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24 juin 2020

La drôle de vie de Zelda Zonk, Tome 1.


COUP DE COEUR ♥.

Titre : La drôle de vie de Zelda Zonk, Tome 1.
Auteur : Laurence Peyrin.
Genre : Contemporain.
Edition : Pocket.
Nombre de page : 446 pages.
Prix : 7.60€.


Résumé :

 Les jours s'écoulent, un peu trop calmes, un peu trop sages, pour Hanna Reagan, lorsqu'un grave accident de voiture la cloue sur un lit d'hôpital. La campagne irlandaise a ses charmes, ainsi que son romancier de mari, mais rien de pétillant comme sa voisine de chambre, une vieille dame malicieuse et mystérieuse répondant au nom de Zelda Zonk.
À ses côtés, et n'ayant rien d'autre à faire pendant sa convalescence, Hanna se prend à rêver d'une nouvelle vie, plus éclatante. Est-elle vraiment épanouie dans son hameau perdu, dans son mariage routinier ? Alors que Zelda lui conte son existence positive et joyeuse, Hanna se demande s'il est encore possible de changer la sienne...


Extrait :

 « Brésil, toussa-t-il, tendant la cigarette à Hanna.
- Quoi, le tabac ? s'esclaffa-t-elle.
- Non, ces jeunes gens. Ils sont brésiliens. »
Il avait été si empressé à satisfaire sa demande - comme si son état exigeait sur-le-champ de l'oxygène - que c'en était comique. Tirant sa première bouffée en riant, Hanna faillit s'en étrangler.
« Comment vous faites ? lui demanda-t-il. C'est vraiment dégueulasse, d'après mes souvenirs. »
Elle sentit le goudron lui dévaler la gorge en une coulée brûlante.
« Non, là, c'est bon, exhala-t-elle. C'est un instant parfait. »
Il eut l'air touché.
« Ah, fit-il. Et un instant parfait exige qu'on l'enrobe de substances toxiques ?
- Ne soyez pas moralisateur. Je vous rappelle que sous votre influence déplorable j'ai dû avaler un escargot, une bestiole affreusement baveuse qui traîne toute sa vie par terre en ramassant des saletés.
- J'en conviens. Tirez toutes les taffes que vous voulez. Ensuite, j'irai vous chercher une autre cigarette, en échanger de vous voir gober une huître.
- J'ai une grenouille d'avance », rigola-t-elle.
Il hocha la tête avec un grand sourire. Puis retourna voir le quatuor brésilien.
Michael l'emmena à Saint-Germain-des-Prés.
En taxi, cette fois, le dernier métro étant passé depuis peu de temps lorsqu'ils quittèrent le Trocadéro et le petit groupe de cariocas avec qui ils avaient réussi à mener une joyeuse discussion, même si l'anglais des uns était sommaire, et le portugais des autres inexistant. Les Brésiliens étaient deux couples. Hanna et Michael ne se donnèrent pas le mal d'expliquer qu'eux-mêmes n'en étaient pas un. Trop compliqué. Tout le monde était bien heureux d'être là, c'était tout ce qui comptait.
Quand ils les quittèrent, Hanna avait fumé trois cigarettes, et repartait avec un paquet à moitié plein que les jeunes gens avaient insisté pour lui donner. Il devait être une heure du matin, et elle était complètement réveillée.
D'accord pour Saint-Germain-des-Prés.
Elle ne savait pas vers où cette aventure nocturne l'emmenait, mais ne s'en faisait aucun souci. Dearbly-upon-Haven était loin, elle avait fait son boulot aujourd'hui avec cette conne de Nelly Harvey, elle ne grugeait personne en faisant ce qu'elle voulait, là, maintenant. Elle prenait la part de Paris à laquelle elle avait droit.
Le taxi les déposa devant la Rhumerie, un bar à cocktails ouvert « toute la nuit », comme le garantissaient le panneau sur la devanture et la lumière qui s'en échappait.
« Vous voulez m'enivrer, reprocha-t-elle à Michael, ravie.
- Non, madame, c'est à vous de décider. Et rassurez-vous, je vous stopperai avant que vous ne vous donniez en spectacle. »
