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31 juil. 2019

Emmi et Leo, Tome 2 : La septième vague.


Titre : Emmi et Leo, Tome 2 : La septième vague.
Auteur : Daniel Glattauer.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de pages : 280 pages.
Prix : 6.60€.


Résumé :

 Leo Leike était à Boston en exil, le voici qui revient. Il y fuyait la romance épistolaire qui l'unissait en esprit à Emmi. Elle reposait sur trois principes : pas de rencontre, pas de sexe, pas d'avenir. Faut-il mettre un terme à une histoire d'amour où l'on ne connaît pas le visage de l'autre ? Où l'on rêve de tous les possibles ? Où les caresses sont interdites ? « Pourquoi veux-tu me rencontrer ? » demande Leo, inquiet. « Parce que je veux que tu en finisses avec l'idée que je veux en finir », répond Emmi, séductrice.
Alors, dans ce roman virtuose qui joue avec les codes de l'amour courtois et les pièges de la communication moderne, la farandole continue, le charme agit, jusqu'au dernier mail...


Extrait :

 Le matin suivant
Objet : Ta question
Bonjour, Emmi. Je viens d'appeler un « spécialiste » : le « système » marche à nouveau. J'espère que tu as fait la grasse matinée. Ah oui, tu disais que tu m'avais posé une question. Que voulais-tu savoir ? Je t'embrasse, Leo.
Une heure plus tard
RE :
Pour faire court ! aujourd'hui, 15 heures, grand café ?
30 minutes plus tard
REP :
Oui, mais (...). Non, pas de mais. Oui !
20 minutes plus tard
RE :
Parfait ! Tu as eu besoin de trente minutes pour cette intéressante chaîne causale, mon Leo ? De SEULEMENT trente minutes ? Puis-je faire une analyse ? D'abord le « oui » de l'accord apparemment résolu.
Puis la virgule de l'ajout à venir. Puis le « mais » de la restriction annoncée. Puis la ronde parenthèse de l'art typographique. Puis les points de suspension de la mystérieuse hésitation. Puis assez de discipline pour fermer la parenthèse et remballer le trouble anonyme. Puis un point conformiste, pour maintenir un ordre apparent dans le chaos interne. Puis soudain le « non » entêté du refus apparemment résolu. Encore la virgule de l'addition imminente. Puis le « pas » du rejet sans compromis. Puis un autre « mais », résolutoire celui-là, un « mais » qui n'est là que pour montrer qu'il n'y en a plus. Tous les doutes sont sous-entendus. Aucun doute n'est exprimé. Tous les doutes sont balayés. À la fin, se dresse un courageux « Oui », accompagné d'un point d'exclamation entêté. Encore une fois, du début : « Oui, mais (...). Non, pas de mais. Oui ! » L'admirable rondeau de ton indécision. La fascinante chorale de ta prise de décision dévoilée au grand jour. Cet homme sait très bien qu'il ne sait pas ce qu'il veut. Il sait, comme personne, le faire savoir à la femme concernée. Et ce en trente ridicules petites minutes. Génial ! C'est à cela qu'on voit que tu as étudié la psychologie du langage, cher Leo.
Trois minutes plus tard
REP :
Et toi, tu sais ce que tu veux ?
30 secondes plus tard
RE :
Oui.
40 secondes plus tard
REP :
Quoi ?
50 secondes plus tard
RE :
Toi. (Encore une fois autour d'un café.) ((Tu vois, moi aussi je maîtrise l'art de la parenthèse.))


Avis :

 « Quand souffle le vent du nord », premier tome de cette biologie a été presque un coup de cœur et cette suite n’est clairement pas à la hauteur du reste de l’histoire. Ça tourne en rond, les choix ne se font pas, les décisions ne se décident pas, les mails coulent, mais dans le fond, l’intrigue n’avance pas. C’est une romance épistolaire, les messages entre les personnages peuvent être parfois profonds et souvent complexes. D’ailleurs, l’écriture de Daniel Glattauer semble partir un peu dans tous les sens, tout n’est pas clair dans ce deuxième volume. Pourtant, je me suis réellement attachée à Leo et Emmi ; le lien entre eux est très touchant, tout comme leur vie personnelle, leurs maux et mots.

Leo revient de Boston, après des mois de silence auprès d’Emmi. Son voyage là-bas lui a permis de trouver un équilibre dans sa vie, malgré tout nous ne savons pas s’il est heureux. Tout ce qu’on imagine de sa part, c’est de la mélancolie, des envies muettes. Un personnage peut-être plein d’espoir, mais ne pouvant mettre des phrases sur ce qu’il ressent. Dans ce tome, il est un peu plus en retrait ; comme un oiseau s’envolant de ses propres ailes. Ne tenant plus à dépendre des messages de cette femme pourtant inconnue à ses yeux.

Emmi est toujours la même, elle n’a pas vraiment changé au cours des mois écoulés. L’absence de réponse de Leo ne la laisse pas indifférente, sauf qu’elle le cache derrière un humour parfois agaçant. Elle est un peu comme lui, elle ne sait pas se confier sur ses sentiments. Beaucoup plus présente dans cette suite, elle ne m’a pas fait grande impression. Pour une femme mature, elle met du temps à réfléchir. Elle n’est pas touchante, mais je l’ai bien aimé, du moins suffisamment pour me sentir « proche d’elle ».

Cette synopsis est une romance, mais c’est avant tout des échanges de mails. Donc une histoire d’amour pour ainsi dire épistolaire. Mais en dehors de ça, la seule intrigue se pose dans nos interrogations : Vont-ils finir par se comprendre ? Vont-ils réussir à se rencontrer ? Vont-ils terminer heureux ensemble ou séparer ? C’est là tout le récit de ce roman se basant de A à Z sur des messages, et parfois on s’y perd dans les conversations. Il n’y a pas forcément de mystère sur le dénouement, malgré toutes les manipulations de l’auteur pour nous induire en erreur. L’émotion ne fait pas partie de ce deuxième tome, c’est mignon et très certainement naïf. C’est ennuyeux, sans réelle utilité de lecture, toutefois on passe un bon moment en compagnie des personnages et de ce qu’ils essayent de nous faire ressentir.

Daniel Glattauer est un auteur que je découvre avec cette seule biologie, un « presque » coup de cœur pour « Quand souffle le vent du nord », une déception manifeste pour « La septième vague » que je trouve répétitive. Pourtant l’un et l’autre se complètent, mais je pense que le premier se suffit à lui-même. Particulièrement à cause de l’écriture qui n’est pas agréable dans cet opus-là. C’est moins profond, avec des phrases partant dans toutes les directions.

Bref, j’ai apprécié ma lecture pour Emmi et Leo ; le reste n’est pas à la hauteur pour moi. Déjà, le suspense est de trop, du moins ce besoin d’en donner. Ce n’est pas « utile » à l’histoire, sauf à lasser un lecteur. Le fond n’y est pas, c’est juste des messages souvent sans queue ni tête. Le dénouement est bel et bien-là, mais pourquoi faire deux livres pour « ça » ? En dehors de ça, c’est une belle histoire d’amour et je vais en garder un bon souvenir grâce au premier tome, contenant une bonne dose d’émotion et une très belle plume — cette suite n’est pas conseillée.


Note :
7/10.

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