Titre : Les enquêtes du Département V, Tome 1 : Miséricorde.
Auteur : Jussi Adler-Olsen.
Genre : Thriller.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 526 pages.
Prix : 8.20€.
Résumé :
Pourquoi Merete Lyyngaard croupit-elle dans une cage depuis des années ? Pour quelle raison ses bourreaux s'acharnent-ils sur la jeune femme ?
Cinq ans auparavant, la soudaine disparition de celle qui incarnait l'avenir politique du Danemark avait fait couler beaucoup d'encre. Mais, faute d'indices, la police avait classé l'affaire. Jusqu'à l'intervention des improbables Carl Mørck et Hafez el Assad du Département V, un flic sur la touche et son assistant d'origine syrienne. Pour eux, pas de cold case...
Extrait :
« Bonjour, je m'appelle Assad », dit l'homme en tendant à Carl un poing poilu qui devait avoir traîné dans quelques bagarres.
Carl ne réalisa pas tout de suite où il se trouvait et qui lui parlait. La matinée n'avait pas été passionnante. En fait, il s'était assoupi profondément, les jambes sur la table, ses grilles de sudoku sur le ventre et le menton à moitié enfoncé dans sa chemise. Les plus de son pantalon, si bien repassés d'ordinaire, rappelaient le tracé d'un électrocardiogramme. Il descendit ses jambes ankylosées et regarda, stupéfait, le petit type brun qui se trouvait en face de lui, un homme qui devait avoir plusieurs années de plus que lui mais ne devait pas avoir grandi dans le même village que lui.
« Assad ? OK », répliqua Carl mollement. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?
« Et toi, c'est Carl Mørck, comme c'est écrit sur la porte. Ils disent que c'est bien si je t'aide. C'est bon ? »
Carl plissa un peu les paupières en décortiquant la syntaxe du bonhomme. Et ce type était supposé l'aider ?
« Eh bien, espérons ! » répondit-il.
Tant pis pour lui. Il l'avait voulu, il l'avait eu. Car il en prenait conscience maintenant, la présence du petit personnage dans le bureau en face du sien l'engageait. D'une part, il serait obligé de faire en sorte que cet homme s'occupe et, de l'autre, il allait devoir lui aussi faire semblant de travailler. Il avait manqué de jugeote sur ce coup-là. Tant que ce type serait dans les parages, Carl ne pourrait pas passer ses journées à buller comme il en avait eu l'intention. Il s'était dit que ce serait pratique d'avoir un assistant. Que ce type-là trouverait à s'occuper, pendant que lui-même compterait les heures derrière ses paupières. Il fallait passer la serpillière, faire le café, mettre les papiers en ordre et les ranger dans des dossiers. Il y aurait bien assez de choses à faire, avait-il pensé quelques heures plus tôt. Mais cela faisait bientôt deux heures que le type le regardait avec de grands yeux. Tout était fini et bouclé. Même l'étagère de Carl était en ordre, tous ses livres étaient rangés par ordre alphabétique, tous ses classeurs numérotés et prêts à servir. En deux heures et demie, ce type avait fini son travail, point à la ligne.
En fait, il aurait aussi bien pu rentrer chez lui tout de suite.
« Tu as ton permis de conduire ? » lui demanda Carl en espérant que Marcus avait oublié de prendre ce détail en considération, ce qui lui permettrait de discuter la totalité des conditions d'embauche de cet homme.
« Je conduis taxis, voitures normales, camions, et je conduisais T-55 et tank T-62, et aussi voitures blindées et motos avec side-car et aussi sans side-car. »
Alors Carl lui proposa de s'asseoir tranquillement dans son bureau pendant deux heures et de lire un ou deux des ouvrages alignés sur l'étagère, derrière son dos. Le Manuel technique de la criminalité, de l'inspecteur de police A. Haslund, tiens, pourquoi pas ?
« Et en lisant, fais bien attention à la syntaxe du danois, Assad. Ça peut toujours servir. As-tu lu beaucoup de choses en danois ?
- J'ai lu tous les journaux et aussi la Constitution et tout ça.
- Tout ça ? » dit Carl. Ils n'étaient pas sortis de l'auberge. « Tu aimes peut-être remplir les grilles de sudoku ? » lui demanda-t-il en lui tendant les siennes.