Il lui fit goûter un « russe blanc », dont l'opacité laiteuse lui arracha une grimace.
« Ça m'a l'air dégoûtant.
- Eh bien, comme ça, vous en boirez moins. »
Vodka, liqueur de café, lait. Le mélange était à la fois doux et costaud.
« Ça vous ressemble », dit Hanna, mise en jambes par sa première gorgée.
Il eut l'air surpris mais content. Elle mourrait d'envie d'en savoir plus sur Michael. Et les premières vapeurs d'alcool qui lui montaient à la tête avaient l'avantage d'aiguiser son audace sans émousser sa stratégie.
Elle commença dont par se livrer elle-même, se disant que Michael en ferait de même en retour. Elle lui raconta brièvement son enfance avec Gail, et les impayables M. et Mme McCann. Brièvement, cr elle se souvenait de lui en avoir déjà tracé les grandes lignes, un jour, au Mercy Hospital.
Et lui, quels souvenirs gardait-il de son enfance ? Oh, rien que de très simple : sa mère, la lande, les chevaux, les moutons.
Tout juste put-elle apprendre que Zelda faisait alors de petits travaux de couture pour arrondir leurs fins de mois, mais que le père de Michael leur avait laissé de quoi vivre correctement. Un trésor familial amassé avant la guerre ? se demanda-t-elle. Il n'en dit rien.
Elle lui brossa les portraits de Gail et de Patti.
Et lui, avait-il souffert d'être enfant unique ? Non, il était heureux avec sa mère, et s'était fait beaucoup d'amis un peu partout, tout au long de ses études et de ses voyages.
Elle lui parla un peu de Jeff - pas trop, pour ne pas le gêner.
Un second cocktail aidant, elle effleura les difficultés de la vie de couple, des compromis liberticides, juste un peu, sans vouloir paraître amère. Pour ça, elle s'aida de Gail à distance, mettant la plupart de ses réflexions dans la bouche de sa soeur.
Et lui, avait-il déjà vécu en couple ? Non, pas vraiment. Trop de voyages. Trop d'absences.
Il n'en dit pas plus, et sa réserve laissa un drôle de goût à Hanna : dans sa bouche, alors qu'elle finissait son verre, les saveurs de la vodka et du café se mélangeaient avec des remugles de trahison. Comment osait-elle infliger un tel interrogatoire psycho-flic à un homme qui avait veillé toute la soirée à la contenter, sans forfaiture ?
« C'était mon dernier », annonça-t-elle en repoussant son verre vide.
Il lui sourit, de son bon sourire, son si gentil sourire, et elle eut honte d'elle.
« Fatiguée ? demanda-t-il. Il est cinq heures... »
Elle le regarda éperdument, se fichant qu'il puisse mettre ses œillades imbéciles sur le compte de l'ivresse. Au contraire, ça l'arrangeait. Avant de quitter cet homme, elle voulait s'en imprégner sans vergogne, imprimer en pleine page les souvenirs de cette nuit qui déjà finissait.
Il la regarda aussi, en silence, sans plus sourire.
Dans ses yeux, aucune moquerie. Mais quelque chose qui ressemblait aux regrets.


Avis :

 Des palpitations au cœur pendant, et après cette magnifique lecture. Mon cœur a vibré, mon esprit a volé et toute mon âme a voyagé. J’ai traversé émotionnellement cette histoire et j’en ai encore des frissons. Cette œuvre est un hurlement pour la liberté, l’amitié, l’amour, l’espoir et la passion. Entre questionnements, doutes, surprise, révélations, inconscient et prise de conscience ; ce roman est rythmé par des intrigues riches et des bouleversements profonds. J’ai suivi l’héroïne dans ces retranchements, dans son besoin de changement et de connaissance d’elle-même. « La drôle de vie de Zelda Zonk » mélange mystère, romance et développement personnel, jusqu’à nous emmener dans des ailleurs comme l’Irlande, Paris et le passé de Marilyn Monroe.

