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5 août 2020

Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie.


Titre : Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie.
Auteur : Virginie Grimaldi.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 409 pages.
Prix : 8.20€.


Résumé :

 « Je veux qu'on divorce. »
Il aura suffi de cinq mots pour que l'univers de Pauline bascule. Installée avec son fils de quatre ans chez ses parents, elle laisse les jours s'écouler en attendant que la douleur s'estompe. Jusqu'au moment où elle décide de reprendre sa vie en main. Si les sentiments de Ben se sont évanouis, il suffit de les ranimer. Chaque jour, elle va donc lui écrire un souvenir de leur histoire. Mais cette plongée dans le passé peut faire resurgir les secrets les plus enfouis.


Extrait :

 Après dîner, nous sommes tous allés nous promener en bord de mer. Nous avons mangé des glaces, mon père a pris un supplément chantilly, les petits ont fait du manège et une crise quand il a fallu en descendre, Jérôme et Romain ont fait du trampoline, attachés à des élastiques, c'était notre première sortie ensemble et elle était presque parfaite. Il ne manquait que Ben. Alors, au retour, quand j'ai vu que j'avais un appel manqué de sa part, j'y ai vu un signe. Et je l'ai rappelé sans attendre.
- Salut, Pauline !
- Bonjour, Ben. Tu m'as appelée ?
- Oui, ça fais plus d'une semaine que vous êtes partis, j'appelais pour prendre des nouvelles. Comment ça se passe ? Vous devez être tout bronzés ?
Sa voix est chaleureuse, presque amicale, loin de celle, mécanique et froide, qu'il utilisait ces derniers mois. Comme s'il était revenu après une longue absence.
- Jules s'éclate, il passe son temps à se baigner. Tu veux lui parler ? Il ne dort pas encore.
- Tu me le passeras après, mais raconte ! Elle est comment, la maison de la plage ?
- Elle est chouette, on a une vue magnifique et une grande piscine.
- Ça doit te faire bizarre, tu l'aimais tellement... Et tout le monde va bien ? Nonna ?
- Oui oui, elle va bien. Elle est contente de retrouver son Sud-Ouest.
- Et toi ? Comment tu vas ?
Je reste silencieuse quelques secondes, le temps de faire disparaître la boule qui s'est formée dans ma gorge. Il s'intéresse à moi, je n'ai plus l'habitude.
- Ça va. Les vacances me font du bien.
- Tu sors un peu ?
- Pas beaucoup. On est allées en boîte l'autre soir avec Nath et Julie, j'ai mis trois jours à m'en remettre.
Il rit.
Ben. Rit.
- J'aurais voulu voir ça ! Dis, je voulais te demander si je pouvais prendre Jules une journée ? Samedi, si ça te va. Je passe le prendre et je te le ramène le soir.
- Je n'y vois pas d'inconvénient. Vous ferez quoi ?
- On ira à la plage s'il fait beau, sinon on verra. Tu voudras venir avec nous ?
- J'ai envie de rire, pleurer, crier et faire des saltos arrière en même temps. Il faut que j'écourte, je vais me désagréger.
- Je ne pense pas, on verra... Bon, je vais te passer Jules, il trépigne à côté de moi. À samedi alors !
- Super, à samedi, ma pu... Pardon, à samedi, Pauline !
Je tends le téléphone à Jules, qui s'éloigne avec. Je m'assois sur le lit et regarde mes mains qui tremblent. À samedi, mon amour.


Avis :

 Ce roman est rempli de vérité, de réalité ; par conséquent, j’ai pris un envol insoupçonné. L’histoire s’imprime vraiment en moi-même, l’héroïne me ressemble énormément et sa vie résonne un peu en tout le monde. Un contemporain pour lequel j’ai laissé les pages se tourner doucement, au ralenti ; avec le sentiment de devoir vraiment suspendre le temps, d’analyser les messages de l’auteure, le besoin de percevoir autrement avec cette œuvre. Comme en écho et en uppercut, le récit est autant en émotion qu’en apprentissage. Je ne risque pas d’oublier que le dernier chapitre perce au cœur et libère les larmes retenues, et forme l’étincelle extrême ; idéale, mais déchirante. « Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie » est un voyage initiatique, transmettant de nouvelles pensées pour découvrir une histoire de toute une vie ; un accompagnement personnel, un souffle vers une renaissance de soi-même.

