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16 févr. 2022

Stage Dive, Tome 2 : Play.


Titre : Stage Dive, Tome 2 : Play.
Auteur : Kylie Scott.
Genre : Romance.
Edition : JC Lattès.
Collection : &moi.
Nombre de page : 296 pages.
Prix : 12.50€.


Résumé :

 Anne a des problèmes d'argent. De gros problèmes. De son côté, Mal, le batteur des Stage Dive, aurait bien besoin d'une petite amie exemplaire pour redorer son image. Lorsqu'il propose à Anne de la payer pour jouer ce rôle, ils pensent avoir trouvé le parfait arrangement. Si seulement l'attraction entre eux n'était pas si forte...


Extrait :

 - Benny boy ! beugla Mal.
Il était en train de danser sur la table basse en compagnie d'une brune aux jambes interminables. La fille semblait se donner un mal fou pour s'agripper à lui tel du lierre sur un mur. D'une façon ou d'une autre, Mal parvenait à la maintenir poliment à distance. Enfin, pas complètement.
- Yo, répondit Ben sur un ton très viril.
- T'as rencontré ma copine, Anne ?
Mal fit un signe de tête en direction de l'accoudoir du canapé, sur lequel j'étais perchée. Je m'immobilisai. Il était occupé depuis plusieurs heures, aussi étais-je persuadée qu'il m'avait oubliée.
- Tu t'es trouvé une copine ? demande Ben.
- Ouais. Elle est mignonne, non ?
Ben me lança un regard rapide, suivi d'un mouvement du menton étrangement similaire à celui que David m'avait adressé à mon arrivée. Était-ce une sorte de code entre musiciens, l'équivalent d'une poignée de mains ?
- On a discuté sur le balcon tout à l'heure. On va habiter ensemble.
La brute se renfrogna brusquement. Mal ne le remarqua même pas. Mais surtout : qu'est-ce qu'il racontait, bordel ?
- Je plaisante pas, mec. C'est sérieux. Elle a des galères avec ses potes. Elle est dans une sacrée merde. Bref, elle a vraiment besoin de moi pour la soutenir et tout et tout. Tu comprends ?
Mes mains se mirent à étrangler la pauvre bouteille de bière.
- Vous vous la jouez David et Ev ? ironisa Ben.
- Carrément, ouais ! J'ai décidé de me poser. Je suis un autre homme. Le grand amour, tout ça.
- Cool. Ça va être marrant, estima Ben. Et vous pensez que ça va durer combien de temps ?
- Notre passion dévorante sera éternelle, Benny boy. Tu verras bien.
Ben haussa les sourcils.
- On prend les paris ? le défia Ben.
- Donne un prix.
- Cinq mille dollars que tu ne tiens pas jusqu'à la tournée.
- Cinq mille ? Tu te fous de ma gueule ? O.K. pour vingt.
Ben s'esclaffa.
- Ça sera les vingt mille dollars les plus facilement gagnés de l'histoire.
- Tu as l'intention d'emménager chez moi ? demandai-je, interrompant leurs fanfaronnades et autres tractations financières - sans parler de mes prétendues « galères avec mes potes ».
- Oui, ma puce, répondit Mal, sérieux comme un pape.
Je tressaillis en entendant le surnom dont il venait de m'affubler mes choisis de me concentrer sur le véritable problème.
- Et quand est-ce qu'on a discuté de ça, au juste ?
- Tu étais peut-être déjà partie à ce moment-là, mais ça ne change rien aux faits. (Il se tourna vers Ben.) Timing parfait avec l'arrivée de ma mère. Elle va surkiffer Anne. Elle a toujours voulu que je trouve une fille gentille, que je me stabilise et tout le bordel.
- Je croyais que tu n'aimais pas Portland, remarqua Ben.
- Je n'aime pas Portland. Mais j'aime bien Anne, contra-t-il avec un clin d'oeil vers moi. Et puis, Davie ne va pas retourner à L.A. avant un bail. Même Jimmy a évoqué l'idée de déménager. Il envisage d'acheter l'appart d'à côté.
***
- Désolé, dit-il. Je suis sûr que tu es très sympa, mais mon coeur ne bat que pour Anne.
La fille me jeta un regard vide, fit virevolter sa crinière et pivota pour partir. Faisant fi de sa mauvaise humeur, Ben l'attrapa par la taille et l'attira sur ses genoux. Il ne lui fallut pas plus d'un millième de seconde pour transférer ses ardeurs sur lui. Après tout, Ben était un beau gosse baraqué auquel peu de femmes résisteraient.
Mal se jeta à mes pieds. Surprise, je m'empressai de regagner mon siège.
- Pardonne-moi, Anne. Je me suis égaré.- Pas de problème.
J'ignorais combien de bières il avait bu. Sans foute une bonne cargaison.
- Tu sais quoi, ma puce ? (Mal s'installa à genoux sur le canapé à côté de moi.) Ne fais pas ton regard de psycho à Ben.
Il aurait mérité deux baffes : une parce qu'il m'avait appelée « ma puce » et une autre parce qu'il me foutait la honte chaque fois qu'il en avait l'occasion. À la place, j'examinai ma bière avec un air pénétré.
- Elle te regarde comme une psycho ? demanda Ben.
- Carrément, ouais. Anne ?
