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24 mai 2020

Martin Servaz, Tome 1 : Glacé.


Titre : Martin Servaz, Tome 1 : Glacé.
Auteur : Bernard Minier.
Genre : Thriller.
Edition : Pocket.
Nombre de page : 727 pages.
Prix : 8.70€.


Résumé :

 Dans une vallée encaissée des Pyrénées, au petit matin d'une journée glaciale de décembre, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le corps sans tête d'un cheval, accroché à la falaise. Ce même jour une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, flic mélomane et intuitif, se voit confier l'enquête la plus étrange de toute sa carrière.


Extrait :

 La seconde d'après, sa poitrine le lâcha...
Il était parti beaucoup trop vite.
Il s'arrêta, le souffle court, les mains sur les genoux, les poumons en feu. Son T-shirt était trempé de sueur. Servaz consulta sa montre. Dix minutes ! Il avait tenu dix minutes ! Lui qui avait l'impression d'avoir couru pendant une demi-heure ! Bon song, il était éreinté ! Quarante ans à peine et je me traîne comme un vieillard ! se lamenta-t-il au moment où son téléphone vibrait au fond de son short.
- Servaz, éructa-t-il.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Cathy d'Humières. Vous ne vous sentez pas bien ?
- Je faisais du sport, aboya-t-il.
- J'ai l'impression que vous en avez besoin, en effet. Désolée de vous déranger un dimanche. Mais il y a du nouveau. Cette fois, j'en ai peur, il ne s'agit pas d'un cheval.
- Comme ça ?
- Il y a un mort, à Saint-Martin.
Il se redressa.
- Un... mort... ? (Il cherchait toujours sa respiration.) Quel genre de mort ? On connaît... son identité ?
- Pas encore.
- Pas de papiers sur lui ?
- Non. Il était nu - à part ses bottes et un K-Way noir.
Servaz eut l'impression d'avoir reçu un coup de sabot de jument. Il écouta d'Humières lui exposer ce qu'elle savait : le jeune homme parti faire le tour du lac, le pont métallique au-dessus du torrent, le corps pendu en dessous...
- S'il était pendu à un pont, c'est peut-être un suicide, hasarda-t-il sans conviction - car qui voudrait faire sa sortie dans une tenue aussi ridicule ?
- D'après les premières constatations, il s'agirait plutôt d'un meurtre. Je n'ai pas plus de détails. J'aimerais que vous me rejoigniez sur place.
Servaz sentit une main glacée lui caresser la nuque.


Avis :

 Après maintes réflexions et une occasion idéale, je me suis procuré ce roman. Avec l’envie et la curiosité, je me suis lancée dans cette lecture de plus de 700 pages. Et quelle belle découverte, quelle bonne surprise ! Un thriller où l’ambiance est captivante du début à la fin, souvent mystérieuse, de temps en temps glaciale, parfois inquiétante. Un vrai page-turner, à chaque fin de chapitre une nouvelle révélation inattendue et des montagnes russes sur les péripéties, les émotions. « Glacé » est le premier tome de la saga « Martin Servaz » signé par Bernard Minier, son style est envoûtant, j’ai aimé chaque mot et chaque ligne de ce livre. Certes, le rythme n’est pas tout à fait régulier, quelques longueurs sur la narration ; mais l’univers détient un effet immédiat et nous embarque dans l’histoire jusqu’à nous faire perdre le sens de la réalité.

Le commandant Servaz est appelé pour une enquête dans une ville au bord de la montagne, à Saint-Martin-de-Comminges. Il ne se doute pas de ce qu’il va y trouver, pourquoi tout un cinéma pour mener une investigation sur la mort d’un cheval ? Et puis, viennent les morts humaines, c’est le moment où lui et ses collègues doivent réellement et rapidement arrêter le coupable. Martin est un personnage profond, très seul dans sa vie personnelle ; bien qu’il ait une fille et un meilleur ami. Je me suis prise d’affection pour ce policier, d’une douceur sans fin et le besoin de protéger. C’est aussi quelqu’un de peureux, pas très en forme physiquement et très tête en l’air ; de plus, il n’a pas entièrement d’instinct, il ne se méfie pas assez. Donc, ce n’est pas un héros avec le profil d’un agent ; et cela le rend beaucoup plus « vrai ».

