Mes dernières chroniques

26 août 2022

Les enquêtes du Département V, Tome 1 : Miséricorde.


Titre : Les enquêtes du Département V, Tome 1 : Miséricorde.
Auteur : Jussi Adler-Olsen.
Genre : Thriller.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 526 pages.
Prix : 8.20€.


Résumé :

 Pourquoi Merete Lyyngaard croupit-elle dans une cage depuis des années ? Pour quelle raison ses bourreaux s'acharnent-ils sur la jeune femme ?
Cinq ans auparavant, la soudaine disparition de celle qui incarnait l'avenir politique du Danemark avait fait couler beaucoup d'encre. Mais, faute d'indices, la police avait classé l'affaire. Jusqu'à l'intervention des improbables Carl Mørck et Hafez el Assad du Département V, un flic sur la touche et son assistant d'origine syrienne. Pour eux, pas de cold case...


Extrait :

 « Bonjour, je m'appelle Assad », dit l'homme en tendant à Carl un poing poilu qui devait avoir traîné dans quelques bagarres.
Carl ne réalisa pas tout de suite où il se trouvait et qui lui parlait. La matinée n'avait pas été passionnante. En fait, il s'était assoupi profondément, les jambes sur la table, ses grilles de sudoku sur le ventre et le menton à moitié enfoncé dans sa chemise. Les plus de son pantalon, si bien repassés d'ordinaire, rappelaient le tracé d'un électrocardiogramme. Il descendit ses jambes ankylosées et regarda, stupéfait, le petit type brun qui se trouvait en face de lui, un homme qui devait avoir plusieurs années de plus que lui mais ne devait pas avoir grandi dans le même village que lui.
« Assad ? OK », répliqua Carl mollement. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?
« Et toi, c'est Carl Mørck, comme c'est écrit sur la porte. Ils disent que c'est bien si je t'aide. C'est bon ? »
Carl plissa un peu les paupières en décortiquant la syntaxe du bonhomme. Et ce type était supposé l'aider ?
« Eh bien, espérons ! » répondit-il.
Tant pis pour lui. Il l'avait voulu, il l'avait eu. Car il en prenait conscience maintenant, la présence du petit personnage dans le bureau en face du sien l'engageait. D'une part, il serait obligé de faire en sorte que cet homme s'occupe et, de l'autre, il allait devoir lui aussi faire semblant de travailler. Il avait manqué de jugeote sur ce coup-là. Tant que ce type serait dans les parages, Carl ne pourrait pas passer ses journées à buller comme il en avait eu l'intention. Il s'était dit que ce serait pratique d'avoir un assistant. Que ce type-là trouverait à s'occuper, pendant que lui-même compterait les heures derrière ses paupières. Il fallait passer la serpillière, faire le café, mettre les papiers en ordre et les ranger dans des dossiers. Il y aurait bien assez de choses à faire, avait-il pensé quelques heures plus tôt. Mais cela faisait bientôt deux heures que le type le regardait avec de grands yeux. Tout était fini et bouclé. Même l'étagère de Carl était en ordre, tous ses livres étaient rangés par ordre alphabétique, tous ses classeurs numérotés et prêts à servir. En deux heures et demie, ce type avait fini son travail, point à la ligne.
En fait, il aurait aussi bien pu rentrer chez lui tout de suite.
« Tu as ton permis de conduire ? » lui demanda Carl en espérant que Marcus avait oublié de prendre ce détail en considération, ce qui lui permettrait de discuter la totalité des conditions d'embauche de cet homme.
« Je conduis taxis, voitures normales, camions, et je conduisais T-55 et tank T-62, et aussi voitures blindées et motos avec side-car et aussi sans side-car. »
Alors Carl lui proposa de s'asseoir tranquillement dans son bureau pendant deux heures et de lire un ou deux des ouvrages alignés sur l'étagère, derrière son dos. Le Manuel technique de la criminalité, de l'inspecteur de police A. Haslund, tiens, pourquoi pas ?
« Et en lisant, fais bien attention à la syntaxe du danois, Assad. Ça peut toujours servir. As-tu lu beaucoup de choses en danois ?
- J'ai lu tous les journaux et aussi la Constitution et tout ça.
- Tout ça ? » dit Carl. Ils n'étaient pas sortis de l'auberge. « Tu aimes peut-être remplir les grilles de sudoku ? » lui demanda-t-il en lui tendant les siennes.