- Un doigt souleva alors mon menton, m'obligeant à le regarder en face. Mal me dévisagea et je l'imitai malgré moi. Son visage s'adoucit, toute trace d'humour alcoolisé s'évanouissant aussitôt. Il ne fit rien d'autre que m'observer, et j'entrevis à cet instant ce que pénétrer l'âme de quelqu'un signifiait. C'était terrifiant. Je pouvais presque sentir une connexion entre nous, comme quelque chose dont j'aurais pu me saisir rien qu'en tendant la main.
- Ça ne pouvait pas être réel.
L'espace d'un moment parfait et étrangement paisible, il n'y eut que lui et moi, dans notre petite bulle. Rien ni personne d'autre n'existait.
- Putain, elle remet ça ! s'écria-t-il, les yeux rivés sur moi. Pourtant elle le fait pas avec Davie et toi. Y a que moi qui ai droit au regard de psychopathe. Sûrement parce que je suis un être à part.
Ben dit quelque chose que je n'entendis pas, puis Mal détourna les yeux et l'alchimie s'envola. Le charme était rompu.
- Trop mignon. Elle peut pas se passer de moi.
- C'est évident, confirma Ben en riant.
Ma mâchoire se serra. Que Mal Ericson et ses petites combines aillent se faire foutre.
- Je n'ai pas encore rencontré Jimmy, le leader du groupe, lançai-je, trouvant enfin un moyen de riposter.
J'avais le choix entre les mots ou les poings. Et vu la façon dont il venait de me ridiculiser, les deux me convenaient.
- J'imagine que c'est lui le vrai chouchou des fans. Finalement, vous, vous n'êtes que les lots de consolation. Non ?
La mâchoire de Mal tomba.
- J'y crois pas, tu n'as pas dit ça...
Je gardai le silence, curieuse de voir comment il allait réagir à mes piques.
- Anne, est-ce que tu essaies de me rendre jaloux ? Je t'assure, tu ne me trouverais pas sympa dans ces moments-là. (Il se mit alors à rugir et à tambouriner sur sa poitrine tel King Kong ou Hulk - ou quiconque il essayait d'imiter.) Retire tout de suite ce que tu viens de dire !
- Non.
- Ne joue pas avec moi, Anne. Retire ça avant que je t'y oblige.
J'étais effarée. Et c'était moi la psychopathe ?
Le fou furieux haussa les épaules.
- Pas grave, ma puce. Tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenue.
Et, sans plus de manières, il se jeta sur moi. Je poussai un cri de panique qui produisit un bruit dément. Ma bouteille de bière alla se briser sur le sol.
Je suis, on peut le dire, quelqu'un de chatouilleux. Bon, d'accord, je déteste qu'on me chatouille. Et ce salopard décida de faire courir ses doigts partout sur moi, appuyant sur le moindre de mes points sensibles. À croire que quelqu'un lui avait donné la cartographie de mon corps. Je me tortillais, à bout de souffle, luttant pour me libérer.
- Et les limites ? sifflai-je.
Le rire qu'il m'opposa en retour était machiavélique.
Je commençais à glisser du canapé.
Pour être honnête, il fit de son mieux pour empêcher ma chute : ses mains m'empoignèrent dans un geste qui n'avait plus rien de désagréable. Je me retrouvai au-dessus de lui, nos corps enchevêtrés. Mal grogna lorsque sa tête cogna contre le parquet.
Aie ! Ça, ça avait dû faire mal.
Malgré la douleur, ses bras restèrent accrochés fermement autour de moi. C'était encore mieux que ce que j'avais imaginé. Et sachez que j'avais imaginé un certain nombre de trucs, pas plus tard que tout à l'heure, sur le balcon. La lueur taquine quitta son regard et tout son corps se raidit. Il me regarda sans ciller, la bouche entrouverte. Je compris qu'il attendait une réaction de ma part. Allais-je poursuivre notre petit jeu ? Je me concentrai sur ma respiration. Ses yeux se portèrent alors sur mes lèvres.
Je cessai de respirer.
Il ne pouvait tout de même pas avoir envie que je l'embrasse. À tous les coups, c'était encore une de ses petites combines. Sauf que non. Ou en tout cas pas complètement, puisque je le sentis durcir contre ma cuisse. Quelque chose se contracta au plus profond de moi. Je n'avais pas été aussi tendue depuis des lustres.
Et puis merde ! Il fallait que je sache quel goût avaient ses lèvres. À cette seconde précise, ne pas l'embrasser était inenvisageable.
- Malcolm, non !
Dressée au-dessus de nous, Evie nous toisait. Son visage n'était que consternation.
- Lâche-la. Pas mes copines. Tu m'avais promis.
Toute trace de tension sexuelle se dissipa et je fus envahie par un sentiment de honte. Tout le monde riait. Enfin, tout le monde à l'exception de David et Evie. Ils avaient malheureusement choisi ce moment précis pour rejoindre la fête.
- Ta copine et moi, on est faits pour être ensemble, affirma Mal. Fais-toi une raison. (Il me serra dans ses bras.) Tu sais, j'étais convaincu que tu saurais reconnaître l'amour, le vrai. Tu me déçois beaucoup, Evie.
- Lâche-la.


