Mes dernières chroniques

26 août 2022

Les enquêtes du Département V, Tome 1 : Miséricorde.


Titre : Les enquêtes du Département V, Tome 1 : Miséricorde.
Auteur : Jussi Adler-Olsen.
Genre : Thriller.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 526 pages.
Prix : 8.20€.


Résumé :

 Pourquoi Merete Lyyngaard croupit-elle dans une cage depuis des années ? Pour quelle raison ses bourreaux s'acharnent-ils sur la jeune femme ?
Cinq ans auparavant, la soudaine disparition de celle qui incarnait l'avenir politique du Danemark avait fait couler beaucoup d'encre. Mais, faute d'indices, la police avait classé l'affaire. Jusqu'à l'intervention des improbables Carl Mørck et Hafez el Assad du Département V, un flic sur la touche et son assistant d'origine syrienne. Pour eux, pas de cold case...


Extrait :

 « Bonjour, je m'appelle Assad », dit l'homme en tendant à Carl un poing poilu qui devait avoir traîné dans quelques bagarres.
Carl ne réalisa pas tout de suite où il se trouvait et qui lui parlait. La matinée n'avait pas été passionnante. En fait, il s'était assoupi profondément, les jambes sur la table, ses grilles de sudoku sur le ventre et le menton à moitié enfoncé dans sa chemise. Les plus de son pantalon, si bien repassés d'ordinaire, rappelaient le tracé d'un électrocardiogramme. Il descendit ses jambes ankylosées et regarda, stupéfait, le petit type brun qui se trouvait en face de lui, un homme qui devait avoir plusieurs années de plus que lui mais ne devait pas avoir grandi dans le même village que lui.
« Assad ? OK », répliqua Carl mollement. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?
« Et toi, c'est Carl Mørck, comme c'est écrit sur la porte. Ils disent que c'est bien si je t'aide. C'est bon ? »
Carl plissa un peu les paupières en décortiquant la syntaxe du bonhomme. Et ce type était supposé l'aider ?
« Eh bien, espérons ! » répondit-il.
Tant pis pour lui. Il l'avait voulu, il l'avait eu. Car il en prenait conscience maintenant, la présence du petit personnage dans le bureau en face du sien l'engageait. D'une part, il serait obligé de faire en sorte que cet homme s'occupe et, de l'autre, il allait devoir lui aussi faire semblant de travailler. Il avait manqué de jugeote sur ce coup-là. Tant que ce type serait dans les parages, Carl ne pourrait pas passer ses journées à buller comme il en avait eu l'intention. Il s'était dit que ce serait pratique d'avoir un assistant. Que ce type-là trouverait à s'occuper, pendant que lui-même compterait les heures derrière ses paupières. Il fallait passer la serpillière, faire le café, mettre les papiers en ordre et les ranger dans des dossiers. Il y aurait bien assez de choses à faire, avait-il pensé quelques heures plus tôt. Mais cela faisait bientôt deux heures que le type le regardait avec de grands yeux. Tout était fini et bouclé. Même l'étagère de Carl était en ordre, tous ses livres étaient rangés par ordre alphabétique, tous ses classeurs numérotés et prêts à servir. En deux heures et demie, ce type avait fini son travail, point à la ligne.
En fait, il aurait aussi bien pu rentrer chez lui tout de suite.
« Tu as ton permis de conduire ? » lui demanda Carl en espérant que Marcus avait oublié de prendre ce détail en considération, ce qui lui permettrait de discuter la totalité des conditions d'embauche de cet homme.
« Je conduis taxis, voitures normales, camions, et je conduisais T-55 et tank T-62, et aussi voitures blindées et motos avec side-car et aussi sans side-car. »
Alors Carl lui proposa de s'asseoir tranquillement dans son bureau pendant deux heures et de lire un ou deux des ouvrages alignés sur l'étagère, derrière son dos. Le Manuel technique de la criminalité, de l'inspecteur de police A. Haslund, tiens, pourquoi pas ?
« Et en lisant, fais bien attention à la syntaxe du danois, Assad. Ça peut toujours servir. As-tu lu beaucoup de choses en danois ?
- J'ai lu tous les journaux et aussi la Constitution et tout ça.
- Tout ça ? » dit Carl. Ils n'étaient pas sortis de l'auberge. « Tu aimes peut-être remplir les grilles de sudoku ? » lui demanda-t-il en lui tendant les siennes.

24 août 2022

Les oubliés du dimanche.


Titre : Les oubliés du dimanche.
Auteur : Valérie Perrin.
Genre : Contemporain.
Edition : Albin Michel.
Nombre de page : 379 pages.
Prix : 19.50€.


Résumé :

 Justine, vingt et un ans, aime les personnes âgées comme d'autres les contes. Hélène, presque cinq fois son âge, a toujours rêvé d'apprendre à lire. Ces deux femmes se parlent, s'écoutent, se révèlent l'une à l'autre jusqu'au jour où un mystérieux « corbeau » sème le trouble dans la maison de retraite qui abrite leurs confidences et dévoile un terrible secret. Parce qu'on ne sait jamais rien de ceux que l'on connaît.


Extrait :

 - Tu fais quoi ?
Je sursaute. Jules m'a fait peur. Je referme le cahier bleu.
- J'écris.
- Tu te prends pour Marguerite Duras ?
- D'où tu connais Marguerite Duras ?
- Un cours de français. J'ai trouvé ça chiant. J'espère que t'écris pas comme elle.
- Aucun risque. Ouvre la fenêtre.
- T'es de mauvais poil ?
- Nan. Tu sais que je supporte pas que tu fumes dans ma chambre.
- C'est surtout que je fume que tu ne supportes pas... T'es pas ma mère.
Jules ouvre la fenêtre et se penche en avant. Il fait un peu la gueule. Alors, je dis :
- Hier soir, il y a eu un nouveau coup de téléphone anonyme aux hortensias.
Il se retourne, je ne vois pas ses yeux.
- C'est quelle famille ?
- Va falloir que t'ailles chez le coiffeur. Celle de Gisèle Diondet. La toute petite dame avec des cheveux violets qui était mercière. Je t'en ai parlé la semaine dernière.
- Me rappelle.
- Avant, elle passait beaucoup de temps dans la salle des cartes et elle participait à tous les ateliers. Mais depuis le début de l'été, elle bloque avec les autres à la réception. Alors elle était là quand sa famille est arrivée à l'accueil avec les yeux rouges et des habits sombres.
D'une pichenette, Jules balance son mégot par la fenêtre. Demain matin, pépé le ramassera dans le jardin en bougonnant. Puis il le mettra dans une bassine d'eau avec les autres, une eau qu'il utilisera pour arroser ses rosiers et tuer les pucerons.
Il revient s'asseoir sur mon lit.
- Et ils ont dit quoi, la famille, quand ils l'ont vue... vivante ?
- Imagine le choc pour eux. Mais je pense qu'ils ont été un peu déçus.
- Comment ça, déçus ?
- Quand les vieux passent l'arme à gauche, ça veut dire fin de la culpabilité. C'est compliqué. C'est du chagrin qui se mélange à du soulagement.
- Et la petite vieille, elle a dit quoi quand elle les a vus 
- Au début, elle ne les a pas reconnus, mais elle était quand même contente. Surtout qu'à midi ils l'ont emmenée au restaurant. Tu sais, ça arrive souvent avec les anciens. Sur le coup, ils ne sont pas aimables avec la famille, mais après les visites, y a quelque chose qui change. Ils sont moins angoissés. En tout cas cet après-midi, Gisèle est retournée dans la salle des cartes. Ça faisait trois mois qu'elle n'y avait pas mis les pieds.
- Tu vois, ça sert à quelque chose ce truc anonyme.
- Tout à l'heure, madame Le Camus nous a tous convoqués pour nous annoncer que des policiers allaient enquêter intra-muros (j'imite sa voix pour faire sourire Jules) pour résoudre le mystère des coups de téléphone anonymes.
Mais Jules ne sourit pas.
- Il va y avoir des vrais inspecteurs et tout ?
C'est moi qui me mets à rire.
- Tu parles, c'est Starsky et Hutch qui sont sur l'affaire !