24 août 2022

Les oubliés du dimanche.


Titre : Les oubliés du dimanche.
Auteur : Valérie Perrin.
Genre : Contemporain.
Edition : Albin Michel.
Nombre de page : 379 pages.
Prix : 19.50€.


Résumé :

 Justine, vingt et un ans, aime les personnes âgées comme d'autres les contes. Hélène, presque cinq fois son âge, a toujours rêvé d'apprendre à lire. Ces deux femmes se parlent, s'écoutent, se révèlent l'une à l'autre jusqu'au jour où un mystérieux « corbeau » sème le trouble dans la maison de retraite qui abrite leurs confidences et dévoile un terrible secret. Parce qu'on ne sait jamais rien de ceux que l'on connaît.


Extrait :

 - Tu fais quoi ?
Je sursaute. Jules m'a fait peur. Je referme le cahier bleu.
- J'écris.
- Tu te prends pour Marguerite Duras ?
- D'où tu connais Marguerite Duras ?
- Un cours de français. J'ai trouvé ça chiant. J'espère que t'écris pas comme elle.
- Aucun risque. Ouvre la fenêtre.
- T'es de mauvais poil ?
- Nan. Tu sais que je supporte pas que tu fumes dans ma chambre.
- C'est surtout que je fume que tu ne supportes pas... T'es pas ma mère.
Jules ouvre la fenêtre et se penche en avant. Il fait un peu la gueule. Alors, je dis :
- Hier soir, il y a eu un nouveau coup de téléphone anonyme aux hortensias.
Il se retourne, je ne vois pas ses yeux.
- C'est quelle famille ?
- Va falloir que t'ailles chez le coiffeur. Celle de Gisèle Diondet. La toute petite dame avec des cheveux violets qui était mercière. Je t'en ai parlé la semaine dernière.
- Me rappelle.
- Avant, elle passait beaucoup de temps dans la salle des cartes et elle participait à tous les ateliers. Mais depuis le début de l'été, elle bloque avec les autres à la réception. Alors elle était là quand sa famille est arrivée à l'accueil avec les yeux rouges et des habits sombres.
D'une pichenette, Jules balance son mégot par la fenêtre. Demain matin, pépé le ramassera dans le jardin en bougonnant. Puis il le mettra dans une bassine d'eau avec les autres, une eau qu'il utilisera pour arroser ses rosiers et tuer les pucerons.
Il revient s'asseoir sur mon lit.
- Et ils ont dit quoi, la famille, quand ils l'ont vue... vivante ?
- Imagine le choc pour eux. Mais je pense qu'ils ont été un peu déçus.
- Comment ça, déçus ?
- Quand les vieux passent l'arme à gauche, ça veut dire fin de la culpabilité. C'est compliqué. C'est du chagrin qui se mélange à du soulagement.
- Et la petite vieille, elle a dit quoi quand elle les a vus 
- Au début, elle ne les a pas reconnus, mais elle était quand même contente. Surtout qu'à midi ils l'ont emmenée au restaurant. Tu sais, ça arrive souvent avec les anciens. Sur le coup, ils ne sont pas aimables avec la famille, mais après les visites, y a quelque chose qui change. Ils sont moins angoissés. En tout cas cet après-midi, Gisèle est retournée dans la salle des cartes. Ça faisait trois mois qu'elle n'y avait pas mis les pieds.
- Tu vois, ça sert à quelque chose ce truc anonyme.
- Tout à l'heure, madame Le Camus nous a tous convoqués pour nous annoncer que des policiers allaient enquêter intra-muros (j'imite sa voix pour faire sourire Jules) pour résoudre le mystère des coups de téléphone anonymes.
Mais Jules ne sourit pas.
- Il va y avoir des vrais inspecteurs et tout ?
C'est moi qui me mets à rire.
- Tu parles, c'est Starsky et Hutch qui sont sur l'affaire !