Dans la campagne de l’Irlande, la pluie est parfois rude. Hanna, prends la route pour se rendre à son atelier dans la ville de Cork. Un accident se produit et l’entraîne à l’hôpital où elle fait la rencontre d’une femme d’un certain âge. Hanna est une femme mariée et en charge de la fille de sa sœur, sa vie est très calme dans son petit hameau qu’est, Dearly-upon-Haven ; d’après son entourage, elle est casanière. Jusqu’au moment où un évènement de conséquence entraîne ses pensées vers des interrogations, une culpabilité et une colère silencieuse. Toutefois, sa personnalité est souvent contradictoire et durant le récit de son long chemin vers des changements ; elle ne sait pas vraiment ce qu’elle veut. Je me suis attachée à son besoin d’amour, de reconnaissance et elle a raison de vouloir évoluer et renouveler sa vie ; elle mérite tellement plus. C’est une protagoniste touchante, étonnante ; depuis des années, elle souhaite avoir un enfant, mais elle ne parvient pas à tomber enceinte. Pour moi, cette femme possède un bonheur bancal.

Zelda Zonk, cette dame de 85 ans est fortement plaisante. Bien évidemment, son âge, son vécu lui donne une sagesse profonde. Je me suis vraiment prise d’affection pour elle et ses mystères, difficile de cerner son passé et ses secrets. Pourtant, elle est douce et toujours de bon conseil, elle ouvre son cœur et offre de l’amour à une inconnue. Petite parenthèse aussi pour son fils, Michael est un homme très séduisant ; chaque scène avec ce héros m’a fait sautiller le cœur. Tous ses traits de caractère m’ont charmé, jusqu’à me rendre impatiente de le retrouver dans des passages du livre.

Ce n’est pas qu’un simple roman contemporain avec des émotions, le suspense s’installe au sujet de Zelda Zonk, la romance s’empare intensément ; celle-ci est passionnante, douloureuse. Cette œuvre livre des remises en cause sur notre propre bonheur et nos envies possibles, marchant dans les pas de l’héroïne vers une nouvelle vie incertaine ; en revanche plus libératrice et rayonnante. À ses côtés, Zelda Zonk ; une confidente et une inspiration ; dans un sens, elle lui transmet sa propre force pour s’épanouir en tant qu’elle-même, et peut-être à être un peu égoïste. Sentimentalement, le récit est poignant ; j’en ai encore les effets quelques heures plus tard, un chaos dans mon cœur difficile à exprimer. Je vous jure, « La drôle de vie de Zelda Zonk » est prenant, authentique dans ses émotions. Une richesse et une ivresse de cœur dans cette histoire magnifique, au-delà des messages existentiels ; c’est une ode à la liberté et à l’amour.

Je retiens aussi et surtout, une plume véritablement sincère. Laurence Peyrin démontre un talent de rédaction, de transmission et de sensibilité approfondies. Certes, c’est écrit à la troisième personne du singulier, mais cela n’enlève en rien tous les sentiments. De plus, cette auteure rythme l’histoire avec différents yeux ; ceux de Hanna, Jeffrey, Zelda et Marsha. Des mots d’esprit, des phrases fluides et des péripéties toujours là au bon moment.

Une lecture à la fois légère, émouvante et haute en couleur. Du plus profond de mes organes vitaux, je vais garder un souvenir impérissable d’Hanna, de Zelda ou de Michael. Cette synopsis m’a fait vivre tout un tas de sensation, jusqu’à être insoutenable ; une seule envie : la dévorer toute entière pour connaître le mot de la « fin » ; qui n’en est pas une en réalité. Ce n’est pas original à cent pour cent, le contemporain ; c’est connu et reconnu. En effet, les bases restent clairement les mêmes et pourtant… les lieux différents, les personnages uniques, les intrigues constantes et pleines de suspense ; enveloppent cette modernité d’une touche insaisissable et personnelle. Laurence Peyrin est une écrivaine que je découvre, et je ne risque pas de m’en remettre ; sa plume est pour moi faite de lumière où l’esprit n’est que le cœur et le corps. Un coup de cœur inattendu se mettant, en place lentement, au gré des pages se tournant et des messages.


Note :
10/10.

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