23 août 2022

Hybrides, Tome 1 : Rage.


Titre : Hybrides, Tome 1 : Rage.
Auteur : Laurann Dohner.
Genre : Bit-lit.
Edition : Milady.
Nombre de page : 476 pages.
Prix : 7.90€.


Résumé :

ILS ONT ÉTÉ CRÉÉS. EMPRISONNÉS. MAIS JAMAIS BRISÉS.

 Ellie est horrifiée de découvrir que le laboratoire dans lequel elle travaille mène des expériences sur des sujets humains, leur injectant de l'ADN animal pour créer une nouvelle espèce. Lorsqu'elle se prend d'affection pour l'un de ces cobayes, elle risque tout pour le sauver - même s'il doit pour cela la haïr. Car Rage n'a jamais connu l'amour ou la pitié, et il ne pardonne pas la trahison. Une fois libre, il jure de la tuer, mais lorsqu'il la tient entre ses griffes, ce n'est plus la haine, mais le désir qui envahit son âme...


Extrait :

 Ellie vit Rage faire la grimace : sa fureur se lisait dans ses pupilles, il avait très mal pris qu'elle lui demande de la libérer. Elle se prépara au pire.
Il tendit le bras, empoigna la couverture et tira un coup sec, exposant en un clin d'œil le corps dénudé d'Ellie. Puis il se leva et posa sur elle un regard dur.
- C'est ton tour. Te voilà nue, entravée, incapable de m'empêcher d'agir. Les rôles sont inversés : ce jour-là, c'était toi qui pouvais me reluquer sous toutes les coutures. Alors, Ellie, ça te plaît d'être à ma merci ?
Le feu aux joues, Ellie voulut se déhancher, rouler sur le flanc, mais il l'avait ligotée trop serré. Elle en fut réduite à lever les jambes pour les rabattre sur sa poitrine. C'était inutile, elle n'avait pas attendu d'être ainsi exposée pour savoir ce qu'il en coûte d'être humilié, mais elle s'abstint de tout commentaire.
- Et comme tu m'as touché, c'est ce que je vais faire à présent. Logique, non ? Tu sais ce que l'on ressent, quand une main étrangère t'effleure ? Te touche le sexe ? Je comprends que te te sois sentie obligée d'ôter l'élastique qui me faisait si mal, mais ta main s'est attardée. N'essaie pas de le nier.
Ellie se cambra sous l'effet du choc et de la terreur. Elle inspira à fond. Perdre les pédales ne la menait à rien, il fallait essayer de le comprendre, il éprouvait le besoin de se venger. Et comme elle avait tué Jacob, il ne restait qu'elle en première ligne. Il disait vrai, elle l'avait touché. Et maté sans retenue aucune. C'était donc mérité, en quelque sorte. En outre, il venait de dire qu'il ne la tuerait pas. S'il fallait en passer par l'humiliation... soit. Elle n'en mourrait pas. Il avait été battu, torturé. Ce qu'il s'apprêtait à faire n'était rien à côté.
- Vas-y, reluque-moi. Je comprends.
Elle posa les jambes à plat sur le matelas et cessa de gesticuler.
- Mais je t'en prie, ne me fais pas mal.
Les sourcils froncés, Rage, perplexe, grimpa sur le lit et s'installa à califourchon au-dessus d'elle.
- Hein ? dit-il, visiblement aussi choqué qu'Ellie.
- Je comprends, murmura-t-elle. Fais-le.
Les dents serrées, il se baissa peu à peu jusqu'à occulter tout son champ de vision. Si l'objectif était de la terrifier, c'était très réussi. Le silence s'installa. Dura. Elle sentit son rythme cardiaque s'apaiser.
- La psychologie inversée est sans effet sur moi, murmura-t-il en retour. Sache cependant que je ne te ferai aucun mal. Je n'ai nullement l'intention de te faire subir ce qu'ils m'ont fait. Te frapper, te faire saigner, est au-dessus de mes forces. Je crois en revanche avoir trouvé ma revanche : je vais te toucher. Sais-tu ce qui est pire encore que la douleur ?
Ellie refusa d'aller sur ce terrain-là. Les allusions égrenées par Rage, jusqu'ici, n'annonçaient rien de bon. Mais comme il attendait visiblement une réponse et qu'elle ne tenait pas à voir sa colère revenir, il fallait bien dire quelque chose.
- Non. La douleur est ce qu'il y a de pire, d'après moi.
- Le pire, c'est quand ton corps te trahit. Quand tu sens qu'il en redemande contre ton gré. On apprend à se méfier des autres... pas de soi-même. Cette leçon-là, crois-moi, elle apprend l'humilité. Et ça va nous permettre d'obtenir la réponse à une question qui me taraude.
Qu'est-ce qu'il me chante, là ? Elle fronça les sourcils ; Rage se fendit d'un rictus carnassier. La jeune femme sentit son cœur s'accélérer en le voyant lorgner sa poitrine. Puis quand il lui effleura le ventre. La main baladeuse remonta, la paume se referma sur un sein. Une paume brûlante, immense. Elle paniqua quand il commença à serrer.
- Quelle douceur... Et quelle volupté, pour une femme si menue...
Il baissa la tête après lui avoir lâché le sein. Ellie hoqueta en sentant le souffle tiède de Rage contre sa poitrine... puis de nouveau quand sa bouche chaude, humide, se referma sur un téton. Un croc effleura l'épiderme ultrasensible ; une langue râpeuse glissa sur la pointe du sein. Ellie eut un soubresaut et ferma les yeux.
Une onde de plaisir irradia du téton jusqu'au ventre, secoué d'un premier spasme. Elle se mordit la lèvre inférieure pour réprimer un gémissement, abasourdie par sa propre réaction. Quand il se mit à suçoter avec vigueur, les mouvements de sa bouche envoyèrent des décharges dans tout le corps d'Ellie. Il se gardait de lui faire mal ; elle se savait pourtant à sa merci. Consciente que son intimité était déjà trempée, elle referma les cuisses sur cette preuve flagrante de son état d'excitation.
Il a raison, c'est pire, trancha-t-elle, abasourdie par la façon dont son corps réagissait aux sollicitations de Rage. Brûlante de désir, elle sentait son estomac se serrer à chaque succion. La sensation était si intense qu'elle irradiait jusqu'au clitoris ! Le jeu de langue continuait inlassablement. Le plaisir devenait presque douloureux ; elle était littéralement en feu. Ce type, avec sa langue, lui faisait vivre une expérience inédite. Elle eut beau se mordre la lèvre, cette fois, rien n'y fit : un gémissement lui échappa.
Il s'écarta en tirant sur le téton puis lâcha prise. Ellie déglutit avec peine sous le faisceau intense de ses yeux couleur chocolat : un grognement sourd monta de sa gorge. Puis il s'intéressa de nouveau à la silhouette de sa victime.

