Les yeux couleur de pluie, Tome 1.

Titre : Les yeux couleur de pluie, Tome 1.

Auteur : Sophie Tal Men.

Genre : Contemporain.

Edition : Le Livre de Poche.

Nombre de page : 253 pages.

Prix : 7.20€.

Résumé :

 Étudiante en médecine, Marie-Lou est, du jour au lendemain, affectée à Brest. Autant dire le bout du monde pour celle qui n'a jamais quitté sa Grenoble natale. Une nouvelle existence commence alors, loin des siens, de ses montagnes : il va falloir s'habituer au climat, à la région, à la colocation, aux collègues... Surtout, c'est l'insouciance et la légèreté de ses vingt-cinq ans qui vont être confrontées à la dure réalité du monde hospitalier. Une nuit, elle croisera Matthieu, interne en ORL. Ce loup solitaire, mystérieux et poétique, arrivera-t-il à lui faire une place dans sa vie ?

Extrait :

 J'aperçois dans la pénombre de l'entrée une silhouette en pyjama blanc. À cette heure avancée de la nuit, ça doit être un chirurgien qui finit son intervention. Il est immense, une vraie armoire à glace. Je parie que c'est un orthopédiste !

À peine a-t-il franchi les portes battantes que je me liquéfie. Cela ne fait aucun doute. C'est bien lui. Je reconnais ses cheveux en bataille, son menton carré, son long cou musclé, ses mains gigantesques. Le fantôme de l'autre nuit me regarde avec un petit sourire en coin. La même fossette.

J'en fais tomber ma fourchette, elle résonne sur mon assiette. Je ne peux m'empêcher de le fixer, interloquée. Eh non, Marie-Lou, ce n'était pas un rêve ! Ce garçon existe bel et bien... En plus, il a l'air de travailler dans le même hôpital que toi

Il s'approche avec son assiette, j'ai très envie de me glisser sous la table ni vue ni connue.

Ce ne serait pas plus bizarre que d'avoir un bonnet et un ciré en sortant de la douche !

Pourquoi ai-je la chair de poule ? Sûrement parce que j'ai ôté ma blouse et oublié mon pull...

Il s'installe en face de moi sans me quitter du regard. J'ai vraiment l'impression que je l'amuse, il plisse les yeux comme s'il se moquait. Je dois être coiffée n'importe comment, avoir des cernes énormes et peut-être même du rimmel qui coule sur les joues.

- Tu m'as habitué à des tenues plus intéressantes à cette heure du soir, me lance-t-il d'une voix enjôleuse.

Il va arrêter de me narguer ? Cette histoire me met très mal à l'aise, surtout le trou noir entre deux et onze heures du matin ! Que s'est-il donc passé au point de le faire tant sourire ? La colère monte, probablement favorisée par mon estomac vide.

- C'est quoi ton problème avec moi ? Je parle à toute vitesse. Il a l'air un peu surpris mais toujours aussi narquois. Je me suis retrouvée dans mon lit avec un ciré et un bonnet sur la tête. Je ne me souviens de rien sauf d'une chose : tu n'avais rien à faire chez moi à une heure pareille ! J'en oublie de reprendre ma respiration et continue, de plus en plus agacée. T'es qui d'ailleurs par rapport à Anna ? Je n'ai même pas encore osé lui en parler.

Je n'aime pas être aussi agressive et baisse les yeux sur mon assiette. Il faut que je me calme, je n'ai pour l'instant aucune raison de lui en vouloir. Juste peur de sa réponse. Mon ton se radoucit.

- J'imagine que tu as une bonne raison d'avoir les clés.

Le silence qui suit est interminable.

- Excuse-moi si je t'ai effrayée, l'autre soir, dit-il d'une voix tendre. Pour répondre à toutes tes questions, tu m'es tombée dans les bras alors que j'avais déjà du mal à tenir debout.

Dans ses bras ? Je n'ai quand même pas fait ça ! Mes joues rosissent.

Il continue, amusé :

- Je n'ai d'ailleurs jamais vu un marin aussi sexy... Je crois voir passer l'ombre d'un sourire et suis définitivement rouge écarlate. Je t'ai portée jusqu'à ton lit. Tu ronflais déjà... Ne t'inquiète pas, je n'ai rien tenté, même pas d'enlever ton ciré. Je ne suis pas du genre pervers. En plus, j'étais trop bourré pour envisager quoi que ce soit.

