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16 août 2020

De mères en filles, Tome 2 : Ariane.


Titre : De mères en filles, Tome 2 : Ariane.
Auteur : Dominique Drouin.
Genre : Historique.
Edition : Pocket.
Nombre de page : 412 pages.
Prix : 7.95€.


Résumé :

 1933. Ariane, l'aînée des filles Calvino s'apprête à rentrer au Canada, terre de son coeur, après deux années à Paris. Elle se rappelle ses premiers émois, les doutes et les échecs, les jalousies et rivalités avec sa cadette, l'art qui ne met rien dans les assiettes, la comédie, la bohème.
Aujourd'hui Ariane a changé et est armée d'une volonté de fer : elle veut gagner sa vie et tenter de la réussir. Battante et féministe avant l'heure, elle va devenir réalisatrice à la radio, ce nouveau moyen de communication où tout est encore à inventer. Maintes fois déçue par l'amour, elle finira par succomber aux charmes d'un publicitaire ambitieux. Mais la maladie, les trahisons et les rapports de force assombriront la vie du couple. Son courage et la passion de son métier permettront-ils à Ariane de réussir sur ce chemin semé d'embûches ?


Extrait :

 Les semaines suivantes, qu'Ariane consacre au déménagement de ses effets et à la préparation de ses premiers enregistrements, filent comme des flèches. Sa vie prend un virage.
Avec les chaleurs de l'été, et après bien des hésitations, Ariane décide que cette soirée de juillet sera la bonne pour retrouver les copains des Beaux-Arts Chez Gina, où ils se réunissent ce dimanche-là. Secrètement, elle espère qu'on lui donnera des nouvelles fraîches d'Eugène. Mais des amis de ses parents contrecarrent ses plans lorsqu'ils passent sans prévenir à la maison pour invite la famille à se joindre à eux pour une grande fête champêtre organisée sur les rives de la rivière des Mille Îles.
- Il y a un jeune homme que j'aimerais te présenter. Il te plaira, j'en suis certaine, affirme la fille de l'hôtesse.
Quelques minutes plus tard, Arthur Dupont téléphone à la maison, s'excusant pour son appel de dernière minute. En ce dernier dimanche de juillet, il célèbre son anniversaire chez lui et invite tous les membres du personnel de la station. C'est une tradition dont il a oublié d'aviser Ariane, mais il pense que ce serait dommage qu'elle ne soit pas des leurs. L'occasion lui permettrait de faire plus ample connaissance avec tout le monde.
- ... Dont un jeune homme en particulier, ajoute-t-il, un sourire dans la voix.
Son entourage semble tenir à lui présenter un cavalier, et cela fait tiquer la jeune femme. Elle donne préséance à l'invitation de son patron et annule ses autres engagements. La vie montréalaise compensera peut-être l'absence de son ami globe-trotter, qui sait ?
Sur sa dernière carte postale, Eugène a dessiné un profil d'homme aux traits négroïdes. Rien de plus. Bien que l'esquisse soit magnifique, Ariane aurait espéré un mot gentil de sa part. Attristée, elle fait contre mauvaise fortune bon coeur et va se préparer pour sa sortie.
Elle se présente élégamment vêtue à la porte de la demeure opulente de son patron, située dans l'ouest de la ville. Délaissant le pantalon, qu'elle se plaît à porter au travail à la manière toute parisienne de Coco Chanel, Ariane a opté pour une robe lilas ceinturée à la taille par un ruban écru avec une large boucle sur le devant et au col échancré sur la poitrine. Ouvrant lui-même la porte, monsieur Dupont l'accueille avec sa chaleur et sa simplicité coutumières. Il la prend doucement par le coude et l'entraîne dans le salon pour la présenter. Surprise de voir autant de gens, elle est incapable de se souvenir des noms de tous ses nouveaux collègues qui la saluent.
- Et voici celui que je tenais à vous faire rencontrer : mon complice et ami. Le seul et univers, Marcel Lepage.
L'homme devant elle balaie toutes ses questions sur l'amour. Voilà le bon, le vrai, celui qu'elle aimera pour toujours. Elle en a la certitude. Vêtu d'un pantalon large et d'un veston assorti sur une chemise blanche étincelante, il porte un canotier bien coupé tombant sur son front. Il est d'un chic ! Auquel s'ajoute une vivacité d'esprit hors du commun ! Marcel lui fait un sourire irrésistible. Subjuguée, elle se laisse charmer.
Dans le coeur d'Ariane, Eugène s'efface aussitôt, de même que Gérard et Louis-Marie. Il n'y a plus que lui, cet être exceptionnel et original qui se dévoile avec facilité.


Avis :

 Encore une fois, avec ce deuxième volume de « De mères en filles », de Dominique Drouin, j’ai gagné en richesse. En effet, en dehors de l’histoire contemporaine de l’héroïne, ce roman se base sur des renseignements historiques, des faits réels. J’ai beaucoup aimé ces éléments-là de l’œuvre, tout comme le petit message féministe du récit ; exprimé autant par Ariane que par l’auteure en elle-même. Toutefois, j’ai eu l’impression de ne pas retrouver la même plume que dans le tome précédent. Une narration à profusion et peu de dialogue, cela alourdit considérablement le texte. Aussi, la période de 1928 – 1950 est mise en valeur, ainsi que la province du Québec ; c’est en grande partie ce qui en fait son originalité.