23 août 2022

Hybrides, Tome 1 : Rage.


Titre : Hybrides, Tome 1 : Rage.
Auteur : Laurann Dohner.
Genre : Bit-lit.
Edition : Milady.
Nombre de page : 476 pages.
Prix : 7.90€.


Résumé :

ILS ONT ÉTÉ CRÉÉS. EMPRISONNÉS. MAIS JAMAIS BRISÉS.

 Ellie est horrifiée de découvrir que le laboratoire dans lequel elle travaille mène des expériences sur des sujets humains, leur injectant de l'ADN animal pour créer une nouvelle espèce. Lorsqu'elle se prend d'affection pour l'un de ces cobayes, elle risque tout pour le sauver - même s'il doit pour cela la haïr. Car Rage n'a jamais connu l'amour ou la pitié, et il ne pardonne pas la trahison. Une fois libre, il jure de la tuer, mais lorsqu'il la tient entre ses griffes, ce n'est plus la haine, mais le désir qui envahit son âme...


Extrait :

 Ellie vit Rage faire la grimace : sa fureur se lisait dans ses pupilles, il avait très mal pris qu'elle lui demande de la libérer. Elle se prépara au pire.
Il tendit le bras, empoigna la couverture et tira un coup sec, exposant en un clin d'œil le corps dénudé d'Ellie. Puis il se leva et posa sur elle un regard dur.
- C'est ton tour. Te voilà nue, entravée, incapable de m'empêcher d'agir. Les rôles sont inversés : ce jour-là, c'était toi qui pouvais me reluquer sous toutes les coutures. Alors, Ellie, ça te plaît d'être à ma merci ?
Le feu aux joues, Ellie voulut se déhancher, rouler sur le flanc, mais il l'avait ligotée trop serré. Elle en fut réduite à lever les jambes pour les rabattre sur sa poitrine. C'était inutile, elle n'avait pas attendu d'être ainsi exposée pour savoir ce qu'il en coûte d'être humilié, mais elle s'abstint de tout commentaire.
- Et comme tu m'as touché, c'est ce que je vais faire à présent. Logique, non ? Tu sais ce que l'on ressent, quand une main étrangère t'effleure ? Te touche le sexe ? Je comprends que te te sois sentie obligée d'ôter l'élastique qui me faisait si mal, mais ta main s'est attardée. N'essaie pas de le nier.
Ellie se cambra sous l'effet du choc et de la terreur. Elle inspira à fond. Perdre les pédales ne la menait à rien, il fallait essayer de le comprendre, il éprouvait le besoin de se venger. Et comme elle avait tué Jacob, il ne restait qu'elle en première ligne. Il disait vrai, elle l'avait touché. Et maté sans retenue aucune. C'était donc mérité, en quelque sorte. En outre, il venait de dire qu'il ne la tuerait pas. S'il fallait en passer par l'humiliation... soit. Elle n'en mourrait pas. Il avait été battu, torturé. Ce qu'il s'apprêtait à faire n'était rien à côté.
- Vas-y, reluque-moi. Je comprends.
Elle posa les jambes à plat sur le matelas et cessa de gesticuler.
- Mais je t'en prie, ne me fais pas mal.
Les sourcils froncés, Rage, perplexe, grimpa sur le lit et s'installa à califourchon au-dessus d'elle.
- Hein ? dit-il, visiblement aussi choqué qu'Ellie.
- Je comprends, murmura-t-elle. Fais-le.
Les dents serrées, il se baissa peu à peu jusqu'à occulter tout son champ de vision. Si l'objectif était de la terrifier, c'était très réussi. Le silence s'installa. Dura. Elle sentit son rythme cardiaque s'apaiser.
