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7 août 2020

Minute, Papillon !


Titre : Minute, Papillon !
Auteur : Aurélie Valognes.
Genre : Contemporain.
Edition : Le Livre de Poche.
Nombre de page : 297 pages.
Prix : 7.70€.


Résumé :

 Rose, 36 ans, mère célibataire, est une femme dévouée qui a toujours fait passer les besoins des autres avant les siens. Après avoir perdu son père et son emploi, la jeune femme apprend que Baptiste, son fils unique de 18 ans, quitte la maison. Son monde s'effondre. Cette ex-nounou d'enfer est alors contrainte d'accepter de travailler comme dame de compagnie pour une vieille dame riche et toquée, Colette, et son insupportable fille, la despotique Véronique.
Et si, contre toute attente, cette rencontre atypique allait changer sa vie ?


Extrait :

 Revenue observer le désarroi de Rose, Colette suggéra timidement :
- Vous avez essayé dans la cabine de cryo de ma fille ? Au fond de son dressing ?
- Vous pensez que j'ai le droit ?
- Non. Vous ne faites uniquement que ce que l'on vous autorise ? Votre vie doit être bien triste...
Tu l'as dit, bouffi !
Rose lança un regard intéressé à la vieille dame et courut installer ses surgelés, sous le regard sévère du petit Loulou de Poméranie.
- Arrête de me grogner dessus, Xanax, sinon je t'y mets aussi ! Je ne fais rien de mal, là ! Je m'assure que la cabine à froid de madame fonctionne encore. Mais comment fait-elle pour y rester plus de dix secondes ? On dirait une chambre froide pour gros morceaux de viande, voire pire... Et toi, arrête de me coller si tu ne veux pas finir en Mister Freeze !
Installées dans la cuisine de Colette, les deux femmes étaient silencieuses, une tasse refroidie devant chacune d'elles. Rose avait bien tenté d'engager la conversation, mais Colette regardait au loin, comme absorbée par les carreaux de la crédence. Pour être particulière, Colette l'était vraiment : avec elle, c'était noir le jour, et blanc la nuit, ou inversement. À n'y rien comprendre. Rose tenta, à nouveau, de briser la glace :
- Vous savez, nous ne sommes effectivement pas obligées de nous parler. Mais cela ferait quand même passer le temps plus vite... Une semaine, ce n'est pas loin de 150 heures, tout de même ! Il faudrait faire un petit effort. Il fait un temps splendide, c'est dommage de rester enfermées. Votre fille m'a dit que vous avez tendance à déprimer...
- Moi, déprimée ? Elle est culottée, celle-là ! rétorqua Colette, blessée. Je ne me gave pas de pilules, contrairement à elle. Je ne tiens pas à m'épancher sur des sujets que ne vous concernent pas ! N'y voyez rien de personnel, mais ce qui se passe entre ma fille et moi ne regarde personne. Et hors de question de sortir ! Vos idées de génie, vous pouvez vous les garder. Tout cela pour voir quelques minuscules canards dépendant de leur mère : ils vont vite déchanter, ceux-là.
De nouveau, Colette tourna le regard de l'autre côté de la pièce et se mura dans le silence. Rose pensa un instant regagner sa studette à l'étage du dessus, laissant la vieille dame à ses non-occupations, mais elle se ravisa par mauvaise conscience. Une chute était vite arrivée...
Rose décida alors de prendre un des nombreux ouvrages de la bibliothèque et d'occuper le temps avec une histoire d'amour à l'eau de rose. Ses préférées. Après de nombreuses minutes d'observation de biais, Colette émit un commentaire :
- Il a fallu que vous choisissiez le seul livre qui ne m'appartient pas... Ces histoires d'amour qui finissent toujours bien, mais qui y croit encore ?
- Moi ! Et j'espère bien avoir la chance de trouver le bon et de refaire ma vie. Le temps galope, mais je ne suis pas encore périmée.
- Vous dites ça pour moi ?
Rose la regarda du coin de l'oeil pour vérifier s'il s'agissait d'humour, puis comprit que la vieille dame se sentait vraiment offensée.
- Mais enfin, Colette ? Vous êtes parano ? Je ne parle absolument pas de vous. Et ce chien qui me léchouille les orteils, je n'en peux plus ! Ça suffit, Pastis ! Je vais aller au parc avec lui, cela nous changera les idées. Vous ne voulez vraiment pas nous accompagner, Colette ?
- Sans façon !
- Nous ne serons pas longs. Avez-vous besoin de quoi que ce soit ? Caviar ou foie gras ?
- Je crois que vous avez raison. Nous n'allons pas survivre une semaine à cette cohabitation forcée.