Je ronflais ? La honte ! Il paraît que ça m'arrive souvent quand j'ai un coup dans le nez.

Avis :

 Une petite lecture de 250 pages, c’est donc une romance contemporaine courte. J’ai passé un bon moment, mais, sans plus, que ça. Le manque de développement est sûrement la cause de mon désarroi, je reste clairement sur ma faim avec ce premier volume. Bien que l’histoire soit intéressante, presque addictive ; les scènes clés sont souvent coupées. On passe d’une journée à l’autre, voire d’un mois à l’autre ; cela donne du rythme, néanmoins le récit dans son ensemble ne prend pas le temps de « vivre » et d’être « vécu ». Pour être plus précise, je me suis légèrement attachée aux personnages, j’ai ressenti un peu d’émotion et la plume de l’auteur est plutôt « énergique ».

L’héroïne du nom de Marie-Lou est interne en médecine, plus précisément dans la neurologie. Pour continuer son rêve et travailler dans sa spécialité, elle doit partir loin de sa famille et de sa ville natale. J’ai aimé ses doutes au début du roman, je me suis beaucoup retrouvée en elle. Cela m’a donné l’impression d’être moins seule, d’avoir peur de partir de là où on a toujours habité. On laisse tout de même une part de nous-mêmes de côté et, s’en aller à des kilomètres de nos liens, c’est compliqué. J’ai parfaitement compris cette jeune femme de vingt-cinq ans. Malheureusement, je ne me suis pas encore tout à fait prise d’affection pour elle. Elle est agréable à suivre, pour le moment ; sauf que sa personnalité reste encore en surface, même à la fin de l’œuvre.

Matthieu est le cousin de sa colocataire et interne dans le même hôpital qu’elle. Alors, que dire sur ce héros ? Très difficile à cerner, il passe du chaud au froid. Toutefois, je le trouve très charmant et assez romantique. Donc une belle surprise envers ce personnage, pourtant décrit comme un « loup solitaire » dans le résumé. Un jeune homme avec un bel avenir devant lui, mais le passé à l’air de le rattraper. J’ai eu de la peine pour lui au moment de la révélation, je pense que c’est quelqu’un de bien ; avec un cœur plein d’amour à revendre. Matthieu est donc mystérieux, captivant et incroyablement sensible.

Alors, une belle histoire, dommage qu’elle ne possède pas vraiment de profondeur. Peu de surprises dans ce premier tome, c’est un feel-good romancé où j’ai voyagé encore une fois en Bretagne. Heureusement, il y a des expressions ainsi que des passages pittoresques et drôles. Mais le petit plus de cette œuvre, c’est le sujet de la médecine. On découvre les journées et nuits de Marie-Lou et des autres personnages dans cet univers, certes le vocabulaire médical n’est pas toujours simple à saisir ; cependant, c’est d’une richesse infinie. La romance ne s’impose pas dès les premières pages. En effet, juste après la rencontre, ils apprennent réellement à se connaître, avec bien, évidemment, des instants cocasses, et d’autres, doux, et vibrant de sentiment. La relation entre Marie-Lou et Matthieu paraît prometteuse pour les tomes suivants. « Les yeux couleur de pluie » délivre un récit simple, tout en étant inédit dans mes connaissances littéraires.

Sophie Tal Men est avant tout neurologue dans sa vie, dans ses remerciements elle formule le parcours de ce premier livre, « entre deux consultations » les aventures de Marie-Lou et Matthieu sont nées. Une plume précise, allant à l’essentielle ; délaissant les détails trop souvent à mon goût. Son écriture est vive, pragmatique ; jusqu’à fuir les émotions potentielles. Une autrice à découvrir, elle nous fait voyager et elle ose transmettre son expérience en médecine. J’apprécie très fortement son partage professionnel avec ce roman.

Une descente au fin fond des hôpitaux, entre les urgences, les gardes, les maladies ; l’amour tente de pointer le bout de son nez. Sophie Tal Men aborde le monde hospitalier avec autant de réalisme que d’humour. Marie-Lou et Matthieu, deux personnages différents avec des points communs et une harmonie flamboyante. Ils m’ont plu, malgré peu de connaissance envers leur personnalité. Par contre, je suis clairement frustrée ; beaucoup d’interruption à l’égard de certains paragraphes, des sauts de période. Cela aboutit à un manque d’élément et de sentiment. Une romance contemporaine sans prise de tête, drôlement pétillante ; avec des héros sincères au point de se sentir proche d’eux.

Note :

7.5/10.