18 août 2022

Les yeux couleur de pluie, Tome 2 : Entre mes doigts coule le sable.


Titre : Les yeux couleur de pluie, Tome 2 : Entre mes doigts coule le sable.
Auteur : Sophie Tal Men.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 313 pages.
Prix : 7.70€.


Résumé :

 Pas facile de concilier médecine et vie privée quand on est interne à l'hôpital ! Marie-Lou - qui a quitté sa Savoie natale pour Brest - et Matthieu - le ténébreux surfeur - sont tombés amoureux au premier regard. Mais entre leurs stages en psychiatrie et en neurochirurgie, les nombreuses gardes à effectuer, les apéros au Gobe-mouches et les fêtes carabines, leur histoire d'amour n'est pas un long fleuve tranquille. C'est plutôt la valse des sentiments... surtout quand leurs proches deviennent leurs patients. Matthieu parviendra-t-il à vaincre ses peurs et à laisser Marie-Lou entrer dans sa vie ? Marie-Lou apprendra-t-elle à laisser glisser le sable entre ses doigts ?


Extrait :

 Avec l'aide d'Éric, j'ai appris petit à petit à apprivoiser Tournos et je me sens de plus en plus à l'aise avec lui. J'aime sa bienveillance et son écoute attentive. Son respect des patients, ses analyses justes et fidèles de leur pathologie. Est-il moins exubérant qu'il n'y paraît ? Ai-je décrypté ses codes ? Peut-être les deux. Le premier jour, je l'ai vouvoyé, ce qui l'a fait pester. Le deuxième, j'ai évité le « tu ». Le troisième, j'ai pris le plu anglo-saxon et le quatrième, je l'ao appelé Hubert le plus simplement du monde.
- Marie-Lou s'est bien fait rembarrer tout à l'heure, déclare Éric en me voyant arriver. Tu aurais vu ça, Hubert.
Tournos hausse les épaules et m'interroge du regard.
- Je ne sais plus quoi répondre au gastro-entérologue, finis-je par marmonner. Grégoire Philbert ne peut pas avoir des fibroscopies toutes les semaines, ce n'est pas possible. Je ne sais plus quoi faire. Supprimer toutes les fourchettes du service ? Je suis sûre qu'il trouverait autre chose. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi... Pourquoi se fait-il du mal ? Pourquoi de cette manière-là ?
La visage d'Hubert s'anime de rictus incessants.
- Grégoire est très anxieux depuis quelques semaines. Le décès de son père l'a complètement déstabilisé. C'est sa façon de calmer ses angoisses.
- En avalant des couverts ?
- Oui... C'est une automutilation comme une autre. Il cherche à se faire du mal. Ses idées délirantes lui paraissent insurmontables, il ne reconnaît plus le monde dans lequel il vit. Ça s'impose à lui brusquement et il passe à l'acte.
- Et on fait quoi ? À court terme ?
- Ha ha ha ! Marie-Lou et ses réflexes d'urgentiste !
Je ne vois vraiment pas ce qui le fait éclater de rire. Je ne vais quand même pas le laisser s'exploser le ventre toutes les semaines ?
- On le rassure, on le recadre, continue-t-il. Bref, on poursuit notre travail de longue haleine.
J'aspire doucement ma gorgée de thé chaud en écoutant mon maître-penseur et tourne en boucle sa dernière phrase dans ma tête : « un travail de longue haleine... »
- Chi va piano va sano, comme dirait mon grand-père.
Hubert me sourit comme si j'avais tout compris.
- Rien ne sert de courir, il faut partir à point, aurait dit le mien, ajoute-t-il.

17 août 2022

Off the Map, Tome 2 : Wild Boy.


Titre : Off the Map, Tome 2 : Wild Boy.
Auteur : Lia Riley.
Genre : Romance.
Edition : City.
Nombre de page : 313 pages.
Prix : 17.90€.


Résumé :

Ils vivent une passion infinie où rien n'est garanti, mais tout est possible...

 Leur amour n'était destiné à durer que le temps d'un été. Et pourtant.

Lorsque Natalia est tombée amoureuse de Bran, le beau surfeur aux yeux verts hypnotiques, son univers sombre a soudainement été illuminé. De son côté, Bran a été irrésistiblement attiré par celle qui lui a volé son coeur comme aucune autre fille.

Mais il y a un problème : Natalia n'a qu'un visa de quelques mois en Australie, elle n'est pas censée rester dans ce pays coloré, rude, sauvage... et si loin de chez elle. Doit-elle accepter de tout quitter pour vivre cette passion sauvage ? Peut-être. Encore faut-il que les fantômes surgis de son douloureux passé lui en laissent la possibilité...


Extrait :

 Je m'appuie sur le côté de ma Kingswood. Le lampadaire scintille, effaçant les étoiles dans le ciel du soir qui tombe. Talia prend un temps dingue. Qu'est-ce qu'elle a en tête, là ? Une balade ? Un plan romantique ? Je ne suis pas d'humeur. Sur le point de mettre fin à son petit manège, je contourne la voiture, quand elle ouvre la porte et, vêtue de mon sweat noir à capuche préféré, d'immobilise dans la lumière du hall.
Attends... Pourquoi elle a pris mon sac à dos ?
- Elles sont où, tes planches ? demande-t-elle.
Elle descend de la véranda en s'attachant les cheveux.
Je suis stupéfait. Elle veut aller surfer ? Maintenant ?
De tout ce que j'aurais pu imaginer, elle a trouvé le plus inattendu.
- Regarde, dit-elle, la tête vers le ciel. C'est la pleine lune ou presque.
Mes tripes se serrent, une bataille s'engage entre l'amour fou et l'instinct de protection. Cette fille a un accès libre vers mon coeur !
Elle me renverse d'une façon qui ne devrait pas être autorisée par la loi. Ce qu'elle voit en moi, je préférerais le garder enfoui au plus profond de mon être. J'avance dans l'allée et pose les mains sur le portail.
- Allons, Capitaine. On rentre à la maison. Il faut qu'on dorme un peu.
Elle arrive en bas des marches.
- Hors de question. Je n'ai aucune idée de ce qui t'arrive, mais je n'ai pas du tout envie de rester à te regarder ériger la Grande Muraille.
- Tu as froid.
Je me penche vers elle et tire sur la ficelle du sweat-shirt. Elle a mis un bonnet en laine gris qui lui recouvre le front.
- Non, moi, ça va très bien, riposte-t-elle en tapotant le sac à dos de son pouce. J'ai pris une nouvelle tenue étanche, une petite merveille imperméable et chaude. Et avec ça, des bottes et des gants. Je vais être comme un poisson dans l'eau ou, pour être plus exact, dans le néoprène. J'ai aussi pris ta tenue et ton matériel. Je sais pas où tu ranges tes planches.
Le vent taquine mes cheveux. C'est une légère brise du nord ; les vagues doivent être parfaites. Talia a raison : la lune est presque pleine.
Je me frotte la nuque.
- On pourrait aller vers le South Arm. Ça nous prendra dans les trente minutes. Clifton devrait être pas mal. Je connais une plage de sable sympa ; un super beach break.
- Alors, qu'est-ce que t'attends ?
C'est vraiment de l'enthousiasme ou juste de la bravade ?
- Tu as beaucoup surfé cet été ?
- Une fois par semaine, je dirais. Plus que jamais.
Elle pose la tête sur mon épaule.
Je suis tenté. Les sorties de nuit sont extra. On est face au vide, au néant, les sens en état d'alerte absolue. Cependant, avec le niveau de Talia, meilleur que ce qu'elle prétend, mais pas loin de débutant tout de même, je ne veux pas me retrouver dans une mauvaise situation pour les mauvaises raisons.
- Je suis un peu nerveuse, c'est tout.
Comment elle fait ça ? Elle lit dans mes pensées ou quoi ? Ou peut-être juste que j'envoie des messages subliminaux peu encourageants.
Elle s'efforce de se montrer courageuse pour moi, et il faut que je fasse de même.
- OK, on y va, alors. Les planches sont derrière ; je vais les chercher.
Une heure plus tard, au bord de la plage, je remonte la fermeture dans le dos de la combinaison de Talia. La lune miroite sur l'eau noire. Les vagues se succèdent, régulières et propres. Je prends une profonde respiration, me délectant de la fraîcheur des embruns et du parfum envoûtant du varech en décomposition. Toute mon attention est mobilisée par mon anticipation, mes sens aiguisés par l'obscurité.
Talia s'approche de moi, fébrile.
- Partante, vraiment ?
- Oui, bien sûr !
Un autre rouleau se brise. Les conditions sont idéales. Si elle change d'avis, je ferai quand même une petite glisse rapide.
Peut-être deux, allez.
- C'est quoi, ce bruit ? demande-t-elle en se figeant. Là, encore une fois. T'as entendu ?
Je me concentre et souris quand je perçois une sorte de braiment qui provient des brisants.
- Les manchots pygmées.
- Sérieux ? Il y a des manchots par ici ?
- Bien sûr. En été, ils construisent des terriers le long de la côte. Si tu te balades à côté d'une colonie après la tombée du jour, c'est carrément le vacarme.
- Des manchots, murmure-t-elle. C'est trop cool !

