi je me suis inquiétée pour elle et son futur. Marc enrichit incontestablement le récit, et apporte de la chaleur. Sentimentalement, je suis sur ma faim avec « Désolée, je suis attendue », le style est clairement lisse envers les émotions. Le suspense gagne en intensité, avec des révélations importantes et la compréhension du comportement de l’héroïne. En conclusion, malgré quelques fausses notes dont des détails parfois inutiles, des chapitres longs et une romance arrivant sur le tard ; ce roman sonne au plus près de la vérité. Agnès Martin-Lugand trace d’une plume sincère une nouvelle existence où tout est question d’interrogation, de bonheur, d’acceptation, de pardon et de lâcher-prise.


Note :
8/10.

1 commentaire:

  1. Je vois ce roman partout, mais c'est la première chronique que je lis et je ne sais pas du coup si je vais me laisser tenter ^^

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