Pauline est une femme d’une trentaine d’années, heureuse en apparence. En effet, elle cache des sentiments ; éteints par instinct de survie. Mais, depuis la rupture avec son mari ; des souvenirs et des émotions remontent. Cette héroïne se répercute énormément en moi-même, de par son besoin de contrôler pour ne pas tomber, de sa force ignorée et pourtant présente en toute circonstance. Pauline, c’est toi, moi, vous toutes ; elle est nous, nous sommes elle ; sa vie peut être la nôtre. Je n’ai pu m’empêcher d’être triste, admirative pour elle ; aussi d’espérer une tout autre fin, de vouloir son bonheur malgré cette pluie. Mais ces gouttes, ne sont-elles pas la porte vers une joie encore inconnue ? Après tout, l’existence sait nous réserver des surprises sans qu’on puisse les maîtriser. Une mère, une femme, une fille, une petite-fille, une sœur ; ce personnage féminin est tout en profondeur et en authenticité.

En compagnie de la famille de Pauline, d’elle-même et des lettres ; cet ouvrage porte le cœur et la tête vers une philosophie parfois oubliée, celle du lâcher-prise. Un mélange d’amour, de peur, de silence à abandonner, de compréhension, de deuil, et donc d’acceptation ; touchant sur des événements naturels, des émotions simples et en toute beauté. Une intrigue parfois lente, et, pourtant, c’est de cette façon qu’on perçoit le mystère, et plus particulièrement les non-dits des personnages. Le sujet est plutôt commun, tellement proche d’un vécu de n’importe qui, traité avec douceur et respect. Il faut admettre après cette lecture, que l’amour n’est jamais acquis, que le bonheur n’est pas éternel et le chagrin inconstant. Nous sommes nos propres lumières, savoir reconnaître nos peines signifie qu’on discerne et estime le bonheur. Un livre ni triste ni joyeux ; c’est plutôt tout un ensemble, un arc-en-ciel de sentiment différent, une sensibilisation sur le futur et les chemins à parcourir ; bien souvent opposé à nos souhaits.

Mon tout premier roman de Virginie Grimaldi et quelle belle surprise ! Son écriture riche diffuse autant d’humour que de pudeur, c’est doux et puissant, d’une honnêteté déconcertante. Les chapitres sont très courts et s’enchaînent à la hâte, parfois cette intensité coupe le rythme et donne la sensation de passer à côté de certaines émotions. Cependant, Virginie Grimaldi a réussi à me faire rire et espérer à chaque page, à me former des larmes dans les yeux et à les laisser ruisseler le long de mes joues sur l’épilogue, à me surélever psychologiquement. De plus, l’histoire se déroule près de chez moi, dans le Sud-Ouest, au bord de l’océan ; alors je me suis sentie encore plus proche des personnages et de l’écrivaine.

Cette lecture est magnifiquement sincère, sur des thèmes de la vie et au côté de héros attachants. Je me suis vraiment reconnue en Pauline, et l’amour qu’elle porte à son fils est extrêmement touchant. Sa famille est celle de tout un chacun, l’ambiance qu’ils offrent est animée, marquée par des rebondissements imprévisibles. Des sentiments tendres, un dénouement souffrant de vérité ; la moralité du récit est fidèle jusqu’au dernier mot de l’auteure. Virginie Grimaldi exprime une multitude de tourments, celui de l’amour s’éloignant après des épreuves cruelles, le processus du deuil pendant le changement et le rappel des bons souvenirs comme des mauvais déliant les silences incompris. « Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie » grandit et adoucit les cœurs, enrichit l’esprit, sur une plume drôle, émouvante et naturelle.


Note :
9.5/10.

1 commentaire:

  1. Comme toi, j'avais beaucoup aimé cette lecture, qui nous donne une véritable leçon de vie :)

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