- La psychologie inversée est sans effet sur moi, murmura-t-il en retour. Sache cependant que je ne te ferai aucun mal. Je n'ai nullement l'intention de te faire subir ce qu'ils m'ont fait. Te frapper, te faire saigner, est au-dessus de mes forces. Je crois en revanche avoir trouvé ma revanche : je vais te toucher. Sais-tu ce qui est pire encore que la douleur ?
Ellie refusa d'aller sur ce terrain-là. Les allusions égrenées par Rage, jusqu'ici, n'annonçaient rien de bon. Mais comme il attendait visiblement une réponse et qu'elle ne tenait pas à voir sa colère revenir, il fallait bien dire quelque chose.
- Non. La douleur est ce qu'il y a de pire, d'après moi.
- Le pire, c'est quand ton corps te trahit. Quand tu sens qu'il en redemande contre ton gré. On apprend à se méfier des autres... pas de soi-même. Cette leçon-là, crois-moi, elle apprend l'humilité. Et ça va nous permettre d'obtenir la réponse à une question qui me taraude.
Qu'est-ce qu'il me chante, là ? Elle fronça les sourcils ; Rage se fendit d'un rictus carnassier. La jeune femme sentit son cœur s'accélérer en le voyant lorgner sa poitrine. Puis quand il lui effleura le ventre. La main baladeuse remonta, la paume se referma sur un sein. Une paume brûlante, immense. Elle paniqua quand il commença à serrer.
- Quelle douceur... Et quelle volupté, pour une femme si menue...
Il baissa la tête après lui avoir lâché le sein. Ellie hoqueta en sentant le souffle tiède de Rage contre sa poitrine... puis de nouveau quand sa bouche chaude, humide, se referma sur un téton. Un croc effleura l'épiderme ultrasensible ; une langue râpeuse glissa sur la pointe du sein. Ellie eut un soubresaut et ferma les yeux.
Une onde de plaisir irradia du téton jusqu'au ventre, secoué d'un premier spasme. Elle se mordit la lèvre inférieure pour réprimer un gémissement, abasourdie par sa propre réaction. Quand il se mit à suçoter avec vigueur, les mouvements de sa bouche envoyèrent des décharges dans tout le corps d'Ellie. Il se gardait de lui faire mal ; elle se savait pourtant à sa merci. Consciente que son intimité était déjà trempée, elle referma les cuisses sur cette preuve flagrante de son état d'excitation.
Il a raison, c'est pire, trancha-t-elle, abasourdie par la façon dont son corps réagissait aux sollicitations de Rage. Brûlante de désir, elle sentait son estomac se serrer à chaque succion. La sensation était si intense qu'elle irradiait jusqu'au clitoris ! Le jeu de langue continuait inlassablement. Le plaisir devenait presque douloureux ; elle était littéralement en feu. Ce type, avec sa langue, lui faisait vivre une expérience inédite. Elle eut beau se mordre la lèvre, cette fois, rien n'y fit : un gémissement lui échappa.
Il s'écarta en tirant sur le téton puis lâcha prise. Ellie déglutit avec peine sous le faisceau intense de ses yeux couleur chocolat : un grognement sourd monta de sa gorge. Puis il s'intéressa de nouveau à la silhouette de sa victime.