14 août 2022

Sidhe, Tome 3 : Double vue.


Titre : Sidhe, Tome 3 : Double vue.
Auteur : Sandy Williams.
Genre : Bit-lit.
Edition : Milady.
Nombre de page : 454 pages.
Prix : 8,20€.


Résumé :

Une guerre sanglante, un amour impossible.

 McKenzie est une diseuse d'ombres, mais son inestimable don n'a cessé de mettre sa vie et celles de son entourage en péril. Déchirée entre le fae qu'elle aime et celui auquel elle est liée, la jeune femme doit faire la lumière sur les dessous de la guerre si elle veut y mettre un terme. Armée de dangereux secrets et épaulée par de puissants alliés, par ses actes elle divisera le Royaume à tout jamais... à moins qu'elle le sauve.


Extrait :

 Je me rends compte une seconde plus tard que je n'aurais rien dû dire. J'ai obéi à mon besoin de rassurer Kyol, mais le visage d'Aren se ferme et je devine ce qu'il pense : je ne suis pas de son côté. Je suis du côté de l'homme avec qui j'ai formé un lien.
- Aren...
- J'en apprendrai plus à Corrist, dit-il. Je vous enverrai des vêtements secs et des vivres.
- Non, intervient Kyol. Tu vas rester avec McKenzie.
Aren tourne lentement la tête vers le seigneur général de Lena. Les émotions de Kyol sont stables et calmes à présent. Il 'en va pas de même pour celles d'Aren. La tension de ses muscles me saute aux yeux comme si c'était nous que le lien unissait. Techniquement, Kyol est le supérieur hiérarchique d'Aren, mais je ne pense pas qu'il lui ait souvent donné des ordres. À vrai dire, je doute qu'ils aient été souvent en contact ces dernières semaines.
- Je vais y aller, insiste Aren. Tu escorteras McKenzie jusqu'à Corrist. Le trajet devrait être assez sûr.
Ce sera un long voyage, une journée entière de marche. De quoi me laisser le temps de découvrir ce que je peux faire pour récupérer Aren.
- Non, dit Kyol.
S'il s'était agi d'un autre qu'Aren, il aurait su que ce n'est pas la peine de discuter avec Kyol quand il parle sur ce ton. Même la pluie cesse de tomber, presque comme si elle se pliait à la voix autoritaire de Kyol.
Mais on ne refait pas Aren, et bien qu'il soit désormais membre du gouvernement légitime du Royaume, il reste un rebelle dans l'âme.
- J'ouvre une fissure, dit-il. Si tu choisis de m'imiter, ce sera toi qui la laisseras seule.
Un rai de lumière blanche fend le vide à côté de lui.
- Attends ! aboie Kyol. Emmène-là juste hors de la ville. Je te rejoindrai à l'approche du bâtiment le plus à l'ouest de Tholm.
Puis avant qu'Aren ait pu entrer dans sa fissure, Kyol en ouvre une à son tour et disparaît.
Aren jure.
- Je ne suis pas si repoussante que ça, si ? je demande sur un ton léger.
Aren pose ses yeux argentés sur moi et me fait comprendre au regard qu'il me jette derrière ses cils sombres que ce que je viens de dire est ridicule. Je me contente d'un minuscule haussement d'épaules enserre mon corps secoué de frissons et me mets à marcher.
- Était-ce vraiment nécessaire que tu te débarrasses de tes chaussures et de ta cape ? me demande Aren en m'emboîtant le pas.
Il observe mes pieds nus. Ce n'était pas une erreur de jeter mes chaussures - mes orteils étaient déjà gourds et j'ai une meilleure prise sur le sol sans - mais retirer la cape en a peut-être été une.
Au lieu de l'admettre, je dis :
- Tu as retiré la tienne.
- C'est plus facile de se déplacer sans.
- Exactement.
- Sans compter que je peux me tenir chaud, dit-il.
- Si tu as envie de me tenir chaud, c'est quand tu veux.
Même dans le noir, je vois une étincelle briller dans ses yeux argentés quand il me regarde.
- Tu as décidé de rendre les choses difficiles, n'est-ce pas ?
Nous nous engageons sur un pont incurvé en pierre.
- Si tu fais allusion au fait que tu m'as larguée, alors oui.
- Tu as rendu les choses aussi difficiles pour Taltrayn ?
- Je...
Cette question me prend de court, et je ne sais pas trop comment y répondre. Avec Kyol, je savais pourquoi il gardait ses distances. J'en respectais même la raison, et je croyais au début que la culture humaine nuisait au Royaume. Au fil des années, j'ai commencé à en douter, mais je n'ai jamais douté de Kyol. Il était noble et n'avait qu'une parole, et à chaque fois qu'il m'a dit qu'on ne pouvait pas être ensemble, j'ai essayé de tourner la page.
Je regarde Aren tandis que nous passons au-dessus d'un canal. Je n'ai aucune envie de tourner la page à présent.
- Je ne les ai pas rendues faciles, dis-je enfin, me focalisant sur la longue allée devant nous.
Nous approchons de la limite de la ville. Les maisons sont plus larges, les devantures des échoppes moins collées les unes aux autres, et même si plusieurs heures nous séparent encore de l'aube, les ombres entre les bâtiments ne semblent pas aussi épaisses ici.
Mais il fait toujours un froid glacial, et Aren ne s'est pas rapproché d'un centimètre.
Je cesse de marcher et me tourne vers lui.
- Et si tu me disais ce qui ne va pas ?
Presque à contrecœur, il soutient mon regard.
- Je ne comprends pas pourquoi tu es ici, dit-il. Tu as la vie normale que tu as toujours voulue.
Sans détourner les yeux, je penche la tête de côté.
- Tu ne sais donc pas que je ne pourrai jamais être une humaine normale ?
Au sourire qui naît sur son visage, je vois qu'il reconnaît ces mots. C'est ce qu'il m'a dit il y a deux mois, juste après l'attaque des miliciens en Allemagne. Je luttais encore contre mon attirance pour lui, m'accrochant à l'espoir que je lisais les ombres pour un roi bon et honnête.