Avis :

 Je suis encore une fois sous le charme avec cette saga, bien évidemment, et, malgré toute ma curiosité à propos de Mal, cette suite n’est pas à la hauteur du précédent. En effet, les émotions sont moindres dans « Play », l’humour prenant énormément le dessus sur les sentiments bouleversants et peut-être attendus. Je ne regrette pas les dialogues, complètement abracadabrants, ils sont drôles au point de faire sourire jusqu’aux oreilles. C’est un aspect plutôt rare dans une romance New-Adult, apportant une originalité impressionnante dans un genre actuellement commun. L’aventure avec les Stage Dive continue, cette fois, avec Mal et sa rencontre avec Anna, deux personnages hauts en couleur. Une histoire d’amour pleine de vie et de bonne humeur, cependant, l’intrigue n’est pas révélatrice et débordante de rebondissement. Heureusement, la plume de Kylie Scott est très rythmée, et les pages défilent sur des scènes et des discussions épiques. L’ensemble de cette œuvre est clairement inqualifiable, le récit est amusant tout comme les héros, l’écriture communique une énergie libératrice ; les accents négatifs se situent principalement dans les émotions en dehors de la joie, et fatalement, le suspense.

L’héroïne, Anna, est la narratrice du livre. Elle se retrouve dans une situation misérable, sa colocataire et amie est partie en lui laissant un appartement presque vide et des loyers impayés. Elle se sent, trahie, sans pour autant s’abattre sur son sort. Une femme gardant le sourire en toute circonstance, jusqu’à se mentir à elle-même. D’une fraîcheur ravissante, Anna a les pieds sur terre, au point de se mettre en furie contre le batteur sur lequel elle fantasme depuis son adolescence. Toutefois, elle manque parfois de caractère, acceptant tout et n’importe quoi, sans, réellement, réfléchir aux conséquences. Bien sûr, elle est généreuse et prête à aider ses prochains, un peu naïve sur les bords. Elle sait, au fil du roman, poser des limites ; je me sens presque soulagée pour elle. J’ai bien aimé cette jeune femme, sa gentillesse, ses espoirs envers l’amour et son futur, ses réparties d’une justesse adéquate et surprenante. Cette protagoniste est légèrement à part et parallèlement, plutôt familière ; dans le sens « humaine » et « imparfaite ». Pourtant, je n’ai pas éprouvé d’attachement pour elle.