Le personnage d’Ariane est vraiment différent de celui de sa mère Alice, sa manière de penser et sa façon d’être. Elle mène des combats, dont celui du féminisme ; de donner la chance aux femmes dans les domaines professionnels réservés aux hommes. Sa jalousie envers sa sœur, Agathe, est totalement compréhensible ; néanmoins, à force de ressentir cette émotion émaner d’elle, cela m’a particulièrement agacé. J’ai tout de même bien aimé cette jeune femme, devenant mère à son tour. Elle est pleine d’ambition, de détermination et elle s’impose toujours face aux hommes ; surtout depuis ses blessures amoureuses d’adolescente et la perte de l’homme de sa vie. Elle est forte et elle a le cœur sur la main. Comme Ariane, le pire c’est de regretter certaines choses et de ne pas pouvoir revenir en arrière ; il faut trouver la possibilité de se racheter, de se pardonner soi-même et surtout de ne plus culpabiliser pour continuer à avancer.

Marcel Lepage est un traducteur de publicité, un homme aux airs sympathiques. Mais je me suis méfiée de lui durant tout le roman, quand on est de temps en temps plongé dans sa tête, il se plaint énormément. Je ne l’ai pas apprécié et sa personnalité m’a laissée pantoise, je l’ai trouvé arrogant, prétentieux et sans aucune reconnaissance envers les autres. Ses réactions pour la naissance de sa fille, de l’adoption d’une autre, m’ont donné froid dans le dos. Toutefois, il n’est pas bien méchant ; mais son éducation et son ambition l’entraînent sur une pente malsaine. De plus, son côté hyperactif, ses sorties de toutes les nuits, son inconscience envers sa santé ; démontre un personnage immature.

Eugène Boyer est aussi un protagoniste important dans ce livre. C’est le meilleur ami de notre héroïne. Je me suis prise d’affection, aussi j’ai ressenti de la peine pour lui. Il est amoureux et n’ose pas le dire, son secret le dévore et il supporte de moins en moins ses sentiments. Ils ne s’éteignent d’ailleurs jamais. Certes, il est présent seulement au début du livre, ensuite on le retrouve que vers les dernières pages ; et pourtant, il m’a séduite bien plus que Marcel. C’est un grand rêveur et un artiste, malgré tout son talent ; il ne perce pas dans ce monde de bohème.

Les longueurs peuvent réellement gêner pendant la lecture, c’est le cas que j’ai rencontré avec cet ouvrage. Parfois, les informations sont très pesantes, me déconnectant plusieurs fois du récit. Pourtant, les aventures d’Ariane sont intéressantes et ne manquent pas d’action, et l’apprentissage de fait est tout de même enrichissant ; juste que les détails prennent énormément de place dans le roman. En dehors de ça, c’est un voyage, plein de secrets, de rencontres, de vies, de pertes et de pardons. Plusieurs scènes touchantes, en revanche les émotions restent en arrière-plan, en oublient. Une petite bulle de sentiment qui s’envole aussi simplement qu’elle est venue, je trouve ça regrettable pour ce style de livre. À l’inverse, le mystère est un point non négligeable dans cette suite, avec des surprises au bon moment et des révélations au compte-gouttes. La trame se veut inédite grâce à la période et aux lieux abordés, tout en étant dans la même thématique que « Alice ».

Dominique Drouin détient une plume généreuse, à mon goût cela est même dans l’excès. Des développements copieux, entraînants, assurément une perte de rythme ; de plus, les chapitres sont longs. Heureusement, il y a des séparations dans ces derniers, pour rééquilibrer l’ensemble. Le vocabulaire est riche, il n’y a pas de simplicité dans l’écriture de cette auteure. Cette fois, c’est la rédaction, l’inégalité entre la narration et les dialogues qui m’ont déplu. Dominique écrit une histoire à la fois historique et contemporaine avec des thèmes forts, les messages sont puissants.

« Ariane » est avant tout une histoire d’existence, exprimant plusieurs périples. Des passages bouleversants et inattendus, les sentiments ne sont pas entièrement animés ; en différence, le suspense est palpable du début jusqu’à la fin. Le commencement de ce roman est assez complexe, on jongle entre deux périodes ; le passé au Canada d’Ariane, et l’avant-départ de la France pour retourner dans son pays. Je n’ai pas toujours suivi ces changements. Ariane est une héroïne porte-parole pour les femmes de l’époque 1928 – 1950, son caractère franc et dynamique gagne en force au fil des années et des pages. La plume de l’auteure ne correspond pas à mon style ; le manque d’interactivité entre les personnages, la moindre émotion s’effaçant derrière les développements. Je n’ai pas détesté l’écriture, juste l’absence d’harmonie. Quoi qu’il en soit, cela présente un second volume instructif et impressionnant.


Note :
7.5/10.

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