12 août 2022

En voiture, Simone !


Titre : En voiture, Simone !
Auteur : Aurélie Valognes.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 241 pages.
Prix : 7.20€.


Résumé :

 Pour une comédie familiale irrésistible, il vous faut : un père, despotique et égocentrique, Jacques. Une mère, en rébellion après quarante ans de mariage, Martine. Leurs fils, Matthieu, éternel adolescent mais bientôt papa de trois enfants ; Nicolas, chef cuisinier le jour et castrateur tout le temps ; Alexandre, rêveur mou du genou. Et... trois belles-filles délicieusement insupportables ! Stéphanie, mère poule angoissée ; Laura, végétarienne angoissante ; Jeanne, nouvelle pièce rapportée, féministe et déboussolée, dont l'arrivée va déstabiliser l'équilibre de la tribu. Mettez tout le monde dans une grande maison en Bretagne. Ajoutez-y Antoinette, une grand-mère d'une sagesse à faire pâlir le dalaï-lama, et un chien qui s'incruste. Mélangez, laissez mijoter... et savourez !


Extrait :

 Ils étaient tous arrivés. Nicolas et Jeanne en même temps qu'Alexandre et Laura. Cela en faisait du monde. La longue table de cuisine était dressée pour dix. Les deux jeunes garçons étaient déjà assis et engloutissaient les pâtes à la bolognaise de leur grand-mère. Posté à un angle, le jack russel de Laura guettait la moindre opportunité de grappiller un peu de nourriture.
- À table tout le monde ! cria Martine. C'est prêt et ça va refroidir.
- On ne prend pas l'apéro ? Pour fêter les vacances ? proposa Jacques.
- Pas midi et soir, papa, lui rappela Nicolas. N'est-ce pas, maman ? Jeanne, tu termines ta cigarette, on passe à table !
- Fumer avant de manger... On aura tout vu ! Ça tue le goût et ça va finir par être un handicap dans son métier, insista Jacques en observant sa belle-fille, dehors sous le crachin breton.
- À sa décharge, tout le monde fume au restaurant. Mais il pue, ce chien ! remarqua Nicolas.
- Ah, merci ! fit Jacques. C'est une vraie infection, je suis d'accord. Si tu pouvais le dire à Laura pour qu'elle le fasse sortir de la cuisine, tu nous sauverais. Si c'est moi qui le demande, je vais encore me faire envoyer balader.
Stéphanie entra dans la cuisine et mit les mains sur sa bouche.
- C'est quoi cette odeur ? On dirait que quelqu'un a vomi !
- On soupçonne le chien, avança Jacques, content, pour une fois, de trouver en Stéphanie une alliée potentielle.
- De toute façon, ce n'est pas hygiénique, un chien dans une cuisine, enchaîna Nicolas.
- Laura, il pue ton chien ! lança Stéphanie. Tu ne l'as jamais lavé ou quoi ? J'ai envie de vomir. Je suis désolée, mais il ne reste pas dans la cuisine. Allez, oust, Jack ! ordonna-t-elle en le poussant du pied.
Laura saisit l'animal pour le collier et le fit sortir à contrecœur de la cuisine. Quand elle revint, Jacques lui demanda :
- Pourquoi « Jack » déjà ?
- Et pourquoi pas ? Vous êtes content : j'ai mis le chien dans la pièce du fond...
- Moi, je n'ai rien dit ! se défendit Jacques. À table, tout le monde ! On va encore manger froid sinon.
- Ne crie pas, papa, on est tous là, fit observer Matthieu.
- Eh bien asseyez-vous, si vous êtes prêts. Il n'y a pas de plan de table, on n'est pas chez les Rothschild. Voilà, on va commencer à manger et les petits ont déjà fini ! remarqua Jacques, irrité. Servez-vous en asperges ! Mais où est passée Martine maintenant, il ne manque plus qu'elle. Martiiiiiiiiiiiiiine !
- Je suis là, ce n'est pas la peine de crier. J'étais allée chercher la bouteille de vin. Jeanne, tu nous expliques ce que tu as apporté ?
- Alors c'est un petit vin italien, un chianti, cépage sangiovese principalement. Il ira très bien avec la sauce tomate.
- Merci Jeanne. Stéphanie, je ne t'en propose pas ? tenta Jacques.
- Non merci, ce serait avec plaisir, mais je n'ai vraiment pas le droit.
- Vous avez vu ! continua Jacques, à une lettre près, chianti, ça s'écrit comme chiante... Tu as vu, Stéphanie ?
- Pourquoi vous me dites ça à moi ?
Sans même répondre, il se tourna vers son autre bru :
- Laura ? Il semble être sans sulfites. Tu en veux ? Tu ne prends pas d'asperges ? Elles sont bio pourtant. Martine est allée les acheter chez Biocoop spécialement pour toi.
- Non, merci, je n'aime pas les asperges, précisa Laura.
- Mais qu'est-ce que tu aimes, comme fruits et légumes ? Que l'on sache une bonne fois pour toutes... Si je me souviens bien, tu n'aimes pas la betterave, le kiwi, et maintenant les asperges. Ce n'est pas un peu contraignant quand on est végétarienne ?
- Ce n'est pas tout à fait ça. Le kiwi, je suis allergique.
- Moi, j'ai entendu dire qu'il y avait des allergies croisées entre le kiwi et le latex, dit Jeanne. C'est vrai, Laura ?
Laura devint toute rouge. Nicolas donna un grand coup de pied sous la table à Jeanne.

10 août 2022

The boy next door.


Titre : The boy next door.
Auteur : Penelope Ward.
Genre : Romance.
Edition : Hugo & Cie.
Nombre de page : 421 pages.
Prix : 7.60€.


Résumé :

 Chelsea s'installe dans un nouvel appartement après une rupture amoureuse douloureuse. Le changement lui fera le plus grand bien et lui permettra de rencontrer de nouvelles personnes. Justement, son voisin d'en face, Damien, est sexy et amusant. Partager le même palier est un peu compliqué au début : il possède deux chiens très bruyants et les murs qui les séparent sont un peu trop fins. Cependant, ils deviennent vite les meilleurs amis du monde. Chelsea qui pensait ne jamais oublier son ex, Elec, se surprend à imaginer bien plus qu'une simple amitié avec Damien, mais il semble réticent à envisager autre chose. Chelsea n'est pas sûre de pouvoir se contenter de cette relation amicale et surtout, elle veut en savoir davantage sur Damien, qui paraît cacher bien des secrets.
Nouvel appartement, nouvelle vie.


