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27 févr. 2022

Mercy Thompson, Tome 6 : La marque du fleuve.


Titre : Mercy Thompson, Tome 6 : La marque du fleuve.
Auteur : Patricia Briggs.
Genre : Bit-lit.
Edition : Milady.
Nombre de page : 378 pages.
Prix : 7.10€.


Résumé :

 Avec toutes leurs responsabilités, Mercy et Adam n'ont pas une minute à eux. Alors quand ils parviennent enfin à prendre quelques jours de vacances dans ce charmant camping au bord de la Columbia, ils n'ont qu'une idée en tête : être au calme et ensemble.
Mais le repos est de courte durée pour les amoureux, car une menace rôde dans les eaux troubles du fleuve et Mercy est la seule à pouvoir la contrer.
Une mission qui pourrait bien jeter une lumière nouvelle sur les origines de la jeune femme...


Extrait :

 Nous allâmes nager dans le fleuve... ou plutôt, j'allai nager et Adam barbota dans l'eau à hauteur de poitrine, puisque les loups-garous ne peuvent pas nager. Leur masse musculaire est trop dense pour qu'ils puissent flotter, et ils sombrent donc au fond de l'eau aussi lourdement qu'un caillou.
Le camping encerclait une belle crique d'eaux dormantes, mais pas stagnantes, avec juste assez de courant pour qu'il soit agréable d'y nager. On avait planté tout autour des oliviers de Bohême et des buissons de plantes ornementales que je n'aurais su identifier mais qui conjugués à la cascade de deux mètres cinquante séparant l'étang du fleuve, donnaient une impression d'intimité. Il faisait près de 40°C, l'eau paraissait donc vraiment bonne.
Nous pataugeâmes et nous éclaboussâmes comme deux gamins, et je riais tellement qu'il fallut que j'aille reprendre mon souffle sur la berge.
- Poule mouillée ! cria Adam du milieu du fleuve, les mains sous la ligne d'eau, prêt à me projeter de l'eau dessus.
- Pas poule mouillée ! protestai-je en haletant sous les rayons de soleil qui séchaient mes cheveux, ma peau et mon maillot à toute allure.
- Alors qu'est-ce que tu fais dehors ? demanda-t-il.
J'ouvris de grands yeux innocents et le regardai en battant des cils :
- J'observe notre environnement.
J'abaissai mon regard vers son abdomen où de jolis muscles luisaient agréablement. Les loups-garous étaient toujours dans une forme physique appréciable, mais Adam était encore mieux bâti que le lycanthrope moyen.
- Y a des paysages sacrément sympas, conclus-je en ronronnant.
Il émit un bruit de gorge et, quand je levai les yeux, je vis que les siens brillaient d'une flamme passionnée.
- Je ne peux qu'être d'accord, dit-il en sortant du fleuve et en se dirigeant vers moi d'un pas décidé.Je poussai un couinement et me relevai d'un bond en riant... et quelque chose dans l'eau, derrière lui, m'attira l'œil. Adam fit volte-face pour voir ce que j'avais aperçu, mais trop tard. Un tronc d'arbre, peut-être, pensai-je, qui flottait entre deux eaux. Difficile à déterminer avec la distance, mais en tout cas, c'était trop gros pour être un poisson.
Avant la construction des barrages, il y avait de sacrément gros esturgeons dans le coin, des machins de presque deux mètres, selon Zee. Et ce que j'avais vu était plus gros que ça. Mais ça avait disparu à présent, et j'avais détourné Adam de sa traque.
Il regardait par-dessus son épaule. Je profitai de sa distraction pour partir en courant vers la caravane.
C'est rapide, un loup-garou. Pas autant qu'un guépard, mais plus qu'un loup gris ou un chien. Moi aussi, je suis vive. Plus que la plupart des loups-garous que je connais. Peut-être que je ne courais pas aussi vite que je l'aurai pu. Ou peut-être que la perspective du sexe incite les mâles, quelle que soit leur espèce, à dépasser leurs limites. Quoi qu'il en soit, Adam me rattrapa à mi-chemin de la caravane. Sans même ralentir, il me souleva par-dessus son épaule et poursuivit sa course pendant que je riais comme une perdue en luttant pour respirer. Il me plaqua contre la caravane et s'assura que je savourais vraiment cet enlèvement.
D'une manière ou d'une autre, nous parvînmes à entrer et nous abattîmes sur le lit moelleux revêtu de draps propres, et même neufs. D'ailleurs, tout l'intérieur semblait flambant neuf. C'était cher, une telle caravane. Qui dans ses connaissances avait pu lui prêter une caravane flambant neuve ?
Mais cette pensée fut aussitôt évacuée de mon esprit et quand nous en eûmes terminé, je me retrouvai aussi moite et échauffée qu'avant notre baignade, dans une atmosphère saturée de notre odeur, avec Adam endormi à mes côtés.


Avis :

 Je retrouve Mercy, après une longue pause dans cette série. Vampire à sauver, fête surprise, voyage en caravane et monstre dans l’eau ; les bases ne changent pas tout en offrant une nouvelle intrigue. Malheureusement, ce sixième volume est plutôt plat à mon goût, la narration descriptive, avec des informations parfois futiles m’ont souvent perdu dans l’histoire et son rythme. La plume de l’auteure me semble très différente des tomes précédents, néanmoins, après être sortie durant trois ans de cet univers ; je pense et j’espère que cela vient seulement de moi. La trame de « La marque du fleuve » n’est pas mauvaise, au contraire, elle est extraordinaire, impressionnante d’originalité et débordante de mystère. Cependant, le tout est réellement mal exploité, c’est brouillon, avec des chapitres très longs où les renseignements altèrent énormément la cadence et l’action possible. L’ennui peut pointer le bout de son nez dans ce récit, malgré tout l’intérêt de la thématique ; je suis vraiment déçue par cette suite. Je ne me suis pas réapproprié le style, sans être lassée, ce roman est bien plus complexe à apprécier à sa juste valeur ; les détails excessifs peuvent entraîner cette perte totale d’énergie dans le texte.