Avis :

 Les romans de Aurélie Valognes sont chaleureux, une avalanche de bon sentiment pour le cœur. « Minute, papillon ! » ne fait pas défaut à cette règle de bonne humeur, de plaisir léger et court. Cette histoire est agréable, d’une réalité amusante et parfois agaçante ; un personnage m’a déplu au plus haut point, Véronique, heureusement elle est secondaire au récit. Un livre avec un manque de développement, les scènes se déroulent rapidement et ne prennent pas le temps de « vivre », c’est peut-être ça, ma plus grande déception. Une lecture énergique, pleine de fraîcheur et de passage attendrissant ou exaspérant ; un côté excentrique et des tournures authentiques.

Rose est une femme proche de la quarantaine, célibataire depuis plusieurs années et mère d’un garçon de 18 ans. Nounou dans l’âme, elle se sacrifie toujours pour les autres et s’oublie soi-même. Elle est attachante, mais bien souvent elle se laisse marcher sur les pieds ; manquant de répondant, de caractère pour se faire entendre. Elle semble plutôt seule dans la vie, beaucoup de monde l’abandonne ; je me suis sentie mal pour Rose, qui donne pourtant tellement d’amour, et d’elle-même aux autres. Aussi, son évolution durant tout le récit est fidèle à l’héroïne de base ; elle apprend de ses erreurs et commence à changer de vision, tout en restant elle-même. Charmante, un peu angoissée, mais pleine de vie ; elle tente de sourire au bonheur et de penser à elle, avant tout.

Colette est une dame d’un certain âge, plutôt étrange d’ailleurs. Elle est maniaque, se douche plusieurs fois dans la journée et ne sort strictement jamais de chez elle. Je me suis prise d’affection pour ce personnage haut en couleur, surprenant et décalé. Elle n’est pas présente tout au long du livre, sa flamme manque de temps en temps au récit ; elle offre une certaine vivacité et quelques bons conseils. Je l’ai trouvé intéressante, malgré ses manies et sa personnalité un peu entêtée. Colette est clairement renfermée, recluse avec sa fille égoïste et superficielle, créer des liens durables n’est plus sa priorité. L’arrivée d’une dame de compagnie est peut-être une opportunité pour elle, celle de retrouver un semblant d’animation et de vie sociale.

Un feel-good court, pétillant et doux comme un plaid. Cependant, toute la magie de cet ouvrage n’a pas opéré sur moi ; par un vide de détail et de partie trop succincte. Les émotions sont tendres, elles remplissent le palpitant ; beaucoup de sincérité dans cette histoire de rencontre entre deux femmes à la fois différentes et similaires. Malgré une intrigue dynamique, l’ensemble tourne occasionnellement en rond ; des répétitions dans les confidences et enseignements, amoindrissant l’impact moral sur l’esprit. « Minute, papillon ! » ne sort pas vraiment du lot des autres ouvrages de l’auteure, un même style vendant du sourire et de la sérénité.

Aurélie Valognes possède cette arme fabuleuse, de donner le sourire avec des mots, d’offrir immanquablement un bien-être tout en simplicité. Certes, elle écrit à la troisième personne du singulier, mais cela n’empêche aucunement de s’attacher aux personnages ou au contexte. Une plume fluide, très spontanée ; bien évidemment, la narration n’est pas toujours équilibrée aux dialogues. C’est le troisième roman de Aurélie que je découvre, j’apprécie sincèrement son univers ensoleillé, entraînant et divertissant.

Lire cette écrivaine, c’est du plaisir et une recommandation pour recouvrer le sourire. Un livre qui fait du bien au moral, ça laisse une petite chaleur au cœur. Or, Véronique, cette protagoniste, je l’ai tout juste supporté avec difficulté. Pour les autres héros, comme Rose et Colette, c’est tout simplement de la tendresse pure. Toujours est-il que cette œuvre n’est pas profonde, la plupart des scènes sont abrégées ; les péripéties comme les sentiments sont survolés et soufflent une impression de frustration. Enfin, je suis tout de même satisfaite de ma lecture, cela change les idées, l’histoire est relativement réjouissante et facile ; dans l’air du temps en présence d’une écriture très contemporaine.


Note :
7.5/10.

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