Extrait :

 - Sérieux, ils aboient super fort aujourd'hui, dis-je en me frottant les yeux.
La voix de Damien au téléphone était trop claire et enjouée si tôt le matin.
- Pourquoi ne viens-tu pas prendre le petit déjeuner avec nous ? Si tu ne peux pas les battre, joins-toi à eux.
- Alors le seul moyen de faire taire les Double D est de venir chez toi ? Sérieusement, il doit bien y avoir une meilleure solution.
- Meilleure que de petit déjeuner avec nous ? Tu leur manques.
- J'en doute fortement.
Ces dernières semaines, Damien et moi avions commencé à remarquer que, pour une raison inconnue, les chiens s'arrêtaient d'aboyer quand je venais me plaindre le matin. Dès que je rentrais chez moi, les aboiements reprenaient. C'était comme s'ils me provoquaient.
- Viens, je te ferai du café et des œufs. Par contre, si tu veux des tartines grillées, il faut venir avec le grill.
- Je vais me faire griller quelques tranches de pain et les apporter, dis-je en enfilant des vêtements avec le sourire.
- On va oublier le bacon, dit-il en riant.
- Hmmm... ouais. Pas de bacon, s'il te plaît.
Damien avait laissé sa porte entrouverte et vidait une poêle pleine d'œufs brouillés sur deux assiettes quand j'entrai.
Un plat de toasts dans les mains, je lançai :
- Tu as vu, ils ne sont même pas brûlés.
- Tu ne devais pas être en train de lire.
Dudley et Drewfus m'entourèrent, mais comme je m'y attendais, ils s'étaient arrêtés d'aboyer dès que j'étais entrée.
Espérant récupérer quelques miettes, ils s'assirent à nos pieds tandis que Damien et moi mangions à la table de la cuisine.
- C'est fou comme ils sont calmes.
- Ils sont calmes quand ils sont contents, fit-il remarquer après avoir pris une bouchée de pain grillé.
- Alors tu veux dire qu'ils sont plus heureux quand je suis ici ?
- Peut-être qu'ils aiment avoir une présence féminine quand ils se réveillent, ou peut-être juste qu'ils sentent quelque chose que les autres ne sentent pas.
- Quelque chose chez moi ?
- Tu sais comme leur odorat est puissant.
- Oui, je sais, dis-je en riant. Entre ton oreille supersonique et leurs nez hyper sensibles, je suis cernée, ici.
- Peut-être qu'ils aiment ton odeur.
- Tu veux dire que je suis comme un morceau de viande fumée pour eux ?
- Non. Tu sens meilleur que le bacon.
- Tu m'as sentie ?
- Oui.
- Et alors ? Je sens quoi ?
- Tu sens très bon. Une odeur sucrée.
- You bacon me paranoid.
Il se mit à rire.
- D'accord... donc soit ils aiment ton odeur, soit ils sentent juste que tu es une personne amicale et ils se calment quand tu es là.
Damien me regardait avec un air amusé qui me poussa à demander :
- On parle des chiens là, ou de toi ?
- Peut-être des deux.
Mon coeur se serra, mais je préférai l'ignorer.
Damien écrasa une tranche de pain grillé et jeta les miettes par terre. Les chiens se jetèrent dessus.
Puis il se leva pour verser une autre tasse de café.
- Je ressors avec Brian Steinway, ce week-end, annonçai-je.
Il remuait le sucre dans son café, mais sa main s'immobilisa un moment quand il m'entendit.
- Je ne savais pas que tu continuais à le voir. Ça faisait longtemps que tu ne m'en avais pas parlé.
Brian et moi étions sortis seulement quelques fois en l'espace d'un mois. Même s'il ne provoquait rien de spécial en moi, contrairement à Damien, je n'avais aucune raison légitime de ne plus sortir avec lui. Nous n'étions pas allés au-delà du baiser ; principalement à cause de ma propre hésitation.
- Ouais... je me dis pourquoi pas ? Il est plutôt gentil.
Damien reposa brusquement son mug.
- Plutôt gentil ?
- Oui.
- Tu réalises que tu viens juste de le démolir, là ? Alors pourquoi tu t'embêtes à passer plus de temps avec lui si tu n'es pas folle de lui ?
Parce que j'ai besoin de quelqu'un pour me distraire de toi.
En même temps, j'adore être avec toi.
- Qu'y a-t-il de mal à passer du temps avec quelqu'un ?
- Ce qu'il y a de mal, c'est qu'il s'attache de plus en plus à toi. Et je vais devoir le foutre à la porte quand il va se fâcher.
- Tu t'emballes, là.
- D'accord. On verra bien. Quoi qu'il en soit, tu ne devrais pas perdre ton temps avec lui s'il ne représente pas exactement ce que tu cherches.
- On ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut.
J'étais sûre que Damien ne savait absolument pas que c'est à lui que je faisais allusion. Je pensais réussir à cacher mes sentiments pour lui ces derniers temps en faisant comme si nous n'étions que des amis. Mais s'il y avait une chose que j'avais apprise, c'est qu'on ne contrôle pas l'attirance qu'on peut avoir pour quelqu'un. Quand elle est là, elle est là. On peut l'ignorer ou agir en conséquence, pas la contrôler. Mais j'étais reconnaissante envers Damien, même si les choses ne pouvaient pas dépasser le stade de l'amitié. Au moins, il m'avait aidée à arrêter de penser à Elec.
- Où t'emmène-t-il 
- Manger une fondue.
- Au moins, il trempera son bout dans quelque chose.
- Tu es méchant.
- Tu lui as dit que tu aimais avoir deux bouts ?
- Pardon ?
- Tu sais... deux mecs... deux bouts.
- Je n'aime pas ça du tout... je n'ai même jamais fait ça de ma vie.
- Je te taquine.
- Tu aimes ça.
- Avec deux bouts ?
- Non ! Me taquiner.
- J'adore ça, Chels. Surtout quand tu rougis.
- Tu ne m'avais jamais appelée Chels.
- Tu n'aimes pas ?
- Elec m'appelait comme ça, alors non. Je ne suis pas très fan.
- Bien, alors il faut qu'on trouve un autre surnom.
- Lequel ?
- Je vais y réfléchir, dit-il avec un grand sourire.
- Oh non...
Damien posa son menton dans sa main.
- Il y a d'autres noms qui sont bannis ?
- Caméléon.
- Caméléon ? Pourquoi je t'appellerais « Caméléon » ?
- Elec mélangeait les lettres des mots pour en faire de nouveaux. Il a découvert un jour qu'avec les lettres de mon nom et de mon prénom, on pouvait faire, « chaméléon saje ». Je lui ai bien dit que ça ne s'écrivait pas comme ça, mais le surnom est resté.
- Hmmm. Elec n'est pas si intelligent que ça. Qu'est-ce qu'on trouve si on joue avec les lettres « tête de cul » ?
- Tu connais mon avis sur la question, dis-je en riant.
- Sucette ? proposa-t-il en riant. Ah non, il reste des lettres. Mais je comprends qu'on puisse devenir accro à cette connerie.
- Aux sucettes ou aux anagrammes ? plaisantai-je.
- Aux deux.
- En fixant Damien, je me dis combien j'étais heureuse d'avoir au moins trouvé un ami et un protecteur en lui.
- Tu es une bonne pâte, Damien. Et je suis sûre que tu cuisines aussi très bien les pâtes.
- C'est ma mère qui m'a appris à cuisiner.

8 août 2022

Les amours de Lara Jean, Tome 3 : Pour toujours et à jamais.


Titre : Les amours de Lara Jean, Tome 3 : Pour toujours et à jamais.
Auteur : Jenny Han.
Genre : Jeunesse.
Edition : Panini Books.
Nombre de page : 352 pages.
Prix : 8.90€.