Mercy Thompson est un Coyote, et elle ne connaît pas tout à fait ses origines. De plus, elle ne s’est jamais véritablement sentie à sa place. Depuis sa rencontre, et sa liaison avec Adam ; l’Alpha de la meute du Bassin de la Columbia, elle n’est plus seule malgré sa différence. Sa personnalité est toujours la même, bienveillante envers le monde, forte devant les épreuves. Je suis toutefois étonnée de certains de ses choix avec ce volume, elle réfléchit aux conséquences et prend des décisions sages. Une femme moderne, qui ne se soumet pas sans se battre. J’admire cette héroïne depuis le début, dans cette suite, elle est plaisante, peut-être un peu trop « parfaite » d’ailleurs. Avec tous les obstacles rencontrés, elle n’est pas méfiante ; c’est un trait de caractère absent et je considère cela comme étant étrange. Mercy n’est plus vraiment surprenante, à force, je me suis habituée à son tempérament. Le seul changement est ses questionnements envers ses racines.

Adam Hauptman est un Alpha, un loup-garou puissant par son autorité. Je l’ai bien aimé dans ce livre-là, il a l’air plus accommodant et capable de laisser sa compagne prendre des décisions. C’est un homme dangereux tout en étant raisonnable dans ses combats, il sait être prudent. Un héros parfait pour un rôle d’Alpha, il est difficile de ne pas s’attacher à lui durant ses moments de souffrance. Sa façon d’appréhender le danger n’est pas infaillible, et, malgré toute la force de son esprit et de son corps, les blessures font mal. Le pire pour ce personnage est sa transformation, sans cesse dans la douleur et très longue. Heureusement, sa moitié est auprès de lui et le protège. C’est le genre d’homme authentique, voulant être « viril » dans certaines circonstances, cependant sa douceur et sa sensibilité le révèlent sous un nouveau jour. Il n’a pas droit à son point de vue dans l’histoire, et je trouve ça un peu regrettable ; j’ai l’envie d’en savoir plus sur lui.

Le suspense est la nuance principale de ce roman, et les révélations s’enchaînent durant tout le récit. Justement, ces informations à profusion peuvent perdre le lecteur, il faut s’accrocher pour absorber les détails et les moindres indications. D’ailleurs, je ne me suis pas vraiment plongée dans l’ouvrage, plusieurs fois, je me suis détachée de la narration surdéveloppée. Pourtant, la mythologie indienne, le monstre de ce sixième tome, les précisions sur les totems, l’histoire au sujet du passé ; sont très originales et particulièrement captivantes. Quoi qu’il en soit, l’ensemble est pour moi, très déplaisant sur la construction et le déroulement ; confus et sans ancrage. La relation entre Mercy et Adam n’a jamais été mise en avant, et en dépit du grand saut dans cette suite et du voyage qu’ils font juste tous les deux ; ce couple reste plutôt mystérieux. La romance est donc présente, mais seulement sur un accompagnement lointain. J’ai goûté aux émotions particulièrement dans le 3ème et 4ème opus. Le cinquième manque déjà de sentiment, alors celui-ci est pire dans cette absence. Je n’ai rien éprouvé, peut-être quelques bouffées de panique, avec les rebondissements ; je perçois ça comme étant insuffisant.

L’écriture de l’auteure me satisfait logiquement, avec « La marque du fleuve », j’ai eu l’impression de lire une autre écrivaine. C’est soit trop riche, soit passablement approfondi. Pour être plus sincère dans mes mots, le style est entièrement désorganisé, imprécis. J’ai ressenti une réelle baisse de régime, déjà « Le grimoire d’argent » possède une intrigue sans étincelles ; donc je ne suis pas très étonnée par cette déconvenue. De plus, Patricia Briggs n’harmonise aucunement la narration et les dialogues, les chapitres sont indéfiniment copieux ; beaucoup de longueurs pour remplir des blancs donnant un effet de naufrage sur le rythme.

En résumé, ce tome part presque aux oubliettes ; je retiens seulement une trame potentiellement passionnante et inédite, entourée par des détails fascinants au premier abord. En vérité, ces richesses sont tellement dans l’excès qu’elles deviennent agaçantes et ennuyantes. J’apprécie encore Mercy et Adam, ce sont deux personnages agréables et parfois on se prend d’affection pour eux. Peut-être que le berceau de la meute absente sur ce livre est une faille, l’entourage de nos héros est clairement la lumière et ils n’apparaissent pas dans cet écrit. Le mystère est plutôt bon, tout comme les nouveautés, dont la bête malfaisante de ce livre. En dehors de ça, les sentiments ne s’éprouvent pas ; néanmoins, c’est propre à chacun. La plume de Patricia Briggs est clairement méconnaissable, la rédaction est souvent désordonnée et les données ne m’ont aucunement atteinte. Bien plus de négatifs que de positif avec cette lecture, j’ai pris du temps pour le finir alors qu’il est plutôt court. J’ai tout de même le désir de continuer mon périple au côté de « Mercy Thompson », avec l’espoir d’être moins frustrée.


Note :
6.5/10.

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