18 août 2022

Les yeux couleur de pluie, Tome 2 : Entre mes doigts coule le sable.


Titre : Les yeux couleur de pluie, Tome 2 : Entre mes doigts coule le sable.
Auteur : Sophie Tal Men.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 313 pages.
Prix : 7.70€.


Résumé :

 Pas facile de concilier médecine et vie privée quand on est interne à l'hôpital ! Marie-Lou - qui a quitté sa Savoie natale pour Brest - et Matthieu - le ténébreux surfeur - sont tombés amoureux au premier regard. Mais entre leurs stages en psychiatrie et en neurochirurgie, les nombreuses gardes à effectuer, les apéros au Gobe-mouches et les fêtes carabines, leur histoire d'amour n'est pas un long fleuve tranquille. C'est plutôt la valse des sentiments... surtout quand leurs proches deviennent leurs patients. Matthieu parviendra-t-il à vaincre ses peurs et à laisser Marie-Lou entrer dans sa vie ? Marie-Lou apprendra-t-elle à laisser glisser le sable entre ses doigts ?


Extrait :

 Avec l'aide d'Éric, j'ai appris petit à petit à apprivoiser Tournos et je me sens de plus en plus à l'aise avec lui. J'aime sa bienveillance et son écoute attentive. Son respect des patients, ses analyses justes et fidèles de leur pathologie. Est-il moins exubérant qu'il n'y paraît ? Ai-je décrypté ses codes ? Peut-être les deux. Le premier jour, je l'ai vouvoyé, ce qui l'a fait pester. Le deuxième, j'ai évité le « tu ». Le troisième, j'ai pris le plu anglo-saxon et le quatrième, je l'ao appelé Hubert le plus simplement du monde.
- Marie-Lou s'est bien fait rembarrer tout à l'heure, déclare Éric en me voyant arriver. Tu aurais vu ça, Hubert.
Tournos hausse les épaules et m'interroge du regard.
- Je ne sais plus quoi répondre au gastro-entérologue, finis-je par marmonner. Grégoire Philbert ne peut pas avoir des fibroscopies toutes les semaines, ce n'est pas possible. Je ne sais plus quoi faire. Supprimer toutes les fourchettes du service ? Je suis sûre qu'il trouverait autre chose. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi... Pourquoi se fait-il du mal ? Pourquoi de cette manière-là ?
La visage d'Hubert s'anime de rictus incessants.
- Grégoire est très anxieux depuis quelques semaines. Le décès de son père l'a complètement déstabilisé. C'est sa façon de calmer ses angoisses.
- En avalant des couverts ?
- Oui... C'est une automutilation comme une autre. Il cherche à se faire du mal. Ses idées délirantes lui paraissent insurmontables, il ne reconnaît plus le monde dans lequel il vit. Ça s'impose à lui brusquement et il passe à l'acte.
- Et on fait quoi ? À court terme ?
- Ha ha ha ! Marie-Lou et ses réflexes d'urgentiste !
Je ne vois vraiment pas ce qui le fait éclater de rire. Je ne vais quand même pas le laisser s'exploser le ventre toutes les semaines ?
- On le rassure, on le recadre, continue-t-il. Bref, on poursuit notre travail de longue haleine.
J'aspire doucement ma gorgée de thé chaud en écoutant mon maître-penseur et tourne en boucle sa dernière phrase dans ma tête : « un travail de longue haleine... »
- Chi va piano va sano, comme dirait mon grand-père.
Hubert me sourit comme si j'avais tout compris.
- Rien ne sert de courir, il faut partir à point, aurait dit le mien, ajoute-t-il.

17 août 2022

Off the Map, Tome 2 : Wild Boy.


Titre : Off the Map, Tome 2 : Wild Boy.
Auteur : Lia Riley.
Genre : Romance.
Edition : City.
Nombre de page : 313 pages.
Prix : 17.90€.


Résumé :

Ils vivent une passion infinie où rien n'est garanti, mais tout est possible...

 Leur amour n'était destiné à durer que le temps d'un été. Et pourtant.

Lorsque Natalia est tombée amoureuse de Bran, le beau surfeur aux yeux verts hypnotiques, son univers sombre a soudainement été illuminé. De son côté, Bran a été irrésistiblement attiré par celle qui lui a volé son coeur comme aucune autre fille.

Mais il y a un problème : Natalia n'a qu'un visa de quelques mois en Australie, elle n'est pas censée rester dans ce pays coloré, rude, sauvage... et si loin de chez elle. Doit-elle accepter de tout quitter pour vivre cette passion sauvage ? Peut-être. Encore faut-il que les fantômes surgis de son douloureux passé lui en laissent la possibilité...