Résumé :

 "Il m'a promis d'appeler dès son retour de la salle de gym, et je garde mon téléphone près de moi la sonnerie réglée au maximum. Il a appelé ce matin pendant que je me douchais et, le temps que je m'en aperçoive, il avait déjà raccroché. Est-ce le futur que nous attend ? Ce sera différent quand j'aurai des cours, avec un planning précis, bien à moi. Pour le moment, j'ai l'impression d'être en haut d'un phare, à guetter le retour du navire de mon amoureux. Pour quelqu'un de romantique, ce n'est pas un sentiment complètement désagréable, pas pour le moment, du moins. Ce sera différent quand ce ne sera plus aussi nouveau, quand ne plus le voir chaque jour sera devenu la norme. Pour l'instant, je trouve un plaisir pervers dans le manque qu'il m'inspire."


Extrait :

 Après les cours, Peter m'emmène chez lui, parce que la maison est un bazar innommable à cause des affaires du mariage. La mère de Peter a son club de lecture après le travail et Owen va au foot, la maison sera donc toute à nous. Il me semble que nous ne sommes seuls que dans sa voiture, c'est donc un moment rare. Je rentre du lycée pour la dernière fois, et c'est Peter K. qui me raccompagne. Finir cette année comme elle a passé, assise sur le siège passager de Peter, c'est juste parfait.
Nous montons dans sa chambre et je m'assieds sur le lit, soigneusement fait, couverture bien tirée et oreillers tout gonflés. C'est une nouvelle couverture, sans doute achetée en prévision de l'université, un tartan cerise, crème et bleu marine probablement choisi par sa mère.
- C'est ta mère qui fait ton lit, non ? dis-je en m'allongeant.
- Oui, répond-il sans aucune honte.
Il s'affale sur le lit, m'obligeant à me pousser.
La lumière de cette fin d'après-midi filtre à travers les rideaux pâles et diffuse une lueur orangée dans la pièce. Si je devais donner un nom à ce filtre, je l'appellerais l' « été en banlieue ». Peter est magnifique, sous cet éclairage. Il est toujours beau, mais plus particulièrement maintenant. Je prends une photo mentale. J'oublie complètement que je lui en veux d'avoir oublié mon album de promo quand il se blottit contre moi et pose la tête sur ma poitrine avant de murmurer :
- Je sens battre ton coeur.
Je me mets à jouer avec ses cheveux. Je sais qu'il adore ça. Ils sont si doux, pour un garçon. J'aime le parfum de sa lessive, de son savon, de tout.
Il lève les yeux vers moi et passe le doigt le long de l'arc de mes lèvres.
- C'est ce que j'aime le plus chez toi.
Il se redresse pour effleurer ma bouche de la sienne, pour me provoquer. Il me mordille la lèvre inférieure, taquin. J'aime ses différents baisers, mais sans doute ceux-là sont-ils les meilleurs. Puis il m'embrasse avec flamme, les mains dans mes cheveux. Je reviens sur mon choix, ce sont ces baisers-là que je préfère.
Entre deux baisers, il me demande :
- Pourquoi on ne se bécote jamais ailleurs que chez moi ?
- Je... Je ne sais pas. Je n'y avais jamais réfléchi.
C'est vrai qu'on ne s'embrasse que chez lui. Je trouverais dérangeant de le faire dans le lit que j'occupe depuis toute petite. Mais quand je suis sur le lit de Peter ou dans sa voiture, j'oublie tout et je me laisse prendre par l'instant.
Nous nous embrassons encore. Peter a retiré son tee-shirt, mais pas moi, quand le téléphone sonne en bas. Peter déclare que c'est sans doute le réparateur qui annonce quand il viendra pour les tuyaux. Il remet son haut et descend répondre. En l'attendant, je fais le tour de sa chambre du regard et j'aperçois mon album de promo sur son bureau.
Je me précipite pour regarder la quatrième de couverture. Il n'y a toujours rien d'écrit. Quand Peter revient, je suis de nouveau sur le lit. Je ne parle pas de l'album. Je ne demande pas pourquoi il n'a toujours rien noté. Je ne sais pas trop pourquoi... Je lui annonce que je vais rentrer car Margot doit revenir d'Écosse ce soir et je veux remplir le frigo de ses plats préférés.
Peter se rembrunit.
- Tu ne veux pas rester un peu plus longtemps ? Je pourrais t'emmener faire des courses.
- Je dois aussi nettoyer l'étage, dis-je en me levant.
Il me tire par la chemise et tente de m'attirer de nouveau sur le lit.
- Allez, juste cinq minutes.
Je me rallonge et il se blottit contre moi, mais je pense toujours à mon album de promotion. Je travaille sur son scrapbook depuis des mois, il pourrait au moins trouver quelque chose de gentil à écrire sur mon album souvenir.
- C'est un bon entraînement pour la fac, murmure-t-il en m'enveloppant étroitement de ses bras. Les lits sont petits à l'UVA. Ils sont comment, à l'UNC ?
Dos à lui, je réponds :
- Je ne sais pas. Je n'ai pas visité les dortoirs.
Il pose la tête entre mon cou et mon épaule.
- C'était une question piège, avoue-t-il en souriant. Pour vérifier que tu n'étais pas allée dans la chambre de je ne sais quel type de l'UNC avec Chris. Bravo, tu as passé le test.
Je ne peux m'empêcher de rire, puis je m'assombris. C'est à mon tour de tendre un piège.
- Oh, rappelle-moi bien de prendre mon album de promo quand nous partirons.
Il se raidit une seconde, puis reprend d'un ton léger :
- Il va falloir que je le cherche. Il est par là, mais je ne sais pas trop où. Si je ne le trouve pas, je te l'apporterai plus tard.
Je me dégage et m'assieds. Il me regarde, perplexe.
- Peter, je l'ai vu sur ton bureau. Je sais que tu n'as encore rien écrit.
Il s'assied à son tour, soupire et passe la main dans ses cheveux d'un geste raide. Il me jette un regard, puis baisse les yeux.
- Je ne sais pas quoi écrire. Je sais que tu as envie d'un truc spécial, romantique, mais je ne sais pas quoi dire. J'ai essayé plein de fois, mais mon esprit est comme figé. Tu sais, je ne suis pas doué pour ce genre de trucs.
- Je me moque de ce que tu dis, du moment que cela vient du coeur, dis-je avec sincérité. Sois mignon. Sois toi-même.
Je me rapproche et passe les bras à son cou.
- D'accord ?

7 août 2022

Crossfire, Tome 5 : Exalte-moi.


Titre : Crossfire, Tome 5 : Exalte-moi.
Auteur : Sylvia Day.
Genre : Romance.
Edition : J'ai lu.
Nombre de page : 495 pages.
Prix : 14.90€.


Résumé :

 Gideon Cross. Tomber amoureuse de lui a été la chose la plus facile que j'ai jamais faite. C'est arrivé instantanément. Irrévocablement. L'épouser, c'était un rêve devenu réalité. Rester mariée à ses côtés est le combat de ma vie. L'amour vous transforme. Le notre est à la fois un refuge dans la tempête, mais aussi la plus violente des tempêtes. Deux âmes brisées qui s'entremêlent pour n'en former qu'une seule. Nous avons révélé nos plus profonds et plus hideux secrets. Gideon est le miroir qui reflète mes défauts... et aussi toute la beauté que je ne pouvais pas voir. Il m'a tout donné. Désormais, je dois lui prouver que je peux être son roc, être ce même refuge qu'il représente pour moi. Ensemble, nous pouvons affronter ceux qui tentent de s'interposer entre nous. Mais notre plus grande bataille se trouvent dans les vœux qui nous lient. Se promettre de s'aimer n'était que le début. Se battre pour cet amour nous libérera... ou nous séparera à jamais.