Diane Berg est une jeune psychologue, elle arrive tout juste dans cette vallée sauvage et glacée. Le plus grand hôpital psychiatrique pour criminel l’embauche, un moment dans sa carrière important et essentiel. Malheureusement, tout ne se déroule pas comme prévu pour cette femme. Dans cet endroit reculé, isolé, la population générale est dangereuse. La ville en contrebas est lointaine dans cette structure fermée. Par erreur, elle entend des « choses », petit à petit ; elle est entraînée et se voit fouiller pour découvrir la vérité. Elle découvre plusieurs faits et actes qui ne lui plaisent pas, surtout qu’elle n’a aucune réponse valable. Elle se sent démunie, pourtant elle se montre forte et courageuse. J’ai apprécié cette protagoniste, malgré le peu d’information qu’on possède sur elle.

Le capitaine Ziegler dirige l’enquête conjointement avec Martin. C’est une femme gendarme, plutôt secrète sur sa vie passée et privée. Au moment des confessions, on est assurément interloquée. Difficile de cerner Irène, du coup on est méfiant à son sujet ; parfois, ses réactions semblent étranges. En dehors de ça, je me suis bien attachée à elle. Agréable, pleine de détermination, avec beaucoup de caractère.

Un premier volume de « Martin Servaz » prometteur et bien ficelé. L’intrigue est intéressante, parfois lente ; puisque les descriptions sur l’environnement et les détails sur la vie privée du héros s’imposent. Ce n’est pas gênant, juste que cela casse de temps à autre le rythme de l’enquête. Toutefois, l’atmosphère développée est vraiment passionnante, elle donne réellement le côté « glacé », « sombre » et évidemment « étrange ». Le suspense ne dort jamais dans ce roman, s’accrochant aux montagnes et aux personnages du récit. Mais ces morts, pourquoi ? Dans quel but ? Est-ce un tueur fou ? Une vengeance ? Jusqu’au bout, les barrières des secrets vont tomber, au point de revenir quinze ans en arrière et découvrir des méfaits non jugés. Il n’y a peut-être pas forcément d’originalité dans cet ouvrage, je ne vais pas m’étaler sur ce point, étant qu’une débutante dans le genre thriller. Par contre, les émotions ; elles imprègnent absolument toute l’histoire, entre la solitude évidente de Martin, la peur qui règne dans le village au sujet des dangers de l’Institut Wargnier, l’inquiétude de tous nos héros. C’est un synopsis où parfois le silence est vivace, comme dans l’attente d’une bombe ; et en tant que lecteur, on est vite frappée par l’obscurité de la peur.

Je découvre pour la 1ère fois Bernard Minier. Un auteur francophone, avec plusieurs thrillers à son actif. « Glacé » est une réussite pour moi, l’univers et le style de cet écrivain m’ont charmé. Le seul point négatif à noter, ce sont les chapitres très longs. Je ne suis pas spécialement fan de ce choix de forme, plus de coupures peuvent être nécessaires et essentielles ; principalement avec ce genre de roman. C’est écrit à la troisième personne du singulier, avec des changements de scène et de point de vue, cela permet d’avoir une lecture fluide et surtout riche. Bernard Minier décrit parfaitement les montagnes, le village où le récit se déroule ; c’est somptueux, de sorte que la fiction se rapproche de la réalité.

Une lecture étonnante pour moi, je ne suis pas une grande adepte des thrillers, mais celui-ci est marquant. Le mélange des personnages pour la plupart émouvants et l’univers « froid », « calme » ; jusqu’à être « sinistre » ; est détonant. Presque impensable. Surtout avec un mystère à son comble, parfois insoutenable, bien qu’il soit plaisant. Les rebondissements se présentent toujours en fin de chapitre, donnant sans cesse envie de continuer la lecture jusqu’au dernier mot. Sauf que le dénouement me laisse légèrement sur ma faim, il est trop « simple », trop « court » ; du moins en différence de tout le roman. Du coup, on se dit « tout ça, pour ça ? ». Personnellement, c’est une fin inattendue, mais mal façonnée. Martin Servaz est un héros singulier, un policier à la fois « normal » et « différent », on se laisse facilement transporter avec lui. Des péripéties complexes, une enquête qui semble invraisemblable, des énigmes cachées au fin fond d’une contrée isolée ; un apprentissage sur les pathologies psychiatriques et ses traitements. L’écriture de l’auteur est prenante, avec un développement intensif de l’ambiance. J’apprécie fortement les détails apportés, Bernard Minier partage sa richesse, ses connaissances ouvertement. Un polar angoissant, émotionnellement perturbant ; en raison d’un décor à faire frissonner.


Note :
9/10.

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