Mal est le batteur des Stage Dive, dans le premier volume je me suis intéressée à ce personnage de loin, le trouvant intrigant et curieux. Je confirme amplement mon attrait pour lui, cet homme est vraiment captivant dans sa personnalité. Plusieurs fois, je me suis posé des questions à son propos, son esprit est d’une imagination impensable, ses paroles se déversent avec tellement de naturel et d’abandon. Certes, Mal, n’est pas souvent sérieux et son aise est inconsciemment sans-gêne, cultivant son charme du début à la fin. Il est irrésistible, son côté enfantin le distingue sensiblement. Ses mystères offrent une nuance plus sombre de lui, dans ses moments, où il se renferme et vole vers la fuite ; l’envie de le prendre dans mes bras s’impose comme une évidence. Sans détour, ce protagoniste est attachant, sa mentalité donne un peu du fil à retordre ; de temps en temps impossible à cerner. Mal, cache sa peine insaisissable durant ses innombrables traits d’esprit, hors du commun. En attendant, sur certaines circonstances, il est insupportable au point de vouloir lui donner des réprimandes comme à un petit garçon.

Cette histoire d’amour commence dans une soirée, Mal et Anna entrent en contact ; et, celui-ci est déjà étonnant. Ils vont se taquiner, se mettre sur les nerfs et se dire des vérités. La relation qu’ils vont entretenir est au départ un jeu de rôle, sans aucun sentiment. Toutefois, l’attraction est de plus en plus forte à chaque instant qu’ils passent l’un avec l’autre. Ce couple est tordant de rire, Mal est facile à vivre tout comme Anna, cependant, ils vont enchaîner les passages cocasses. Entre un homme impossible à suivre dans ses délires et une femme supportant le pire, j’ai vécu des instants intenses. Néanmoins, les émotions ne sont pas vraiment harmonieuses, en dehors d’installer de la gaieté ; je n’ai pas éprouvé de sentiments marquant le cœur ou l’âme. Le récit en lui-même n’est certainement pas inédit, l’idée du « Je te paye et tu joues ma copine » est loin d’être moderne sur ce genre. En revanche, on perçoit de l’originalité dans l’humour, en dépit des sujets hors romance penchant vers une simplicité révoltante.

Le style de Kylie Scott est déjà bien élaboré, fusionnant comédie et romance, cette auteure révèle des accords familiers. Une plume ouverte, très naturelle, favorisant une lecture fluide, cependant, les plaisanteries peuvent parfois faillir de sens, me donnant souvent l’impression de me perdre dans les échanges entre les personnages. Kylie Scott expose seulement les développements requis, et ne s’embarrasse pas de détails inutiles ; son écriture est donc réduite au minimum, et met en avant sa touche comique et délurée. À la différence des autres romances, cette écrivaine sème un seul point de vue ; celui d’Anna. Négligeant à coup sûr les pensées de Mal, sa perception inexistante fait défaut.

Pour conclure avec ce second volume de « Stage Dive », le plaisir est entièrement présent, rire pendant une lecture est extrêmement rare pour ma part. Pourtant, ce roman au côté de Mal et Anna n’est pas digne de « Rock », le précédent possède bien plus de sentiment et d’authenticité. Ici, réellement, les traits d’humour prennent énormément de place, et enchaînent l’histoire vers la comédie. Mal est un personnage étrange, sa personnalité n’est véritablement pas courante et occasionne cette singularité inattendue ; il est fascinant et adorable dans sa manière d’être. Au sujet d’Anna, je me suis sentie proche d’elle ; toujours est-il qu’elle est vaguement quelconque sur le contenu de l’œuvre, elle apporte une bonté et des utopies attendrissantes. Tous les deux, ils forment un tandem divertissant, très humanisé ; la passion entre eux est un méli-mélo de sauvagerie et de douceur. Alors, sincèrement, le suspense est enlisé ; il n’y a pas de révélations considérables avant la fin du roman, dans tous les cas, aucune surprise sur les confessions. Kylie Scott trace le portrait d’un couple invraisemblable, sa plume est dynamique et pleine de chaleur. Loin d’être une romance révolutionnaire, « Play » est particulier selon divers angles. Un ouvrage à croquer tout naturellement à pleine dent.


Note :
8/10.

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