Mes dernières chroniques

4 févr. 2018

Pourvu que la nuit s’achève.


Titre : Pourvu que la nuit s’achève.
Auteur : Nadia Hashimi.
Genre : Contemporain.
Edition : Milady.
Nombre de pages : 540 pages.
Prix : 18.20€.


Résumé :

J'avais imaginé un million de morts pour mon mari : il aurait pu mourir frappé par la foudre. Ça aurait été tellement plus simple pour tout le monde : un éclair tombé du ciel. Une fin douloureuse mais brève. Hélas, les orages ne sont jamais là quand on a besoin d'eux.

 Lorsque Zeba est retrouvée devant chez elle, le cadavre de son mari à ses pieds, il paraît évident aux yeux de tous qu’elle l’a tué. Depuis son retour de guerre, Kamal était devenu un autre homme, alcoolique et violent. Mais cette mère de famille dévouée est-elle capable d’un tel crime ? Présumée coupable, Zeba est incarcérée dans la prison pour femmes de Chil Mahtab, laissant derrière elle ses quatre enfants. C’est à Yusuf, revenu des États-Unis pour régler une dette symbolique envers son pays d’origine, l’Afghanistan, que revient la défense de ce cas désespéré. Mais la prisonnière garde obstinément le silence. Qui cherche-t-elle à protéger en acceptant de jouer le rôle du suspect idéal ? Et dans ces conditions, comment faire innocenter celle qu’on voit déjà pendue haut et court ?


Extrait :

 - J'espère que son avocat est meilleur que le mien, soupira Latifa. Celui qu'on m'a imposé m'a dit que je devrais avoir honte d'avoir quitté ma famille. Il en a dit autant au juge le jour de l'audience et ensuite il lui a demandé d'avoir pitié de moi parce que j'avais l'air repentie. Tu parles d'une défense ! Il y a une femme ici qui a été examinée, et le docteur a affirmé qu'elle couchait au moins une fois par semaine avec deux hommes différents.
- Il peuvent deviner ça rien qu'en regardant là-dedans ? demanda Nafisa d'une voix étonnée.
- Je ne suis pas médecin. Peut-être que les hommes y avaient laissé leur carte d'électeur. Qu'est-ce que j'en sais...
Nafisa était trop nerveuse pour trouver la plaisanterie drôle.


Avis :

 Nadia Hashimi raconte une nouvelle fois une histoire de femme, de liberté ; dans un pays où l’honneur est plus importante que l’amour. Dans cette œuvre le résumé parle de lui-même, les secrets peuvent nuire tout comme la vérité. L’héroïne se retrouve incarcérée pour le meurtre de son mari dans la prison de Chil Mahtab. On découvre le combat d’un avocat, la culpabilité et le pouvoir d’une mère, le silence pour protéger la vertu. Un sentiment d’injustice se fait sentir, le pouvoir des hommes est cruel dans ce pays ; ne donnant que très peu de chance aux femmes d’être émancipé des croyances et des convenances de l’Afghanistan.

Zeba n’est plus une étrangère en tournant les pages du livre, elle devient une âme à part entière. Sincèrement j’ai eu envie de la prendre dans mes bras comme de la secouer, pourquoi ne dit-elle rien de cette journée fatale ? Que cache-t-elle donc pour se murer autant dans le mystère ? Est-elle coupable ou innocente ? A-t-elle fait un sacrifice ou préfère-t-elle protéger ses enfants ? Zeba se bat contre le mal, mais doit-elle se battre contre elle-même ? C’est une héroïne forte, tellement puissante ; elle possède la magie de sa mère et le même cœur, la même envie de mettre ses bébés en sécurité. Je l’ai admiré et sa façon d’être est vraiment touchante, elle ne donne aucune vérité sans pour autant avouer être une criminelle. Têtue et parfaitement maîtresse de ses volontés.

Yusuf est un afghan vivant en Amérique, son parcours scolaire est excellent et tout est à sa portée de main pour réussir professionnellement. Il choisit la voie de la défense, être avocat ; tout en voulant devenir le gardien de la justice de l’Afghanistan. Il repart pour son pays d’enfance, son métier l’emmène dans les pas de Zeba. J’ai beaucoup apprécié cet homme, un peu enfantin et timide ; il se donne énormément pour sa profession. Je l’ai trouvé drôle parfois, souvent maladroit et c’est tout ce qui fait son charme ; un personnage très simple et modeste.

Je ne souhaite pas en dévoiler plus sur les protagonistes, il faut apprendre à les aimer par soi-même, les connaître en parcourant l’histoire dans son ensemble. Certes, la maman de Zeba est essentielle dans la synopsis et c’est justement pour ça que je ne révèle rien sur cette femme, elle est une énigme impossible à décrire. Le récit est long, mais ce que j’admire dans cet ouvrage c’est l’authenticité profonde, la même que dans « La perle et la coquille » et « Si la lune éclaire nos pas » ; tout est véridique, basé sur des faits réels et sincèrement ça fait mal au cœur. Heureusement les porte-paroles crient pour ces femmes, ces injustices, ces règles difficiles à comprendre. « Pourvu que la nuit s’achève » transmet un message, celui du cœur et du partage, particulièrement celui d’une mère et d’un sacrifice pour protéger. C’est une lecture mémorable et délicate, tout en finesse et en bouleversement. Le suspense laisse place au voyage, les lieux changent tout comme les personnages ; encore une fois on a différent point de vue. L’émotion titanesque se retrouve à la fin du roman, dans les derniers mots et pour moi cette lecture vaux tout l’or du monde.

Nadia Hashimi est encore surprenante dans sa narration, dans ses propos sur les femmes. Je suis attirée par ces livres pour trouver ses messages, pour penser et prier à l’égard de ces femmes, ces mères. Son écriture est envoûtante, elle se laisse dévorer et apprécier tout en abordant des sujets obscurs. Une fois de plus, cette écrivaine compose un portrait saisissant, tout en rajoutant les voix des proches.

Finalement cette œuvre n’est pas un coup de cœur, c’est une lecture tellement puissante et porteuse de propos qu’il faut juste admirer les héros, remercier l’auteur et faire connaître son talent. Le léger reproche que je dois noter est le manque de présence de Zeba, pourtant c’est son portrait et son histoire ; cependant j’ai trouvé que les protagonistes secondaires prenaient autant de place qu’elle. Le mystère est là, pourtant on devine parfois les révélations en avance ; en même temps c’est de la littérature contemporaine et le suspense n’a pas forcément de position particulière dans ce style. La synopsis est prenante pour sa réalité, jamais j’oublie les romans transmettant du savoir et de l’actualité. « Pourvu que la nuit s’achève » parle du destin d’une femme injustement mise en cause pour la mort de son mari, sans aucune preuve sa liberté lui est volée, ses enfants enlevés et son honneur bafoué. Ce livre révèle le pouvoir des hommes, le visage d’une héroïne ayant le cœur sur la main et principalement où le viol d’une femme devient parfois un zina – relation hors-mariage – en Afghanistan le zina est puni, c’est un crime comme un autre. C’est un pays cruel pour les femmes, un enfer sans liberté pour elles ; les hommes décident et les femmes peuvent devenir des objets, le système judiciaire est négligeant et tout est question d’honneur.


Note :
9/10.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire