Titre : Les yeux couleur de pluie, Tome 2 : Entre mes doigts coule le sable.
Auteur : Sophie Tal Men.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 313 pages.
Prix : 7.70€.
Résumé :
Pas facile de concilier médecine et vie privée quand on est interne à l'hôpital ! Marie-Lou - qui a quitté sa Savoie natale pour Brest - et Matthieu - le ténébreux surfeur - sont tombés amoureux au premier regard. Mais entre leurs stages en psychiatrie et en neurochirurgie, les nombreuses gardes à effectuer, les apéros au Gobe-mouches et les fêtes carabines, leur histoire d'amour n'est pas un long fleuve tranquille. C'est plutôt la valse des sentiments... surtout quand leurs proches deviennent leurs patients. Matthieu parviendra-t-il à vaincre ses peurs et à laisser Marie-Lou entrer dans sa vie ? Marie-Lou apprendra-t-elle à laisser glisser le sable entre ses doigts ?
Extrait :
Avec l'aide d'Éric, j'ai appris petit à petit à apprivoiser Tournos et je me sens de plus en plus à l'aise avec lui. J'aime sa bienveillance et son écoute attentive. Son respect des patients, ses analyses justes et fidèles de leur pathologie. Est-il moins exubérant qu'il n'y paraît ? Ai-je décrypté ses codes ? Peut-être les deux. Le premier jour, je l'ai vouvoyé, ce qui l'a fait pester. Le deuxième, j'ai évité le « tu ». Le troisième, j'ai pris le plu anglo-saxon et le quatrième, je l'ao appelé Hubert le plus simplement du monde.
- Marie-Lou s'est bien fait rembarrer tout à l'heure, déclare Éric en me voyant arriver. Tu aurais vu ça, Hubert.
Tournos hausse les épaules et m'interroge du regard.
- Je ne sais plus quoi répondre au gastro-entérologue, finis-je par marmonner. Grégoire Philbert ne peut pas avoir des fibroscopies toutes les semaines, ce n'est pas possible. Je ne sais plus quoi faire. Supprimer toutes les fourchettes du service ? Je suis sûre qu'il trouverait autre chose. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi... Pourquoi se fait-il du mal ? Pourquoi de cette manière-là ?
La visage d'Hubert s'anime de rictus incessants.
- Grégoire est très anxieux depuis quelques semaines. Le décès de son père l'a complètement déstabilisé. C'est sa façon de calmer ses angoisses.
- En avalant des couverts ?
- Oui... C'est une automutilation comme une autre. Il cherche à se faire du mal. Ses idées délirantes lui paraissent insurmontables, il ne reconnaît plus le monde dans lequel il vit. Ça s'impose à lui brusquement et il passe à l'acte.
- Et on fait quoi ? À court terme ?
- Ha ha ha ! Marie-Lou et ses réflexes d'urgentiste !
Je ne vois vraiment pas ce qui le fait éclater de rire. Je ne vais quand même pas le laisser s'exploser le ventre toutes les semaines ?
- On le rassure, on le recadre, continue-t-il. Bref, on poursuit notre travail de longue haleine.
J'aspire doucement ma gorgée de thé chaud en écoutant mon maître-penseur et tourne en boucle sa dernière phrase dans ma tête : « un travail de longue haleine... »
- Chi va piano va sano, comme dirait mon grand-père.
Hubert me sourit comme si j'avais tout compris.
- Rien ne sert de courir, il faut partir à point, aurait dit le mien, ajoute-t-il.