Extrait :

 Je me sentais hors de mon élément, ce à quoi j'aurais dû être habitué depuis que j'avais rencontré Eva, mais elle avait toujours été une sorte de point d'ancrage, même quand elle me faisait chanceler. Tant que je m'accrochais à elle, je pouvais affronter toutes les tempêtes. Du moins le pensais-je.
La cherchant du regard, je fus soulagé de la voir s'approcher de moi d'un pas sautillant qui agitait sa queue-de-cheval.
- Goûte ça, ordonna-t-elle en portant un biscuit à mes lèvres.
J'ouvris la bouche et je refermai les dents une fraction de seconde trop tôt, lui mordant délibérément les doigts.
- Eh !
Elle fronça les sourcils. La douleur de la morsure eut l'effet escompté, et elle concentra son attention sur moi. Elle comprit tout de suite. Elle avait lu en moi.
- Tu veux aller dehors ? murmura-t-elle.
- Dans une minute, dis-je en désignant du menton le bar où Stanton me remplissait un verre.
Je lui attrapai le poignet pour la garder près de moi. La maintenir à l'écart du groupe m'agaçait. Je ne voulais pas être un de ces hommes qui étouffent la femme qu'ils aiment. Il me fallait du temps pour m'habituer à tout cela. La distance que je m'appliquais à maintenir avec les autres, y compris Cary, ne serait pas acceptable avec Stanton et Monica. Pas après avoir constaté combien Eva prenait de plaisir à être avec sa famille.
Elle se sentait en sécurité parmi eux, détendue. Alors que ce genre de réunions était pour moi synonyme de danger.
Je m'ordonnai de me calmer quand Stanton revint avec nos verres. Pour autant, je ne baissai pas la garde.
Martin approcha et nous présenta sa copine. Tous deux nous félicitèrent. Les choses se passèrent comme prévu et cela m'apaisa un peu, quoique pas autant que le double scotch que je vidai d'un trait.
- Je vais lui montrer la plage, annonça Eva en me prenant mon verre vide des mains.
Elle le posa sur une table basse tandis qu'elle m'entraînait vers la baie vitrée.
Il faisait plus chaud à l'extérieur - l'été semblait vouloir s'attarder. Une brise chargée d'embruns rabattit mes cheveux sur mon visage.
Nous marchâmes jusqu'au rivage, main dans la main.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en me faisant face.
L'inquiétude dans sa voix me hérissa.
- Tu savais qu'il s'agissait d'une sorte de fête de famille pour célébrer notre mariage ?
Mon ton était si tranchant qu'elle eut un haut-le-corps.
- Je ne l'avais pas vue ainsi. Et maman n'a pas non plus appelé cette petite réunion ainsi, mais j'imagine que c'est logique.
- Pas pour moi.
Je pivotai sur mes talons et me mis à marcher face au vent.
- Gideon ! appela Eva en s'élançant derrière moi. Pourquoi es-tu fâché ?
Je me retournai d'un bloc.
- Je ne m'attendais pas à ça !
- À quoi ?
- Cette espèce de rituel d'intégration familiale.
- Je t'avais prévenu qu'ils étaient au courant, répondit-elle en plissant le front.
- Ça ne devrait rien changer.
- Heu... Dans ce cas, pourquoi le leur dire ? C'est toi qui voulais qu'ils le sachent Gideon. Que croyais-tu qu'il se passerait ? ajouta-t-elle comme je ne répondais pas.
- Je n'avais pas prévu de me marier, Eva, alors pardonne-moi de ne pas y avoir pensé.
- D'accord, dit-elle, levant les mains en un geste de reddition. Je suis un peu perdue, là.
Et je ne savais pas comment rendre les choses plus claires.
- Je ne peux pas... Je ne suis pas prêt pour ça.
- Prêt pour quoi ?
Je désignai la maison d'un geste impatient.
- Pour ça.
- Tu peux être plus précis ? demanda-t-elle prudemment.
- Je... Non.
- Est-ce que j'ai raté quelque chose ? insista-t-elle avec une pointe de colère. Qu'est-ce qu'ils ont dit, Gideon ?
Il me fallut un moment pour comprendre qu'elle se rangeait de mon côté. Ce qui ne dit que m'énerver davantage.
- Je suis venu ici pour être avec toi. Et tu passes ton temps avec ta famille...
- C'est aussi ta famille.
- Je n'ai pas demandé à ce qu'elle le soit.
À la compréhension qui se lut brièvement sur son visage succéda la pitié. Je serrai les poings.
- Ne me regarde pas comme ça, Eva.
- Je ne sais pas quoi dire. De quoi as-tu besoin ?
J'exhalai un soupir rauque.
- D'alcool.
Sa bouche s'incurva sur un sourire.
- Je suis sûre que tu n'es pas le premier jeune marié qui a envie de boire en présence de sa belle-famille.
- On peut éviter de les appeler ainsi, s'il te plaît ?
Son sourire disparut.
- Qu'est-ce que ça changerait ? Tu peux les appeler M. et Mme Stanton si tu veux, mais...
- Ce n'est pas moi qui ignore où est ma place.
- Je ne suis pas certaine d'être d'accord, répliqua-t-elle, les lèvres pincées.
- Il y a deux jours, ils m'auraient serré la main et appelé M. Cross. Là, ce sont des embrassades, des « appelez-moi maman » et des sourires pleins d'attente !
- En fait, elle t'a demandé de ne pas l'appeler maman, mais je comprends. Tu es devenu leur beau-fils, et ça te fait peur. Pourtant, qu'ils s'en réjouissent n'a rien d'affreux. Tu préférerais qu'ils réagissent comme mon père ?
- Oui.
La colère et la déception, je savais gérer.
Sous la lune, Eva recula d'un pas, le regard sombre.
- Non, me rétractai-je en me ratissant les cheveux - la décevoir, elle, je ne savais pas comment gérer. Putain, je n'en sais rien !
Elle m'étudia pendant une longue minute. Je détournai les yeux, regardai la mer.
- Gideon... dit-elle en se rapprochant de moi. Je comprends, franchement. Ma mère s'est mariée trois fois. Chaque fois, je me retrouvais subitement avec une nouvelle figure de père que je...
- J'ai un beau-père, l'interrompis-je sèchement. Ce n'est pas la même chose. On n'en a rien à foutre qu'un beau-père ne vous aime pas.
- C'est de ça qu'il s'agit ? dit-elle en m'enlaçant. Ils t'aiment déjà, tu sais.
Je l'attirai plus près.
- Ils ne me connaissent pas.
- Cela viendra. Et ils t'aimeront. Tu es le gendre dont rêvent tous les parents.
- Ne dis pas de conneries, Eva.
Elle me repoussa d'un geste plein de colère.
- Tu sais quoi ? Si tu ne voulais pas de beaux-parents, tu n'avais qu'à épouser une orpheline.
Elle fit demi-tour et se dirigea vers la maison au pas de charge.
- Reviens ici, aboyai-je.
Sans se retourner elle me fit un doigt d'honneur.