Extrait :

 Je m'appuie sur le côté de ma Kingswood. Le lampadaire scintille, effaçant les étoiles dans le ciel du soir qui tombe. Talia prend un temps dingue. Qu'est-ce qu'elle a en tête, là ? Une balade ? Un plan romantique ? Je ne suis pas d'humeur. Sur le point de mettre fin à son petit manège, je contourne la voiture, quand elle ouvre la porte et, vêtue de mon sweat noir à capuche préféré, d'immobilise dans la lumière du hall.
Attends... Pourquoi elle a pris mon sac à dos ?
- Elles sont où, tes planches ? demande-t-elle.
Elle descend de la véranda en s'attachant les cheveux.
Je suis stupéfait. Elle veut aller surfer ? Maintenant ?
De tout ce que j'aurais pu imaginer, elle a trouvé le plus inattendu.
- Regarde, dit-elle, la tête vers le ciel. C'est la pleine lune ou presque.
Mes tripes se serrent, une bataille s'engage entre l'amour fou et l'instinct de protection. Cette fille a un accès libre vers mon coeur !
Elle me renverse d'une façon qui ne devrait pas être autorisée par la loi. Ce qu'elle voit en moi, je préférerais le garder enfoui au plus profond de mon être. J'avance dans l'allée et pose les mains sur le portail.
- Allons, Capitaine. On rentre à la maison. Il faut qu'on dorme un peu.
Elle arrive en bas des marches.
- Hors de question. Je n'ai aucune idée de ce qui t'arrive, mais je n'ai pas du tout envie de rester à te regarder ériger la Grande Muraille.
- Tu as froid.
Je me penche vers elle et tire sur la ficelle du sweat-shirt. Elle a mis un bonnet en laine gris qui lui recouvre le front.
- Non, moi, ça va très bien, riposte-t-elle en tapotant le sac à dos de son pouce. J'ai pris une nouvelle tenue étanche, une petite merveille imperméable et chaude. Et avec ça, des bottes et des gants. Je vais être comme un poisson dans l'eau ou, pour être plus exact, dans le néoprène. J'ai aussi pris ta tenue et ton matériel. Je sais pas où tu ranges tes planches.
Le vent taquine mes cheveux. C'est une légère brise du nord ; les vagues doivent être parfaites. Talia a raison : la lune est presque pleine.
Je me frotte la nuque.
- On pourrait aller vers le South Arm. Ça nous prendra dans les trente minutes. Clifton devrait être pas mal. Je connais une plage de sable sympa ; un super beach break.
- Alors, qu'est-ce que t'attends ?
C'est vraiment de l'enthousiasme ou juste de la bravade ?
- Tu as beaucoup surfé cet été ?
- Une fois par semaine, je dirais. Plus que jamais.
Elle pose la tête sur mon épaule.
Je suis tenté. Les sorties de nuit sont extra. On est face au vide, au néant, les sens en état d'alerte absolue. Cependant, avec le niveau de Talia, meilleur que ce qu'elle prétend, mais pas loin de débutant tout de même, je ne veux pas me retrouver dans une mauvaise situation pour les mauvaises raisons.
- Je suis un peu nerveuse, c'est tout.
Comment elle fait ça ? Elle lit dans mes pensées ou quoi ? Ou peut-être juste que j'envoie des messages subliminaux peu encourageants.
Elle s'efforce de se montrer courageuse pour moi, et il faut que je fasse de même.
- OK, on y va, alors. Les planches sont derrière ; je vais les chercher.
Une heure plus tard, au bord de la plage, je remonte la fermeture dans le dos de la combinaison de Talia. La lune miroite sur l'eau noire. Les vagues se succèdent, régulières et propres. Je prends une profonde respiration, me délectant de la fraîcheur des embruns et du parfum envoûtant du varech en décomposition. Toute mon attention est mobilisée par mon anticipation, mes sens aiguisés par l'obscurité.
Talia s'approche de moi, fébrile.
- Partante, vraiment ?
- Oui, bien sûr !
Un autre rouleau se brise. Les conditions sont idéales. Si elle change d'avis, je ferai quand même une petite glisse rapide.
Peut-être deux, allez.
- C'est quoi, ce bruit ? demande-t-elle en se figeant. Là, encore une fois. T'as entendu ?
Je me concentre et souris quand je perçois une sorte de braiment qui provient des brisants.
- Les manchots pygmées.
- Sérieux ? Il y a des manchots par ici ?
- Bien sûr. En été, ils construisent des terriers le long de la côte. Si tu te balades à côté d'une colonie après la tombée du jour, c'est carrément le vacarme.
- Des manchots, murmure-t-elle. C'est trop cool !